Dakarmidi- Les quotidiens parvenus jeudi à l’APS traitent en priorité de la réaction du gouvernement à la sortie du documentaire de la BBC relayant des accusations de corruption en lien avec l’attribution de contrats pétroliers et gaziers au Sénégal, au lendemain de la célébration de la fin du jeûne musulman, sujet qui n’intéresse que très peu les journaux.
« Le gouvernement contre-attaque », à travers son porte-parole qui a rendu public mercredi « un mémorandum qui démonte les accusations fallacieuses » de la chaîne publique britannique, rapporte le quotidien Le Soleil.
« Les autorités sénégalaises sont surprises du reportage de la BBC en date du 3 juin intitulé : +Sénégal : scandale à 10 milliards de dollars+. Dans une déclaration à la presse, le porte-parole du gouvernement a dénoncé un +parti pris et une intention manifeste de nuire+ », écrit le journal.
Le documentaire affirme démontrer comment la société de Frank Timis s’était vu retirer puis réattribuer son autorisation après l’accession au pouvoir du président actuel Macky Sall.
Ces concessions revendues par Frank Timis à la société britannique BP permettraient à Timis de gagner plus de 10 milliards de dollars par an.
Le film de la BBC cite un paiement d’un montant de 250.000 dollars, soit 146 millions de francs CFA destiné à la société Agritans Sarl qui aurait appartenu à Aliou Sall, présenté comme un facilitateur de Frank Timis de Timis Corporation pour l’attribution de contrats d’exploitation.
Cette somme représenterait selon un courriel des taxes de la société offshore de Timis dues à l’origine à l’Etat sénégalais.
Des paiements sont également cités, qui auraient été accordés à Aliou Sall par Pétrotim pour des services de consultance.
Vox Populi, citant le gouvernement, indique : « C’est un tissu de contrevérités destinées volontairement à manipuler l’opinion ». Le journal ajoute que le président Macky Sall « dénonce une volonté de +soulever la colère des populations (…) + ».
La porte-parole du gouvernement, « accusant BBC d’avoir produit un +reportage, manifestement tendancieux, ponctué de graves et fausses allégations sur la gouvernance des ressources pétrolières du Sénégal+, a indiqué que le contrat signé entre l’Etat du Sénégal et Frank Timis sur les blocs appelés Saint-Louis offshore profond et Cayon offshore profond, a été conduit conformément au Code pétrolier », relève de son côté Sud Quotidien.
« Grosse frayeur à bord », estime plutôt Walfquotidien via sa manchette, le journal ajoutant que le gouvernement « explique sans convaincre », alors qu’il était attendu pour des explications « sur la somme de 25 mille dollars mensuelle durant 5 ans qu’aurait reçu le frère du président dans la transaction entre Timis Corporation et BP ».
« Sans arguments convaincants, Aliou Sall d’abord, Macky Sall ensuite, enfin le gouvernement, le système éprouve un grand mal à éteindre le feu allumé par la BBC », qui accuse « le frère du chef de l’Etat d’avoir nagé dans la marée noire du pétrole sénégalais avec la complicité de Frank Timis », écrit Walfquotidien.
« Ces nombreuses sorties n’ont fait que relancer l’affaire. Et les menaces de plainte feront durer le plaisir », indique le même journal. L’Observateur souligne que le gouvernement « lance l’opération +Sauver le soldat Aliou !+ ».
L’opération déminage est lancée’’, avec notamment le ministre de la Justice Malick Sall et la porte-parole du gouvernement Ndèye Tické Ndiaye Diop, qui « ont ouvert la +voix+ de l’absolution pour le frangin du chef de l’Etat. Tous ont tenté de disculper le directeur de la Caisse des dépôts et consignation (CDC) », ajoute L’Observateur.
« Une levée de boucliers qui semble présager du futur de cette affaire à 6.000 milliards CFA, qui défraie la chronique depuis la publication de l’enquête par la BBC », la chaîne publique anglaise, poursuit le journal.
Ce sujet relègue au second plan la célébration de la Korité, commémorant la fin du jeûne musulman, une fête très peu évoquée dans la livraison du jour de la presse quotidienne.
« Les imams prêchent le retour à Dieu », à l’occasion de la Korité, note toutefois Le Soleil. « La colère des imams et khalifes », dont les sermons ont essentiellement porté sur la récurrence des accidents, les violences et la perte des valeurs, rapporte Sud Quotidien.