Dakarmidi- Une réflexion est souvent au service d’une actualité et la mienne s’inscrit dans cette dynamique. À l’heure de la visite du Premier Ministre Français Edouard Philippe au Sénégal, l’occasion m’est offert pour réflechir sur ce partenariat séculaire teinté parfois de haine et d’amour avec un passé qui donne des sueurs froides.
Il est unanimement reconnu que l’esclavage et la colonisation ont été une vaste entreprise de spoliation, de vol, une tragédie inqualifiable et un mal absolu privant l’Afrique de ses bras valides conduisant par ricochet à un renversement de l’ordre établi, à une destabilisation de la chefferie traditionnelle et une perte à jamais de l’âge d’or. Le Président Français *Emmanuel Macron*, lors de son voyage en Algérie en 2017, avait reconnu publiquement que: « la colonisation et l’esclavage ont été un crime contre l’humanité », une entreprise de nihilisme et de néantisation de l’africain. C’est pourquoi Le Souverain Pontife, lors de son voyage à Dakar, n’avait pas manqué de demander pardon pour « ce génocide contre l’humanité », cette violation des droits de l’homme… La liste est loin d’être d’exhaustive.
Cependant le colon est parti depuis les années 60 pour la plupart des Etats africains. Qu’avons-nous fait de ce lugubre héritage ? À l’heure où La France est jetée en pature, traînée dans la boue, quelle est notre part de responsabilité ?
Quelle est notre part de responsabilité à apporter un démenti formel à Hegel qui pensait à tord que « *L’Afrique est un continent dans l’enfance*»?
Pourquoi sommes-nous malgré le départ de la France le lieu des: « *Trois Parques mortelles » (guerres, épidémies et famines) selon les termes de Malthus*. Pourquoi de 1970 à 2002, l’Afrique a été le théâtre de 35 guerres avec 7 millions de morts, 3 millions de refugiés et 20 millions de déplacés ? Pourquoi existe-t-il seulement en Afrique le *dutch disease*(La malédiction du pétrole) ? Pourquoi entre africains, on instrumentalise le religieux et l’ethnicité ? Pourquoi l’Afrique est le terreau fertile à l’économie criminelle (drogue, trafic d’armes et d’organes humains) ?
Je crois en toute sincérité que la France n’est en rien responsable de l’incurie dans la gestion des deniers publics, de la corruption galopante, de la prévarication des ressouces, du non-respect des droits de l’homme. La France n’a rien avoir de ces présidents à vie qui, pour se maintenir au pouvoir, n’hésitent à tuer, tripatouiller leurs constitutions provoquant ainsi une instabilité permanente. La métropole n’est pas responsable de ces politiques d’improvisation, de tâtonnement et du bricolage à vue teintées d’une vraie culture de la médiocrité et de la dissipation. N’est-ce pas « *La crise de l’intelligence* »pour parler comme *Michel Crozier*?
Je demeure convaincu que nous sommes arrivés à cette zone de non-retour où chacun d’entre nous doit interroger sa conscience pour savoir sa part de responsabilité et mettre fin à cette fuite qui consiste à mettre sur le dos des autres l’origine de nos propres infortunes. En synergie, nous sommes capables de vaincre le signe indien car nous devons être comme *Williame Ernest Henley* dans Invaincu:« *Le maître de notre destin et le capitaine de notre âme*.»
*Mouhamed Diop*