Dakarmidi – Décidément ! Le grand philosophe chinois Confucius en français et ironie du sort “K’ung³-tzu³” en Wade [1], considéré comme le premier « éducateur » de la Chine avait bien raison de dire dans son oeuvre intitulée “Le livre des sentences” – VIe s. av. J.-C, que : “Qu’il ait ou non du talent, chaque père reconnaît toujours son fils pour son fils” !
Que dire de cette réflexion empreinte de sagesse de la romancière britannique George Eliot considérée comme un des plus grands écrivains victoriens[2], tous sexes confondus indiquant que : « les ressemblances de famille contiennent souvent une profonde tristesse, la nature cette immense dramaturge tragique nous lie ensemble par nos os et nos muscles mais nous divise par le tissu subtile de nos cerveaux. »
Analyse faite, nous pouvons dire que la première citation reflète l’attitude protectrice saupoudrée d’une bonne dose d’imagination toujours positive qu’un père, dans certaine situation, est appelé indépendamment de sa volonté voire en toute inconscience à avoir envers sa progéniture notamment son fils, alors que la seconde nous renvoie à la différence, si minime soit-elle qui pourrait néanmoins exister entre des membres d’une même famille ; fussent – ils des siamois. À cela s’ajoute le fait qu’il est, par ailleurs, psychologiquement démontré qu’à tout moment de survie donné, un parent est instinctivement toujours prêt à tout pour sauver son enfant, quitte à se sacrifier à la place. Ce que demande de faire avec plus de modération le grand psychologue français Moussa Nabati, spécialiste de la famille et auteur de “Le père, à quoi ça sert ?” [3], en ces mots : « Malheureusement, ils oublient que, pour grandir de manière équilibrée, les petits ont besoin de sentir qu’ils ne représentent pas l’unique centre de préoccupations de leur géniteur. »
Remarque, bien qu’elles soient toutes prononcées dans des périodes démunies de moyens de vérification scientifique, l’histoire avait fini par leur donner raison. Comme quoi, l’histoire ne ment jamais, même si elle peut, pour une raison ou une autre être amenée, de temps à autre à balbutier.
Et très honnêtement, nous pensons en toute empathie que le clan Wade est en train de subir les affres du temps et de la démesure.
L’affaire qui défraye actuellement la chronique sénégalaise et que nous nous permettrons d’appeler “le K des Wade”, qui, à y voir de près avait timidement démarré en 2002 lorsqu’il s’agissait de mettre enfin “le fils biologique” sur orbite afin de mieux assurer sa réussite, en gardant la certitude que son arrière serait plus sécurisée, est là pour en témoigner. Pourvu que la vitesse requise dans son orbite elliptique ne dépasse pas la moyenne au risque de se griller comme l’a été Icare avec le soleil. Icare, pour certains, était dans la mythologie grecque le fils adoré Dédale, un architecte, sculpteur, inventeur athénien légendaire et réalisateur, à la demande du roi Minos de Crète du fameux labyrinthe qui devait servir de cachot où personne ne pouvait en principe s’en échapper ou échapper au monstre mangeur d’hommes, moitié homme, moitié taureau, Minotaure. Par imprudence, Dédale révéla le secret du labyrinthe qu’à Ariane, fille de Minos, qui voulant aider coûte que coûte son amant prisonnier, le héros athénien Thésée, à tuer le monstre et à s’échapper. Mis en rage par cette fuite, Minos tient Dédale pour responsable et comme connaissait l’amour immodéré qu’il portait à son fils Icare, l’enferma avec lui dans le labyrinthe. Les deux prisonniers ne trouvèrent pas la sortie, mais Dédale, en bon génie de toute circonstance fabriqua des ailes de plumes et de cire pour qu’ils quittent le labyrinthe en s’envolant. Dédaignant les conseils de son spécialiste de père en s’approchant trop du soleil, les ailes d’Icare fondirent et il se noya dans la mer. Dédale, le père, plus meurtri que jamais vola jusqu’en Sicile, où il fut accueilli par le roi Cocalos. Minos, en roi orgueilleux poursuivit malheureusement Dédale mais fut tué, à son tour par les filles de Cocalos.
En corollaire aux deux citations martelées plus haut, tout porte navrement à croire que la famille Wade nagent péniblement dans l’erreur pour ne serait que ces deux raisons référentes : D’une part, nonobstant le fait qu’ils aient le même sang qui coule dans leurs veines, ils (Wade père et fils) ne se sont jamais rendu compte qu’ils n’ont point ni les mêmes aptitudes l’un et l’autre encore moins le même niveau d’appréhension. Comme ce fut le cas avec (Icare et Dédale) au moment de prendre l’envol. En revanche, tout en faisant mine de ne pas avoir d’ambition successorale pour son fils, Wade père ne s’est néanmoins jamais fixé de limite pour le choyer, si dans une moindre mesure, il ne le placerait pas indécemment par-dessus tout à chaque fois qu’une occasion lui est profitable, d’autre part. Et cela, malgré ses nombreuses carences notées durant son ”parcours d’ascenseur” à la tête de l’État – pardon – des différentes structures qui lui ont été confiées, en bon père, Wade n’a jamais voulu douter des imaginaires capacités de son fils ni hésiter à l’adouber à la face du monde. Qui n’a pas souvenance de sa phrase entrecoupée volontairement que d’aucuns qualifièrent par fanatisme de fibrique lâchée lors de la cérémonie d’inauguration des travaux de la Corniche : “ je dirai à ta mère que tu as bien travaillé”, mais qui, en réalité cachait une fin plus flatteuse que le début. En fait, celle-ci est une réplique sincère d’un chausseur à son apprenti qui s’appelait Karim dans le livre fiction publié en 1995 – Éditions Plon, intitulé “La Loi des incroyants” [4] de l’Algérien Saïd Amadis et dont la narration intégrale est relatée comme suit : “Tu sais Karim, je dirai à ton père que tu as bien travaillé, que je suis content de toi. Pour te remercier, je vais t’offrir une paire de chaussures robustes et solides qui te feront toute l’année, car ta mère m’a dit que tu étais un brise-fer ? Nous connaissons la suite car le fer était au contact plus dure que ça en avait l’air !
Bien avant cela, sa conférence de presse d’après élection présidentielle de 2007 au cours de laquelle, il n’avait pas tari d’éloges envers son fils sans manquer de brocarder ses vaincus de l’époque est également un autre élément à charge pour le peuple.
Preuve supplémentaire qu’il n’a jamais eu d’autres yeux et d’oreilles que pour son fils, après cet épisode cauchemardesque à l”ANOCI, celui que son père de Président décrivait comme le plus intelligent et le meilleur de tous, n’a étatiquement depuis lors ni chômé ni connu de sanctions à part celle infligée par le peuple. De plus, depuis 2009, il ne ratait aucunement l’occasion de procéder lentement mais sûrement à travers sa “Génération du Concret” à la “desabdoulayisation pour la Karimisation” de la formation politique de son bien aimé père. Buur Buur la, Dommi Buur Buur la !
Par la seule volonté de son père président, il est bombardé en mai 2009 Ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures “manam ci gataal” “Ministre du Ciel et de la Terre” alors que moins d’un mois auparavant en mars de la même année, il venait d’être laminé dans son propre bureau électoral avant d’être réduit en simple conseiller municipal d’opposition. Poste qu’il n’a jamais occupé d’ailleurs car “le prince héritier autoproclamé” avait déjà jeté son dévolu sur plus côté que ça à savoir le poste de vice-président qui devait lui faire un bon tremplin pour occuper le moelleux fauteuil du roi sans effort apparent par le biais du fameux projet de réforme constitutionnelle taillé sur mesure prévoyant qu’un tandem président/vice-président pourrait être élu au premier tour de la présidentielle avec seulement 25 % des suffrages exprimés. La goutte d’eau de trop qui a fait déborder rapidement le vase. Le 23 juin 2011 est par la suite passé par là !
Rappelez-vous que depuis l’immixtion de wade fils dans les affaires de l’État, politique et famille s’imbriquent et s’entrecroisent au point de ne faire qu’une. Car là où une organisation politique normale essaye, tant bien que mal de faire respecter les droits et devoirs de ses membres que leur confère leurs statuts et règlement intérieur, au Parti Démocratique Sénégalais, nous avons comme l’impression que les droits comme les devoirs se résument au bon vouloir de son chef, Me Abdoulaye Wade ou pire encore à la gestion des “caprices” du fils prodige. Kou ñep tufli nga toy naak – Wayé taam beut loukoy faat douko guiss !
Sinon comment comprendre le fait que depuis sa création en 1974 jusqu’à nos jours, tous les problèmes structurels voire managériaux auxquels le Parti Démocratique Sénégalais est souvent confronté en son sein tournent autour soit d’un différend entre sa “constante” de secrétaire général et l’un de ses véritables adjoints ou prétendus, soit d’une expression libre d’un membre ou d’un groupe de membres contraire à celle de son chef ou de son hyper protégé de fils. Ce ne seront pas Fara Ndiaye, Serigne Diop, Me Ousmane Ngom, Jean Paul Dias, Idrissa Seck, l’actuel Président M. Macky Sall, Modou Diagne Fada, Pape Samba Mboup, Aida Mbodji, Habib Sy, Farba Senghor ou très récemment notre ami Thierno Birahim Thiobane et son fidèle ami et confident d’hier devenu supposé pourfendeur d’aujourd’hui Me Madicke Niang qui nous dementiront.
Au regard de tout ce qui précède, nous pouvons dire haut et fort sans risque d’être contredit que l’ancien président Abdoulaye Wade est victime à la fois de sa propre intelligence et de la fameuse légende de la mythologie grecque à savoir du dieu Cronos (roi des Titans) qui, averti par une prophétie qu’un jour l’un de ses enfants le détrônerait, engloutissait systématiquement toute sa progéniture naissante sauf une dénommée Zeus, le dieu des dieux. Ironie du sort, ce dernier dissimulé à son père pour lui éviter ce sort tragique avait fini par l’éliminer. Suivez notre regard ! Cet adage pathétique qu’il aurait lâché en confidence “Le destin d’un dauphin, c’est de s’échouer sur le rivage » appuyé par cette prière “Je n’ai pas de dauphin et je prie pour ne jamais en avoir », veut tout dire ! Son entêtement de voir la réalité en face sur la candidature déjà entachée de son fils Karim Wade à la prochaine élection présidentielle de février 2019, itou.
À force d’être résolument tourné vers la démesure, Abdoulaye Wade risque non seulement de perdre le PDS, mais aussi de commettre le crime d’orgueil communément appelé l’hubris dans l’Antiquité. Et, « Le ciel rabaisse toujours ce qui dépasse la mesure », écrit Hérodote.
Qu’Allah SWT accorde, malgré tout le Maître longue vie et veille sur NOTRE CHER Sénégal … Amen
Par Elhadji Daniel SO: Président d’En Mouvement ! Défar Sénégal
Avec Yerimpost
NOTES :
Le Wade-Giles, parfois abrégé en Wade, est une romanisation du chinois mandarin. Il a été développé d’après un système créé par Thomas Wade au milieu du xixe siècle et modifié par Herbert Giles dans son dictionnaire chinois-anglais de 1912. Il a été le principal système de transcription dans le monde anglophone pendant la majeure partie du xxe siècle ;
- L’époque victorienne au Royaume-Uni marque l’apogée de la révolution industrielle britannique ainsi que celle de l’Empire britannique. Bien que l’époque victorienne désigne les années de règne de Victoria Ire du Royaume-Uni, de 1837 à 1901, les historiens fixent généralement son début au Reform Act 1832. L’époque victorienne est précédée de l’époque georgienne et suivie de l’époque édouardienne ;
- Le père, à quoi ça sert ?, de Moussa Nabati, Éditions Dervy (réédition le 19 janvier 2015) ;
- “La Loi des incroyants” [4] de l’Algérien Saïd Amadis, 1995 – Éditions Plon ;
La rédaction