En 1887, le député Clémenceau lâche cette phrase célèbre » La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires ». Les exemples de Kolda et de Saint-Louis montrent également que la santé est une chose trop sérieuse pour la confier au Président de la République, aux agents de santé, aux comités de santé et conseils d’administration…
Le 9 mars 2018, l’intersyndicale des travailleurs du centre hospitalier régional de Kolda a organisé un sit-in pour dénoncer le directeur de manque de transparence dans la gestion de l’hôpital.
Le directeur dont-il s’agit s’appelle Cheikh Mbaye Seck. Avant d’être à Kolda, il a été directeur du centre hospitalier régional de Sédhiou où il a été dénoncé pour les mêmes faits.
Durant le premier trimestre de l’an 2014, Cheikh Mbaye Seck restera pendant plus de 10 jours sans verser les recettes de l’hôpital de Sédhiou au compte de la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCAS). Soit un montant compris entre 2 et 4 millions de francs CFA. Cheikh baye Seck, pendant 16 mois ne présentera aucun rapport financier trimestriel (art 23 décret n° 98-702 du 26 août 1998 portant organisation administrative et financière des établissements publics de santé) aux travailleurs dans un contexte de polémique sur l’utilisation du carburant de l’hôpital de Sédhiou. Pour la réhabilitation de l’hôpital de Sédhiou il piétinera le code des marchés publics.
C’est cet homme avec ce CV qui a été affecté par le Président de la République à l’hôpital de Kolda en connaissance de cause.
Quand cheikh Mbaye Seck commettait ces forfaits sous les yeux des membres du Sames, du Sutsas, du Syntras (les seuls syndicats représentés à l’époque à l’hôpital de Sédhiou). Pourquoi ces syndicats au niveau national ont-ils accepté sa nomination ?
Le 15 février 2018, les travailleurs du CHU de Saint-Louis étaient en sit-in pour dénoncer la gestion du directeur et la situation de la structure.
Le directeur dont-il s’agit avait été directeur à l’hôpital régional de Sédhiou. Ecoutez-bien ce que son successeur à la tête de l’hôpital de Sédhiou dira de lui :
Aucune comptabilité matière pour la gestion du carburant trouvée sur place. Une dette de carburant de 999.506F CFA (le prix de 20 kits de césarienne qui à l’époque coûtaient 45.000F CFA l’unité ; c’est l’équivalent de 666 consultations en médecine 😉 découverte et contractée de manière nébuleuse alors que l’ancien directeur disait n’avoir laissé aucune dette en partant. L’ancien et premier directeur et le Chef de Service Administratif et Financier (CSAF) auraient eu chacun un carnet qui leur permettait de prendre du carburant comme bon leur semblait. Du matériel de l’hôpital n’a pas été trouvé sur place. Par exemple, du matériel médical de l’EPS1 de Sédhiou a été trouvé à Dakar dans une entreprise dénommée DRP. Patrimonialisation par l’ancien directeur de l’ordinateur portable de la direction. Il a même fallu que le nouveau directeur aille le reprendre chez l’ancien directeur à Dakar. Deux rapports des ventes de la pharmacie sont produits pour une même situation. Un premier rapport faisant état de 18 millions de francs CFA de chiffres d’affaires avec des prix de l’ancien directeur. Un second rapport, remettant en cause le premier, de 8 millions de francs CFA de chiffres d’affaires. Entre les deux, un fossé de 125% ! Existence d’une dette sociale (IPRES et CSS) d’un montant de 2.700.000F CFA. « Même le discours dur de l’ordinateur avait été vidé ! ». Rien n’avait été budgétisé !
Comment peut-on savoir cela en tant que Président de la République et nommer cette personne détentrice d’un CV pareil à la tête d’un autre hôpital à Saint-Louis ? Comment les syndicats que sont le Sutsas, le Syntras, le Sames peuvent-ils savoir cela et accepter qu’il soit affecté à Saint-Louis ?
Question : Peut-on continuer d’accepter que des gens avec de pareils CV soient nommés à la tête de là où accouchent nos sœurs, nos femmes, naissent nos enfants ? Peut-on continuer à laisser à la seule discrétion du Président de la République le choix des directeurs d’hôpitaux ? Qu’en pensent les candidats déclarés à la prochaine élection présidentielle de 2019 ?
Il en est de nos hôpitaux comme de notre pays : une succession d’alternances sans alternative. Mais de la même manière qu’un autre Sénégal est nécessaire, un autre hôpital est nécessaire et il passe par la sortie de la réforme hospitalière de 1998.
En attendant, les sénégalaises et les sénégalais doivent s’approprier leurs structures de santé en refusant ce genre de nomination, en exerçant le contrôle populaire. Ils ne doivent plus laisser ce secteur vital aux seuls Président de la République, syndicats, comités de santé, conseils d’administration…