Dakarmidi- Inna lillah wa inna ilayhi raaji’uun (une transcription de l’arabe إنّا لله و إنّا إليه راجعون) C’est à Dieu que nous sommes et c’est à Lui que nous retournons, le président Directeur Général du groupe Walfadjri, Sidy Lamine Niass n’est plus, l’étranger parmi les siens s’en va laissant à la postérité une impression durable de par sa contribution dans le paysage médiatique dans lequel il évoluait et à l’instauration d’un dialogue national.
Vivre, c’est parcourir la vie; c’est comme marcher sur du sable. On y laisse forcément des traces. Certaines s’effacent, dès le premier souffle du vent. D’autres, plus profondes, s’incrustent et demeurent dans la mémoire de ceux qui restent. Nous pensons que celles laissées par Sidy Lamine Niasse resteront longtemps gravées dans nos souvenirs, mieux, dans notre quotidien. Certes, l’homme est parti. Définitivement. Mais il restera présent, parce qu’il a su marquer son passage ici-bas.
Sidy Lamine Niass est né le 15 août 1950 à Kaolack. Fils du grand savant, écrivain et homme de Dieu, Khalifa El Hadj Mohamad Niass (1881-1959), il est issu d’une des familles maraboutiques les plus connues du Sénégal et de l’Afrique. Sa mère, la chérif Amina Bint Barham, est de la grande tribu des Idaw Ali de Mauritanie, descendants du prophète Mahomet (PSL).
Petit-fils d’El Hadj Abdoulaye Niass, fondateur de la branche niassène de la Tarîqa Tidiane, Sidi Lamine Niass s’est beaucoup investi pour l’unification de la grande famille niassène. Entretenant les meilleures relations avec l’ensemble des guides religieux du Sénégal et n’accordant pas une grande différence entre sunnites, chiites et soufis, Sidy Lamine Niass a également beaucoup œuvré pour l’entente entre les confréries à travers des actes concrets et remarquables. Au lendemain de la cérémonie de dédicace des œuvres de Khalifa El Hadj Mohamad Niass, organisée par Sidy Lamine, le quotidien sénégalais Rewmi notait : «Le patriotisme de Sidy Lamine est son impressionnant esprit d’ouverture dont la seule explication est sa connaissance atavique et capillaire de l’Être humain. Les personnalités religieuses choisies pour être les Parrains relèvent d’obédience confrérique différente, mais ne croient qu’à un seul Allah, appartiennent à une seule religion, ne suivent que la tradition du Prophète (PSL) et n’appartiennent qu’à une seule religion, l’Islam. Sidy Lamine a réussi à illustrer l’unité nationale en la consolidant par une mobilisation autour de la Sagesse, seul acquis humain qui fait l’Homme »
Le digne fils du vénéré Mame Khalifa Niasse, réputé pour ses positions atypiques dans le pays ne manquait pas en aucune occasion dans ses discours télévisés ou publiques de rappeler l’urgence d’oeuvrer pour la paix et la stabilité du pays.
Homme multidimensionnel, la presse pleurera toujours son combat pour la liberté d’expression et pour paraphraser une consoeur que sa vie, il l’a tracée dans le sillage du travail. Sans jamais rechigner à la tâche, il a clairement dessiné les contours de son existence; et est resté actif jusqu’à ses derniers jours sur la terre. Notre vie n’a de sens que si nous lui donnons le sens de la vie, si nous nous engageons, résolument, dans les sillons du futur. Tout en vivant comme si demain, c’est aujourd’hui. Vivre au présent. Tout en nous projetant dans un… demain toujours… présent. Cette quête d’éternité permet à ceux qui s’y consacrent de s’inscrire dans le grand, dans l’inoubliable. Cette exigence de pérennité des grands hommes n’est que l’expression de leur rapport à l’Histoire. Et au temps qui s’écoule.
Pas après pas, marche après marche, palier après palier, il a gravi l’échelle de la vie par un engagement qui devrait nous inspirer.Le Grand Sidy Lamine nous a légué un héritage hautement plus enrichissant que la fortune qu’il a laissée à ses ayants-droit : la passion du travail, le rêve de grandeur et aussi la réhabilitation de la tradition prophétique.
En lui, nombreux sont ceux qui ne voyaient que le symbole d’un Self Made Man.
En méditant ensemble sur la postface écrit par le philosophe Souleymane Bachir Diagne dans son ouvrage « L’étranger parmi les siens » :
« Un intellectuel africain se retrouve étranger parmi les siens. Il erre, perplexe, restant balloté entre son égo et ses multiples dimensions, entre le sujet et l’objet, mais aussi entre le conscient et l’inconscient. Il navigue entre deux types de sociétés. L’une orientale, l’autre arabo-islamique qui reste, pour lui, la terre promise, le rêve de son cœur. Il imagine, de loin tel un eldorado. Mais il s’était perdu entre la réalité et le rêve. L’autre société est sa terre natale, où il retrouve cette même solitude auprès des siens. Ce fut chez lui le début de la révolte contre le régime politique en place. Il rejette, du coup, toutes les options socio-culturelles qu’il considère comme l’émanation d’un mimétisme de l’occident, et qui se traduiraient, en fin de compte, par une perte d’identité en faveur d’une autre culture et d’une autre conception du monde. Il constate que la société n’est plus qu’une pâle copie du modèle de société occidental qui inspire sa façon de penser, d’être et d’agir.
Il récuse le système économique, jugé inégalitaire où le plus faible subit, sans coup férir, la loi du plus fort. Il développe ainsi un discours un discours multiple, en usant tantôt de la langue d’emprunt pour s’adresser à l’occident, du Coran et de la Sounna pour parler aux « arabisants » et, d’autres fois, il manie les langues locales, bourrées d’anecdotes et d’adages.
Pendant plus d’une trentaine d’années, il polarise tous les regards et devient un acteur incontournable dans les actes majeurs qui ont rythmé la vie socio-politique de son pays. Il s’agit d’un clin d’œil à toute la Umma pour des retrouvailles, un début de dialogue entre les membres de cette communauté unie par la culture et la civilisation. »
Imo pectore, nous disons par la grâce divine paix à son âme et qu’il séjourne agréablement au paradis des pieux et regrette son séjour terrestre, imo pectore, imo pectore.
La rédaction