La crise qui secoue le Mali depuis plusieurs années ne cesse de s’aggraver, provoquant une instabilité profonde au cœur de l’Afrique de l’Ouest. La situation est complexe, marquée par des conflits armés entre l’armée malienne, des groupes séparatistes, des milices islamistes et d’autres forces extérieures. Face à cette situation, le gouvernement sénégalais se retrouve dans une position où le soutien au peuple malien devient plus qu’une nécessité. Ce devoir d’assistance repose non seulement sur des valeurs de solidarité et de fraternité, mais aussi sur des enjeux stratégiques liés à la sécurité régionale.
Le Sénégal et le Mali sont liés par une histoire commune, remontant à l’époque précoloniale, lorsque leurs peuples vivaient sous de grands empires ouest-africains. Depuis lors, les liens humains, culturels et économiques entre les deux nations se sont perpétués, faisant du Sénégal un voisin naturel du Mali dans les moments de crise. Ces relations fraternelles imposent au Sénégal une responsabilité morale d’aider son voisin dans les épreuves actuelles. Une assistance primordiale pour atténuer les souffrances en soutenant un pays frère dont la population fait face à une énorme détresse morale, physique et psychologique.
Le peuple malien est au cœur d’une crise humanitaire sans précédent. Les conflits armés ont déplacé des centaines de milliers de personnes à l’intérieur du pays, tandis que d’autres fuient vers les nations voisines, dont le Sénégal. Ces réfugiés, qui ont tout perdu, nécessitent un accueil digne et une aide humanitaire adéquate. Le Sénégal, en tant que pays limitrophe et acteur régional de premier plan, a la capacité de fournir cette aide tout en collaborant avec les agences internationales. Ce rôle humanitaire, bien que coûteux, est une obligation envers des hommes, des femmes et des enfants qui ont vu leurs vies bouleversées par la guerre.
Au-delà de l’aspect humanitaire, la crise malienne a des répercussions directes sur la stabilité régionale. Le Mali est devenu un épicentre d’insécurité, où des groupes terroristes trouvent un terrain propice à leurs activités. Ces organisations ne se limitent pas aux frontières maliennes. Les attaques terroristes ont déjà touché d’autres pays de la région comme le Burkina Faso et le Niger, et il est évident que le Sénégal, bien que relativement épargné jusqu’à présent, pourrait être menacé si cette instabilité continue de s’étendre. Il est donc dans l’intérêt du Sénégal de s’impliquer activement dans les efforts de stabilisation du Mali. Un Mali instable représente une menace directe pour la sécurité du Sénégal, non seulement en raison du terrorisme, mais aussi des flux de réfugiés, des trafics illicites et des conflits armés qui pourraient facilement franchir les frontières.
En tant que membre clé de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Sénégal joue déjà un rôle dans les efforts de médiation et de pacification au Mali. Toutefois, la nature prolongée et complexe de la crise exige une intensification de ces efforts. Le gouvernement sénégalais doit s’engager davantage aux côtés de ses partenaires régionaux pour promouvoir une solution durable à cette crise. Cela pourrait passer par des négociations diplomatiques plus poussées, ainsi que par un soutien accru aux initiatives de maintien de la paix, telles que celles entreprises par la Force conjointe de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Le Sénégal doit également renforcer sa coopération avec le Mali sur le plan militaire. La lutte contre le terrorisme nécessite une réponse collective et coordonnée à l’échelle régionale. Une implication plus soutenue des forces armées sénégalaises, que ce soit dans le cadre de la CEDEAO ou de l’ONU, serait un signal fort de l’engagement du Sénégal à garantir la sécurité de la région. Le nouveau président Diomaye Faye, qui a su jusqu’ici jouer un rôle crucial dans la diplomatie régionale, pourrait être un acteur central dans la recherche de solutions politiques à la crise malienne. Sa capacité à servir de médiateur entre les différentes parties prenantes serait un atout majeur dans la quête d’une paix durable au Mali.
Enfin, le soutien du Sénégal au Mali doit aussi être économique. La guerre a ravagé l’économie malienne, et le pays a besoin d’investissements pour se reconstruire. Le gouvernement sénégalais, en collaboration avec les entreprises privées sénégalaises, pourrait jouer un rôle de premier plan dans la relance des secteurs clés de l’économie malienne, tels que l’agriculture, les infrastructures et l’énergie. Une telle coopération économique bénéficierait non seulement au Mali, mais aussi au Sénégal, car une économie malienne stable serait un atout pour le commerce transfrontalier et la croissance économique régionale.
En somme, le Sénégal a des raisons multiples et légitimes de venir en aide au peuple malien en guerre. La proximité géographique et historique, l’urgence humanitaire, la sécurité régionale et les intérêts économiques partagés sont autant de motifs pour justifier une implication plus active du Sénégal. Face à une crise qui semble sans fin, le gouvernement sénégalais doit démontrer que la solidarité africaine ne se limite pas aux discours, mais se traduit par des actions concrètes pour soutenir ses voisins dans les moments les plus difficiles. C’est en agissant ensemble, avec courage et détermination, que les pays de la région pourront surmonter les défis imposés par cette guerre qui menace de les déstabiliser tous.
Abdoulaye DIENG
Entrepreneur