Alioune Badara Diagne dit Golbert est parti sur la pointe des pieds. L’homme était affable. Il nous accordait souvent des entretiens pleins d’enseignement. On retient surtout de lui, un communicateur doublé d’un artiste-comédien qui aimait beaucoup sa ville natale de Saint-Louis du Sénégal. Ces dernières années, ces interview étaient prémonitoires, comme s’il savait que la mort était proche. Il n’avait pas peur, en bon croyant, de la grande faucheuse. C’est la raison pour laquelle, il avait construit de son vivant dans un cimetière de la ville tricentenaire, sa propre tombe. Pour Golbert, le seul titre foncier valable sur terre, est la tombe.
Le grand souhait de Golbert était de mettre en place une grande télé régionale pas comme les autres. Il rêvait tout simplement de la création d’une Télévision de développement et de culture. Une Tdc, comme il l’avait baptisé. Il espérait concrétiser ce rêve avant sa mort. Mais le destin cruel, en a décidé autrement. On part toujours dans la tombe avec un projet, dit l’adage.
Heureusement, avant de quitter ce bas monde, après une vie bien remplie, il a légué à la postérité, la radio Fréquence Téranga. Au fur des ans, Golbert avait réussi à faire de sa radio, un véritable laboratoire de fabrique de journalistes talentueux. La deuxième radio privée de Saint-Louis sa ville natale, a ainsi formé, comme il aimait souvent à le rappeler, plus de 95 journalistes, parmi lesquels on peut citer entre autres Bougane Gueye Dany, Ben Moctar Diop, Alioune Badara Fall, Boubacar Kambel Dieng, Naby Sylla, Ousmane Diagne Colombo, et un certain Malal Junior Diagne, le fils du père, plutôt de ses pères (Abdoulaye Diaw, Magic Sène, Doudou Dienne…), pour respecter la mémoire de l’illustre disparu.
Parlant de son fils Malal, Golbert disait qu’il n’a pas le temps de l’écouter. ” Les échos que je reçois sur lui me rassurent d’autant plus qu’il est sous l’ombre tutélaire d’Abdoulaye Diaw. Et pour le reste, je lui demande de toujours cultiver l’humilité, d’être franc, discipliné, travailleur et respectueux”. Que représentait Saint-Louis pour Golbert? La réponse coulait de source. “Saint-Louis, c’est ma vie. Cette ville m’a tout donné. Chaque jour que Dieu fait, je m’investis pour son développement et son rayonnement dans tous les domaines”.
Malgré sa popularité légendaire, il n’est jamais venu à l’esprit pour Golbert de lorgner le fauteuil du Maire de Saint-Louis. Pour la simple et bonne raison qu’il ne voulait frustrer personne. ” Chaque jour, je demande à Dieu de m’aider à ne pas être dans l’arène politique”.
Malgré le poids de l’age, Golbert faisait chaque jour du sport. Comme s’il avait senti la mort proche, il avait construit sa propre tombe au cimetière Marmyal de Saint-Louis. ” Le seul titre foncier valable, c’est la tombe. Et Dieu l’a dit dans le Saint Coran: “toute vie aura une fin”. Je sais que je m’en irai un jour. C’est pourquoi, j’ai préféré faire ma tombe et bien la faire pendant que je suis encore en vie. Parce que rien ne me fait dire, quand j’aurais tirer ma révérence, les gens viendront construire ma tombe”.
Profondément croyant, chaque année durant le mois de Ramadan, il organisait des prières pour les morts aussi bien au cimetière Marmyal où il avait déjà réservé sa tombe, qu’à Thiem Thiaka Ndiaye de Guet-Ndat et au cimetière de Pikine Saint-Louis.
Golbert était aussi un artiste-comédien. L’homme a fait les beaux jours de la troupe théâtrale Barayego de Saint-Louis, dans les années 1990, avec certains aujourd’hui disparus : Mame Seye Diop, Thiam Dollar, El Hadji Mansour Seck…Malgré ces aléas de la vie, il tenait encore au groupe qui s’était mème enrichie de nouveaux comédiens. La nouvelle génération de comédiens, le rassurait. ” Elle est en train d’assurer avec la manière la relève. Nous avons pris de l’âge. Il faut que les jeunes s’investissent comme il le font actuellement pour que vive le théâtre sénégalais. On ne peut pas avoir été et vouloir demeurer”.