Au surlendemain d’une nouvelle journée de mobilisation des « gilets jaunes », le président français Emmanuel Macron va s’adresser à la Nation ce lundi 10 décembre. Avant cela, il recevra élus et partenaires sociaux à l’Elysée.
Après avoir laissé le Premier ministre Edouard Philippe en première ligne face à la colère des « gilets jaunes », Emmanuel Macron s’apprête à reprendre les choses en main. Le président « s’adressera à la Nation » ce lundi à 20h, a indiqué l’Elysée, sans plus de précisions. Il ne s’était pas exprimé depuis le 1er décembre, à l’issue du sommet du G20 à Buenos Aires.
Au lendemain d’une nouvelle journée de mobilisation des « gilets jaunes » qui a réuni 136 000 manifestants à travers la France, la classe politique dans son ensemble demande au chef de l’Etat un discours capable de répondre aux attentes exprimées et de mettre fin aux manifestations. « Il faut que le président parle, parle vite, qu’il tienne un discours fort », recommande ainsi Alain Juppé. Le maire de Bordeaux conseille à Emmanuel Macron de faire preuve de compréhension, d’empathie et parler dans « un langage compréhensible de tous les Français ».
« Trouver les mots justes »
Jordan Bardella, le porte-parole du Rassemblement national, estime lui que les Français attendent « un mot de compassion » de la part du président. Le centriste Jean-Christophe Lagarde juge même qu’Emmanuel Macron doit être capable de « s’excuser » d’avoir « blessé », « humilié », les Français.
Au plus bas dans les sondages et alors que les appels à sa démission se multiplient, le président de la République va donc devoir trouver le bon ton et les mots justes. Mais pour calmer la colère, il va lui falloir aller plus loin. Le socialiste Olivier Faure réclame un « changement de cap, quelque chose de palpable », pas du « blabla ». Ségolène Royal se dit favorable à une revalorisation du SMIC.
Karl Olive, le maire Les Républicains de Poissy, reçu par Emmanuel Macron avec une douzaine de maires de Yvelines vendredi soir, confirme lui avoir fait remonter lors d’une discussion sans concession les critiques concernant notamment le matraquage fiscal de ceux qui travaillent et dit attendre maintenant des « actes en face des mots ».
Pas de hausse du SMIC
Selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud, il s’agira de « mesures concrètes » et « immédiates » pour répondre à la crise. Aucun détail de ces mesures n’a encore filtré. On sait seulement qu’il ne devrait pas s’agir d’une augmentation au Smic, au-delà de la hausse de 1,8 % attendue en janvier. « Le coup de pouce au Smic on sait que ça détruit des emplois, donc ça n’est pas la bonne méthode », a déclaré Muriel Pénicaud sur le plateau de LCI.
Afin de calmer la colère des « gilets jaunes », le gouvernement a annoncé cette semaine le maintien des tarifs du gaz et de l’électricité pendant l’hiver et l’annulation de la hausse des prix du carburant pour l’année 2019. Mais ces annonces n’ont pas empêché une nouvelle journée de mobilisation de nouveau été émaillée de violences. Car les revendications des protestataires vont désormais bien au-delà des prix du carburants ; c’est toute la politique sociale et fiscale du gouvernement qu’ils contestent.
Elus et partenaires sociaux à l’Elysée
Avant ce discours tant attendu, Emmanuel Macron recevra à 10h à l’Elysée les cinq syndicats représentatifs (CGT, CFDT, FO, CFE-CGE et CFTC), trois organisations patronales (Medef, CPME et U2P), ainsi que les présidents des associations d’élus, du Sénat, de l’Assemblée nationale et du Conseil économique, social et environnemental.
« Le président de la République a souhaité réunir l’ensemble des forces politiques, territoriales, économiques et sociales dans ce moment grave que traverse la Nation, afin d’entendre leurs voix, leurs propositions et avec pour objectif de les mobiliser pour agir », a expliqué l’Elysée. Accusé d’être isolé dans la tour d’ivoire du palais présidentiel, d’être déconnecté des réalités de terrain, Emmanuel Macron change de méthode et associe à sa réflexion ces fameux corps intermédiaires qu’on l’a accusé d’avoir négligés, voire écartés, depuis son accession à la tête de l’Etat.
Dans l’entourage du président, on explique que cette réunion a été décidée avant les manifestations de samedi. Et qu’elle fait suite à de nombreuses consultations de responsables politiques, d’associations, d’intellectuels. Aucune communication n’a été réalisée autour de ces rencontres. Seule celle avec une douzaine d’élus des Yvelines a fuité. L’un des participants en ayant fait état a évoqué une « boîte à baffes » pour le chef de l’Etat.
Rfi
La rédaction