Dakarmidi – Ce dimanche 28, Adama Barrow atteint les symboliques 100 jours de pouvoir à la tête de la Gambie. Il avait officiellement prêté serment le 18 février 2017 après un premier serment à titre symbolique donné à Dakar où il avait été exilé.
Barrow n’avait pas pris de transition et s’était tout de suite mis au boulot. Car, grand était l’espoir porté sur lui par des gambiens meurtris pendant 22 ans sous le diktat de Yaya Jammeh qu’ils avaient réussi à démettre du pouvoir et du pays.
Les forces
Les défis étaient alors nombreux et aussi pressants les uns que les autres et Adama Barrow en était tellement conscient qu’il lance une grande offensive diplomatique pour réconcilier la Gambie au reste du monde.
Par cette mesure, le nouveau président veut rattraper le retard de son pays sur le plan diplomatique et ainsi relancer l‘économie. Dans chaque pays où il a été, Adama Barrow prône une unité retrouvée en Gambie et le début d’une ère nouvelle dans cet État ouest-africain.
Il faut dire que les dernières années en Gambie n’ont pas été qu’un long fleuve tranquille. Les organisations de défense des droits de l’homme appuyées par les pays occidentaux, y ont dénoncé de graves atteintes aux droits humains durant les années Jammeh.
Aux manettes du pouvoir Adama Barrow veut changer cette image de pays fermé et renouer avec les partenaires internationaux. Ce n’est donc pas un hasard si le président gambien a décidé, dès les premiers jours de son mandat de retourner au sein de la Cour pénale internationale (CPI) et dans la communauté du Commonwealth. Institutions que Jammeh avait décidé de quitter respectivement en novembre 2016 et en 2013.
Une avancée est aussi notée sur le plan judiciaire : Le président a par ailleurs obtenu la libération d’opposants politiques et le gel des biens de Yahya Jammeh dans le pays. Reste à savoir si le système judiciaire sera capable de juger les proches du dictateur, alors que le procès d’anciens agents des services secrets traîne en longueur depuis des mois. Barrow déclarait dans une de ses sorties : «La Gambie a aujourd’hui changé pour toujours»,
Les Faiblesses
Des faiblesses, il n’en manque pas, Rfi rappelle que le premier faux pas du nouveau président est noté au poste de vice président. Adama Barrow avait nommé Fatoumata Tambajang, mais elle dépasse la limite d’âge de 65 ans. Donc, sauf révision de la Constitution, elle exercera cette position de façon officieuse.
Et les partisans de l’APRC, le parti de l’ancien président, n’hésitent pas à pointer ce premier couac. Pour Pa Ebou Sanneh, un fidèle du parti, c’est la preuve que le pays ne peut pas continuer sans Yahya Jammeh. « Cela va faire quatre mois, et on n’a toujours pas de vice-président. Quant à l’électricité, soyons honnêtes, est-ce que c’était comme ça au cours de ces 22 dernières années ? Et ce n’est que le début ! » critique-t-il.
A l’Assemblée, aucune réforme législative promise n’a encore été présentée. Les premières réformes sont attendues, d’après le gouvernement, d’ici la fin du mois d’août. Quant à la situation économique, elle est des plus délicates : les caisses de l’Etat sont vides. Alors, jusqu’à maintenant, Adama Barrow parie sur l’ouverture à l’international, récoltant des promesses d’aides et des visites d’investisseurs étrangers.
Mais le plus gros problème, selon Ismaila Ceesay, enseignant en sciences politiques à l’université de Gambie, c’est le manque de vision du gouvernement d’Adama Barrow. « On n’espère pas en 100 jours que le gouvernement règle les difficultés économiques, on n’espère pas non plus qu’il trouve une solution à la crise du chômage, ce qu’on attend, c’est qu’ils exposent leur projet pour le pays. Mais en échouant, cela signifie qu’ils ne savent pas dans quelle direction ils vont », pointe-t-il.
La Rédaction