Dakarmidi – Le doute, comme doute méthodique au sens de Descartes, est un instrument de découverte. Il consiste à tenir pour faux tout ce qui est simplement douteux afin de découvrir s’il n’y a pas de vérité. Il débouche toujours sur la certitude d’une vérité, ou alors sur l’impossibilité d’accéder à toute certitude.
« Le divorce est consommé entre les deux Maîtres : Wade et Madické Niang » pouvait on lire dans les colonnes d’un journal. Puis, quelques heures seulement après, Maître Madické Niang réagissait en ces termes : « Je réaffirme mon appartenance au Pds et pour qu’il continue à jouer un rôle de premier plan sur l’échiquier politique et dans la marche du pays, j’ai décidé de me présenter à l’élection présidentielle pour assumer une candidature alternative de notre parti. » Ce qui sema un état de panique général dans l’opinion.
Mais, la nuance s’accentua de plus belle, quand Me Madické Niang s’est rétracté en demandant pardon à Gorgui. « Je jure devant Dieu et devant notre Guide éclairé Khadimou Rassoul, que je ne l’ai jamais trahi »
Une lettre-réponse prêtée à Wade fut publiée par la suite et dans laquelle il écrivait : « Enterrons ce qui ne doit plus être dans nos relations qu’un regrettable incident qui se situe maintenant derrière nous. »
Mais le ouf se dura que le temps d’une rose. Pendant qu’on se posait des questions sur la valeur de ces sources, un autre média nous confirme la candidature alternative de Madické Niang suivie aussitôt de menaces venant de Gorgui. Ce fut alors la confusion totale : La tension supposée entre les deux hommes complices monta. Pour corser les choses, ce sera au tour de Madické Niang d’annoncer sa démission de l’ensemble de ses mandats obtenus grâce ou sous la bannière du Pds. Une lettre aurait même déjà été écrite la veille et gardée secrète. Des lettres et des déclarations qui semblèrent savamment préparés pour encore garder le suspens sur le maintien de la candidature impossible de Karim, qui, autrement dit, n’entrevoit aucune alternative…
Jusqu’au moment où je postais cette contribution, je me demandais encore pourquoi les sénégalais n’ont pas encore découvert le pot aux roses ? Karim Wade le centre d’intérêt du PDS devenu tour à tour la pomme de discorde dans les rangs du PDS, la cause des frondes, des querelles partisanes, des départs et des divisions reste par ce jeu sournois, malgré son exil forcé au Qatar lointain, le brûlant sujet d’actualité par le biais de ses principaux parrains que sont Madické Niang et Abdoulaye WADE. Les deux hommes de pouvoir, grands défenseurs et souteneurs de Karim, en déroulant leur plan alternatif, lui donnent les apparences de batailles titanesques. Ne recommande-t-on pas au prince d’être rusé comme un renard et féroce comme un lion dans l’exercice du pouvoir ? Dissimuler, tromper, voire tuer si les circonstances l’exigent : En tout cas, telle est la leçon que l’on retient communément de Machiavel.
J’aimerai bien recueillir l’avis des éminents journalistes-analystes politiques sur la question. Ce qui leur aurait donné enfin l’occasion de nous décortiquer les subterfuges, tours de passe-passe sorties de la magie noire de Wade qui n’a pas perdu de temps pour réaliser ce chef d’ouvre unique dans son genre.
Nous savions pourtant dès les débuts de ce combat, tout comme Maître Wade et son comité directeur, que la candidature de Karim pouvait servir de moyen de pression sur le régime au pouvoir, mais ne serait en aucun cas validée. Malgré tout, l’opinion sénégalaise acceptera pendant longtemps d’y croire dans sa grande majorité, parce que manipulée par des déclarations savamment distillées à travers les médias et réseaux sociaux. Un jeu de divertissement auquel participaient tous les cadres libéraux qui étaient d’accord avec Wade sur le principe de ne jamais varier sur la candidature de son fils et qu’il y’aura pas de plan « B »
Mais c’était sans compter avec Laye « Diombor » qui prend toujours soin de réunir toutes les cartes utiles pour faire reculer le Président Sall.
Mais rien ni personne ne semble déceler le pot aux rose que le PDS a méticuleusement cultivé et entretenu depuis que son comité directeur a publié son communiqué faisant de Karim Wade l’unique et le seul candidat du PDS aux élections présidentielles de 2019.
Comment se fait-il qu’au Sénégal les éminents analystes soient restés muets depuis le début sur le deal du siècle passé entre les cadres du PDS pour endormir l’opinion sur la candidature de Karim Wade aux prochaines échéances électorales ?
Me Madické NIANG, toujours en parfaite complicité avec WADE, a traduit en actes ce que les autres compagnons de Gorgui n’avaient pas réussi. Fidèle parmi ses plus fidèles, Madické NIANG est l’homme du moment pour concrétiser le rêve plan de WADE, qu’il soit appelé « A » ou « B ». N’oublions pas le grand rêve de WADE Si l’ancien président a finit de faire de Madické NIANG ce qu’il est devenu aujourd’hui dans sa famille et dans son parti, il le doit à sa fidélité et son ancrage dans sa vision. Il est le seul sur qui Wade peut compter pour renverser la situation.
Alors, ne comptez pas sur ce duo d’avocats mourides pour voir un « divorce ». Il n’en sera rien. Madické NIANG partage avec le père de Karim les mêmes convictions politiques, mais aussi un espace sacré, celui du Mouridisme dans toute sa dimension. Wade n’a jamais cessé de travailler pour son parti et son successeur. Doha, avec son influence diplomatique, aura beaucoup joué sur le destin de Karim et interféré sur bon nombre des décisions de son père. Oui, Abdoulaye Wade a bien évidemment préparé cette grande mutation dans son parti dès le lendemain de sa défaite.
Alors, comment n’aurait-il pas planifié, organisé, et piloté tous ces remous au sein du PDS en pleine crise ?
Aujourd’hui, nous savons tous que le travail d’anticipation politique est le jeu favori de Laye. Considérant que les changements politiques font partie intégrante de la vie quotidienne des décideurs, Wade est contraint de les accompagner, et non de tenter d’y résister. Ses capacités d’anticipation ont toujours marqué sa démarche pour la conquête du pouvoir. Ce qui constitue une de ses habiletés les plus admirables, indispensables même pour gérer les multiples variations dans ses choix et sur ses hommes.
Wade avait-il conçu dès le début un plan « B » alternatif ? Ou alors, aurait-il commis l’irréparable en misant imprudemment sur une seule et unique chance d’aller aux élections ? Je me permet d’en douter. Cependant, ce qui me semble une certitude pour l’instant, c’est que, manifestement, aucun groupe de pression n’est encore suffisamment fort, pour empêcher la tenue des élections présidentielles de 2019-sans Karim Wade. L’avenir n’est que le présent qui s’ignore.
Là, il n’y a l’ombre d’aucun doute.
Mamour BA, écrivain