Laissons la terrifiante question de l’apostasie et de l’hérésie aux foudres de cette Inquisition naissante.
Laissons tout aussi à Mara, exégète naguère habile, mais, cette fois-ci, bavard et outrancier, la question de la déviante assimilation de Makka à Baca. De sa retraite mystique – il serait à … Makka pour la Oumra – il a à élaborer des stratégies de résistance et de survie (politique) à cette intolérante expédition punitive disproportionnée, certes, à son inutile liberté de ton.
En revanche, il nous est tout autorisé de nous intéresser au mot « Baca », objet d’une polémique aussi vive que vaine.
En langue hébraïque, « Baca » signifie « pleurs, larmes ». Or dans La Bible, on parle de « la vallée de Baca », expression pouvant, donc, traduire « la vallée des larmes ». Sous l’angle religieux, plus précisément biblique, la vallée de Baca est une représentation allégorique de la vie terrestre, elle-même symbole de détresse laquelle est exprimée par la métaphore liquide « larmes ». Baca est évoqué dans l’extrait suivant :
« Heureux ceux qui placent en toi leur appui ! Ils trouvent dans leur cœur des chemins tout tracés. Lorsqu’ils traversent la vallée de Baca, ils la transforment en un lieu plein de sources, et la pluie la couvre aussi de bénédictions. Leur force augmente pendant la marche, et ils se présentent devant Dieu à Sion », Psaume 84 : 6-8, c’est nous qui soulignons.
Ce psaume exalte ceux qui sont accablés de souffrance et de chagrin et qui savent persévérer avec Dieu. Ceux-là sont dits heureux en dépit du fait qu’ils tourbillonnent dans la vallée des larmes, c’est-à-dire qu’ils sont oppressés par les contingences matérielles et existentielles de la vie sur terre.
En effet, dans la rhétorique chrétienne, « la vallée de Baca » signifie le monde terrestre, lieu de peines et de souffrances par opposition au Ciel, séjour de béatitude, de félicité, de vie séraphique, ou « de joie et de plénitude qui consiste en l’amour intellectuel de Dieu », comme le disait le philosophe Spinoza.
Dans le même sens, Le Larousse renseigne que « la vallée de Baca », image utilisée pour représenter ici-bas, est devenue l’un des stéréotypes les plus emblématiques de la conception judéo-chrétienne de la vie, faite de vanité et bonheur factice, et qui veut que le vrai bonheur soit pour demain, dans la cité de Dieu.
Il faut rappeler que le défunt Professeur Oumar Sankharé – paix à son âme – avait fait de Baca un intertexte biblique à travers le titre de son roman La Vallée des Larmes.
La rédaction