S’il ya en ce moment au Sénégal une denrée qui suscite beaucoup d’intérêt, c’est bien l’oignon dont le prix de vente du sac a atteint des hausses incroyables. Indépendamment des prix fort exagérés, le produit est quasiment introuvable sur le marché d,où une raréfaction étonnante. Le docteur papa abdoulaye seck, ancien ministre de l’agriculture et présentement ambassadeur du Sénégal en Italie, nous donne un point de vue technique sur la question et propose une batterie de mesures comme palliatifs pouvant aplanir dans le futur les difficultés d’aujourd’hui et créer une situation d’abondance. Orfèvre en la matière, son point de vue mérite d’être considéré à sa juste valeur. Pour cause, nous vous livrons le texte qu’il a produit dans le cadre que voilà. M. S
Le marché sénégalais est présentement sous-approvisionné en oignons. Une telle situation a conduit à des hausses de prix jamais enregistrées dans notre pays. Pourtant, il y a de cela quelques mois, les producteurs d’oignons constataient, avec désolation, de significatives pertes post-récolte.
Nous sommes face à un paradoxe : l’offre domestique annuelle augmente mais cela n’impacte pas significativement sur la couverture des besoins.
Il nous faut comprendre et accepter que la hausse d’une production ne règle pas nécessairement les problèmes de consommation. Cette assertion prend plus de valeur lorsqu’il s’agit des fruits et légumes dont les caractéristiques particulières ont pour noms : périssabilité, fragilité, diversité, périodicité.
Par conséquent, dans ce secteur, l’équation fondamentale est de trouver les bonnes stratégies pour assurer une modulation entre rythme de production et rythme de commercialisation. C’est ce que d’aucuns désignent sous le vocable suivant : étalement de la production dans le temps et dans l’espace c’est-à-dire création de bassins de production et allongement de la saison de culture.
La recherche agronomique nationale y a effectivement contribué et, ce, dans une proposition à trois détentes :
1) production d’oignons à partir de bulbilles pour assurer une offre précoce d’au moins 45 jours ;
2) mise au point de variétés tardives pour allonger au mieux la saison ;
3) conception d’abris-séchoirs permettant de conserver, à l’air libre, de l’oignon récolté à maturité complète pendant 3 à 4 mois avec des pertes de poids de l’ordre de 10%.
Ces résultats sont imputables aux chercheurs de l’ISRA/ CDH qui ont compris très tôt qu’on ne va pas régler les problèmes de couverture de nos besoins en ne misant que sur la conservation sous froid. Ceci tient à une raison évidente : le coût de conservation de l’oignon sous froid va rendre le produit non compétitif par rapport à l’oignon importé. La perte va alors être plus importante pour les producteurs d’oignons et si on décide d’interdire les importations, les consommateurs pourraient ne pas acquérir le produit.
De mon point de vue, en exploitant de façon optimale le capital de connaissances et de technologies générées par notre recherche, on pourra mieux faire face à nos besoins en oignon. Bien évidemment, nous devons tout mettre en œuvre pour concilier au mieux les intérêts des consommateurs à ceux des producteurs.
A l’évidence, la construction d’une offre dans le secteur de l’horticulture n’est pas chose aisée.
L’optimum, c’est d’avoir une offre stable, suffisante en quantité, satisfaisante en qualité, rémunératrice pour les producteurs et supportable par le budget des consommateurs le plus faible. Cet idéal ne peut être matérialisé sans une recherche agricole aux résultats utiles et utilisables qui soient repérables dans nos pratiques culturales grâce à un conseil agricole et rural de qualité et un assainissement de l’environnement de la production.
Dr Papa Abdoulaye Seck