Dakarmidi – Le coordonnateur par intérim du Front national de résistance, Mamadou Diop Decroix, a été, ce samedi, l’invité du Grand Oral. Sur les ondes de la 97.5 Rewmi FM, il est longuement revenu sur la journée du dialogue national, le mardi 28 mai dernier. Morceaux choisis.
A la une de l’actualité depuis quelques temps, nous avons le dialogue national. Alors qu’est-ce qui explique votre décision d’y participer ?
Vous savez que huit mois avant la présidentielle, nous-mêmes avions appelé au dialogue pour parler des questions liées au processus électoral. Comme je l’ai dit dans mon allocution à la présidence, l’autre partie ne nous a pas écoutés, au contraire ça a été le règne de l’unilatéralisme décisionnel, le forcing, etc. Après l’élection, l’opposition a naturellement contesté les résultats, le pouvoir de son côté a crié victoire et on en est resté là. Mais tout le monde sait que ça, c’est un volcan qui dort tout simplement parce qu’à un moment ou un autre, on peut assister à l’éruption, que l’opposition et le pouvoir se mettent de nouveau à se battre comme ça a été le cas pendant le septennat passé de Macky Sall. Et, il faut choisir est-ce que c’est ça la solution ou est-ce qu’elle est ailleurs. Au lendemain des élections, nous avons dit qu’on n’est pas d’accord avec les résultats, mais nous ne créerons pas de problème dans le pays. Nous demandons à ceux qui ont voté pour nous, en particulier la jeunesse, de rentrer et de rester tranquille. Le pouvoir de son côté a dit j’appelle pour un dialogue. Il faut savoir en son temps en 2017, on a reproché à l’opposition de n’avoir pas accepté de dialoguer. Nous en avons tiré les conséquences de rapport. Premièrement, tout en acceptant le principe de dialogue, nous en avons posé deux préalables. Premièrement, que ce soit des personnalités indépendantes qui puissent accompagner les acteurs politiques. Deuxièmement, que les conclusions auxquelles nous parviendrons, que le Président s’engage à les mettre en œuvre. Cela est déjà acté. Nous avons maintenant notre commission cellulaire sur ce qui a été proposé. Il y a eu un consensus assez fort qui m’a même assez surpris. Je pensais que ça allait prendre beaucoup de temps pour s’entendre autour des personnalités, mais c’est allé très très vite. On a constaté que les personnalités qui étaient sur nos tablettes étaient aussi sur les tablettes des autres. Donc, il faut s’en féliciter. On vient également de me dire que la commission est installée. Le Président a dit publiquement, mardi dernier, qu’il s’engage à mettre en œuvre les conclusions. Alors, sur cette base-là, l’opposition doit, politiquement, être présente et commencer les discussions.
Qu’est-ce qu’on peut retenir de cette rencontre du mardi 28 mai, journée du dialogue national?
Je crois que ça a été une occasion pour les uns et les autres de s’exprimer sur les questions. Nous ce qui nous intéressait c’était principalement le processus électoral. Donc, la commission cellulaire est mise en place. On va attendre les discussions pour voir ce que cela va donner. Il y a d’autres aspects et là les autorités religieuses ont abordé le fond. C’est des questions importantes, assez importantes. Elles ont répondu sur les violences dans la société, en particulier les violences contre les femmes et les enfants de la rue, en rapport avec la protection des Daaras. Donc, c’était assez intéressant. Les dossiers de Karim Wade et de Khalifa Sall sont revenus sur la table. Nous-mêmes nous avons exprimé nos positions là-dessus, à savoir que celui qui est exilé puisse revenir et que celui qui est en prison puisse être libéré, mais qu’ils puissent aussi retrouver leurs droits politiques d’élire et d’être élu.
Pourquoi le général Niang, Famara Ibrahima Sagna et autres ont été plébiscités aussi bien par l’opposition que le pouvoir ?
Famara Ibrahima Sagna, c’est quelqu’un que je connais bien et c’est un homme consensuel. Il est en bon terme avec tout le monde. Il connait bien le Sénégal et les Sénégalais. Il a les moyens d’être indépendant. Sur la base, il a très une grande expérience et il connait l’essentiel des acteurs politiques. Donc, il doit pouvoir faire ce que les anglais appellent le « go-between », etc. Ceux qui l’ont proposé dans le front, c’est ce qu’ils ont dit. Maintenant, on verra la pratique. J’ai aussi dit, lors de la cérémonie, que la confiance n’exclut pas le contrôle. De toute façon, eux ils facilitent et ce n’est pas à la commission de prendre les décisions. La commission facilite simplement les discussions. Quant au général Mamadou Niang, il a une expérience aussi très riche avec les politiques, même si c’est un ancien militaire qui a eu à diriger l’Observatoire national des élections qui est devenu aujourd’hui la Cena. Il l’a fait dans un contexte historique bien particulier, à quelques encablures de la présidentielle de 2000 qui a consacré la première alternance démocratique et pacifique à l’issue d’élection. C’est un officier général qui a eu à côtoyer les politiques à la table du conseil des ministres pendant de très longues années. Et puis, il est très ancré dans les valeurs traditionnelles. Il est imbu d’éthique, de moral, etc. On peut estimer qu’il va, comme à l’époque, pouvoir faciliter entre les hommes politiques. Nous travaillerons de bonne foi avec eux et chercherons ensemble des solutions.
Par rapport au processus électoral, quelles sont vos attentes ?
C’est de revenir à des règles consensuelles qui permettront d’avoir des élections qui ne soient pas contestées. Il faut faire un audit sur place et sur pièce du fichier électoral. Nous avons demandé une autorité indépendante chargée d’organiser les élections. Le parrainage également est une question très importante, etc. Il y a des concertations où les gens vont discuter pour voir quelle est la meilleure solution. Nous on a des avis, des propositions et on les porte là-bas. C’est du moins la compréhension que j’ai, parce que j’ai fait l’exercice avec Kéba Mbaye, j’ai fait l’exercice avec Ibou Diayité et donc l’expérience que j’ai acquise là-bas, c’est que j’ai trouvé que c’était bien et on peut améliorer ça. Nous préparons l’argumentaire de nos propositions et nous venons discuter. Donc si nos positions sont les meilleures, les autres accepteront. A l’époque, c’était comme ça et les gens n’étaient pas braqués. Ils n’étaient pas rigides. Quand c’est l’autre partie qui fait des propositions qui permettent de faire avancer les choses, tout le monde tombe d’accord. C’est comme ça qu’on avait agi à l’époque en 1992 et 1997.
Rewmi