Le Conseil constitutionnel a, dans une décision rendue ce mercredi, annoncé que l’article premier de la loi interprétative de la loi d’amnistie, adoptée le 2 avril dernier, est contraire à la Constitution. La loi portée par le député de Pastef avait fait l’objet d’une grosse polémique et d’un recours de l’opposition parlementaire.
Les réactions sont nombreuses et diverses :
GROUPE PARLEMENTAIRE PASTEF
RÉPUBLIQUE DES VALEURS (Thierno Alassane Sall)
GROUPE PARLEMENTAIRE TAKKU WALLU
ANTA BABACAR NGOM
AYOBA FAYE JOURNALISTE
Ce matin, 24 avril 2025, les seuls vainqueurs sont les victimes de la répression sanglante des manifestations, qui ont eu lieu entre 2021 et 2024. Le Conseil constitutionnel leur a consacré, dans sa décision rendue publique hier, le droit à la Justice.
Ce droit que Macky et son ministre de la Justice, Aissata Tall Sall, leur avait enlevé le 6 mars, en complicité avec les 94 députés qui avaient dit oui à l’OUBLI de tous les crimes, tortures et atrocités commis entre le 21 mars 2021 et le 25 février 2024.
Ce matin, Dame Justice n’a plus d’alibi pour ne pas ordonner une enquête et des poursuites sur tout ce qui s’est passé dans ce pays. Des hommes, femmes et enfants torturés, aux dizaines de personnes tuées par balles, en passant par ceux dont l’activité dans cette vie n’est plus possible du fait de mutilation subie.
Ce matin, c’est au Temple de Thémis que le Soleil se lève. « Soleil sur nos terreurs » injustifiées. « Soleil sur notre espoir » de Justice
Tout le reste relève d’une rhétorique politicienne.
AMINATA TOURE
Comme dit le proverbe chinois, peu importe que le chat soit gris ou noir l’essentiel c’est qu’il sache attraper les souris!
Le Conseil constitutionnel indique clairement que les auteurs et commanditaires des tueries, tortures et autres actes dégradants portant atteinte à la dignité humaine ne peuvent faire l’objet d’aucune amnistie.
C’est tout ce que les victimes et les militants de la lutte contre l’immunité voulaient entendre.
Maintenant que sans délai Justice soit rendue aux victimes.
THIERNO BOCOUM
Le Premier ministre affirme que le Conseil constitutionnel aurait « simplement considéré superflu » le postulat qui fonde la démarche de leur groupe parlementaire. Nous lui demandons dans quel considérant aurait-il lu cela ?
En désignant le considérant 31, il offre la preuve éclatante qu’il manipule les conclusions du Conseil.
Ce que dit réellement le considérant 31 est clair et grave : l’alinéa 2 de l’article premier de la loi interprétative viole la Constitution. Le Conseil affirme même que les crimes les plus graves sont inclus dans le champ de l’amnistie lorsqu’ils sont liés à l’exercice d’une liberté publique ou d’un droit démocratique.
Une telle déclaration ne peut être balayée d’un revers de main ni détournée au gré des intérêts politiciens. En se livrant à cette manœuvre, le Premier ministre foule aux pieds le principe sacré de la séparation des pouvoirs en se cachant derrière un titre de chef de parti. Pire, il fait dire aux juges ce qu’ils n’ont jamais dit.
Et comme si cela ne suffisait pas, il s’attaque à l’opposition avec des termes d’un autre âge : « indigente », « résidus d’opposition ». Le chef du gouvernement devient le chef des insulteurs. Nous prenons acte.
Qu’il sache que nous ne nourrirons pas sa grande distraction nationale pour échapper à ses vraies responsabilités.
Aux insultes, nous préférons les idées.