Dakarmidi – Ce 4 mars, la Cour de justice de la Cedeao a rejeté le recours qui lui avait été soumis par Karim Wade contre sa non-inscription sur les listes électorales du Sénégal. En d’autres termes, la juridiction sous-régionale a décidé que les droits du candidat inabouti du Parti démocratique sénégalais (Pds) n’ont pas été violés. Que sa non-inscription sur les listes, fruit de sa condamnation pénale, ne viole pas « son droit fondamental de participer librement à la direction des affaires publiques de son pays. »
Pareille décision a provoqué l’ire de ses avocats qui s’en sont pris à cette cour de justice qu’ils ont tant chérie de par le passé pour avoir déclaré que la CREI n’avait pas respecté les normes d’un procès équitable dans le cadre de la poursuite contre leur client. Ces avocats promettent d’ailleurs de recourir au Comité des droits de l’homme de l’Onu…
Vous avez bien lu: alors que Macky Sall a été réélu et que le Sénégal a tourné la page de l’élection, Karim Wade va continuer à faire dans l’agitation juridictionnelle à l’international pour n’avoir pas été autorisé à y participer ! Comme si, dans une ultime manoeuvre de diversion, il s’abrite derrière ce juridisme stérile pour occulter le faux bond fait à ses militants auxquels il avait assuré qu’il viendrait au Sénégal pour imposer sa participation à la présidentielle.
Après avoir menacé d’un retour fracassant, Wade-fils s’est en effet ravisé après avoir appris, disent certains, que des travaux de rafraîchissement étaient entrepris au niveau de la cellule de la prison de Rebeuss qui était apprêtée pour l’accueillir. Il a donc clairement fui le combat, au grand désarroi des karimistes et autres sympathisants qui l’attendaient. Or, seul un rapport de force, au Sénégal, contre le pouvoir, dans la séquence pré-électorale, pouvait lui offrir une chance de voir Macky Sall fléchir…
Toute autre fausse bataille juridictionnelle hors du Sénégal, qui n’aura de toute manière aucun impact sur l’ordre juridique interne, n’est que fuite en avant.
Karim Wade a été mis en prison, gracié à sa demande, exilé, extirpé des listes, exclu de la candidature… par un pouvoir qui s’est succédé à lui-même le 24 février. N’ayant pas eu le courage de venir mener le combat politique sur le terrain, il doit moins faire parler de lui depuis les palais qataris où il coule un exil doré.
En voulant faire dans le dilatoire, celui qui a confondu combat politique et agitation juridictionnelle à l’international a aggravé son cas. La Cour de justice de la Cedeao a acté la légalité de sa non-inscription sur les listes électorales. En clair, il est d’ores et déjà – légalement- exclu des élections locales de 2019, législatives de 2022 et présidentielle de 2019. Sauf si Macky Sall, dans sa magnanimité légendaire (!), sans que plus rien ne puisse l’y contraindre depuis sa réélection, veut bien user de sa majorité parlementaire pour lui accorder l’amnistie !
La politique est cruelle pour les fuyards et autres poltrons. La bataille pour le pouvoir ne se livre pas par procuration, ni par tribunaux internationaux interposés, encore moins par les artifices d’une communication droit-de-lhommiste…
Cheikh Yérim Seck