Dakarmidi – De l’espoir suscité en 2012 par le régime APR à l’illusion d’aujourd’hui, on se rend bien compte que des approximations et de la communication à outrance n’ont jamais suffi à berner tout un peuple tout le temps.
De la « gouvernance sobre et vertueuse » érigée en principe de gouvernement, avec le fameux slogan « la patrie avant le parti », nous avons très vite déchanté avec le premier changement de cap dans le programme fondamental du « Yoonu Yokoute » qui s’est mué par la suite en « Plan Sénégal Emergent ». Soit!
Les esprits des sénégalais sont encore et à jamais marqués par le non respect de la parole donnée de l’autorité suprême, en l’occurrence du Président de la République, clé de voûte de nos institutions, sur la réduction de son mandat. Ce reniement a été la clé qui a ouvert la boîte à pandores des nombreuses autres promesses non tenues et qui justifient de facto cette ébullition actuelle du climat social. Tout porte à croire donc que l’année 2018 sera une année de tensions sociales sans précédent en prélude de la présidentielle de 2019.
Le monde rural agonise avec l’échec de la campagne agricole sur fond d’objectifs non atteints malgré les communications intempestives sur l’autosuffisance alimentaire.
Le climat politique est plus que tendu avec l’emprisonnement et l’isolement de potentiels candidats à la présidentielle de 2019. Une manipulation supposée de la justice à des fins politiciennes brandie par l’opposition et la mauvaise organisation des dernières élections législatives viennent définitivement rompre tout climat de confiance avec le pouvoir qui semble ignorer encore les nombreuses demandes légitimes de délivrance des cartes d’électeur aux citoyens privés de leur droit fondamental de vote. Il s’y ajoute le tripatouillage en vue de notre charte fondamentale avec l’instauration unilatérale du parrainage pour compléter le lot de manœuvres politiciennes pour empêcher certaines candidatures de redoutables adversaires pouvant défaire le régime.
Le climat économique n’est point des meilleurs avec cette croissance que l’on peine encore à rendre inclusive au profit de nos populations. Cette population dont la jeunesse est touchée par un chômage endémique et des leurres et lueurs de l’émigration.
Les acteurs des systèmes sanitaires et éducatifs sont en permanence dans la rue pour engagements non tenus par ce même gouvernement qui continue à exceller dans la communication d’une émergence certes virtuelle. Le tout sur fond d’une balance commerciale chroniquement déficitaire, un train de vie de l’Etat exorbitant, une dette publique qui s’accentue; expliquant ainsi les nombreuses difficultés de paiement et de non respect des engagements de l’Etat dans plusieurs domaines (etudiants placés dans le privé, bourses des étudiants, accords avec les enseignants…). Et la CMU qui devait soulager les populations est tout simplement entrain de déstructurer le secteur sanitaire avec les nombreux dysfonctionnements et le manque de viabilité économique du processus qui expliquent les échecs du moment.
Par ailleurs, l’implication supposée de la famille du Président Macky Sall dans les affaires de l’Etat rappelle tristement les mauvais souvenirs des nombreuses contestations populaires sous le régime précédent du Président Wade. Cette situation de gestion familiale que l’opposant Macky Sall jugeait alors gênante et encombrante sous le magistère de Wade en 2011 n’est toujours pas acceptée par les sénégalais et rendez-vous est pris en 2019, inexorablement, pour en découdre.
À cela viennent s’ajouter l’arrogance et l’insolence de certains collaborateurs du Président de la République qui le poussent inéluctablement vers sa perte. En attestent les nombreux déboires observés de pillages de nos maigres deniers publics dans des manifestations folkloriques au moment où nos populations peinent à avoir un accès satisfaisant aux services sociaux de base sur l’ensemble du territoire national.
Face à la demande sociale insatisfaite, le régime en place a préféré satisfaire une cliente politique avec la mise en place d’institutions budgétivores à l’instar du HCCT ou du CNDT dont l’utilité peine encore à être démontrée dans la marche de notre pays. Ainsi le rêve se brisa pour nombre de sénégalais qui avaient cru à un réel changement en votant pour ce jeune Président né après les indépendances. Certes!
Mais les citoyens épris de justice sociale et désireux de changer cette donne se dresseront pour faire face et replacer l’intérêt général au cœur de l’action politique. Cela passera inéluctablement aussi par une poursuite du débat inachevé sur la mainmise des multinationales étrangères sur nos ressources naturelles. Une remise en cause de ces nombreux contrats gaziers et pétroliers sera déterminante pour pouvoir accroître leur rendement futur dans notre économie et améliorer par ricochet le quotidien de nos populations.
C’est ce combat de génération que nous menons et continuerons de mener, à tous prix.
Ce rendez-vous de 2019 sera, inexorablement, une première étape décisive dans cette entreprise sacrificielle du vrai changement attendu par nos populations.
Babacar BA
Président Alternatives Citoyennes