Dakarmidi – Les Dieux n’ont qu’à rester dans leurs cieux et laisser ce Sénégal-là entre les mains de ses faiseurs de paradis sur terre – Allez dormir sur vos espoirs, ils se chargent de les trahir demain
Il est un pays, qui s’appelle Sénégal, dont les dirigeants politiques, et différents segments sociaux de formation, d’information, d’éducation, ont non seulement une très haute estime d’eux, mais surtout, ont une certitude : être le nombril d’un monde peuplé de petits saints purs, sans taches ni fautes véniels .
Ainsi de nos enseignants, un corps respectable du reste, et qui devrait mériter plus de respect encore pour leur fonction éducative. Mais voilà, le respect se mérite et, on le sait depuis que l’Humanité est humaine, qu’il n’y a pas de corps chimiquement pur. Aussi, c’est ridicule de les voir monter sur leurs gonds, quand une étude, si peu exhaustive qu’elle soit, met le doigt dans la plaie purulente de certains tares et avatars de leur corps : harcèlement sexuel, pressions hiérarchiques sur des mineur(es) pour obtenir des faveurs sexuées contre des notes fictives et imméritées.
Leurs cris d’orfraies, leurs dénégations « viriles » (tient tient !!), leurs cris de «vierges »(décidément on est dans le bas ventre) effarouchées, les rendent douteux et, du coup, très crédible l’étude de « Human right watch » . Même à l’échelle choisi. D’accord, ils ne sont pas seuls à abuser d’adolescentes ! Mais cela ne les excuse absolument pas. Des jeunes filles engrossées et lâchement abandonnées par les pervers sexuels, punies par le système scolaire qui les exclue comme des parias, forcées par les parents à se marier avec le violeur (si celui-ci accepte !). Alors nos enseignants et leurs syndicats à l’indignation ridicule, ignorent ils ces faits ?
Plus ridicule encore est le ministre de l’éducation nationale, qui a préféré nouer une alliance de 24 heures avec les enseignants qui sont sur le pied de guerre, que de reconnaitre l’existence de ces crimes au sein de notre système éducatif, y faire face, au lieu d’appeler aux armes contre les « satans occidentaux qui veulent nous imposer une éducation contraire à nos mœurs, traditions… ». Apprendre aux enfants à connaître leur corps, son fonctionnement, les moyens de se défendre contre les pervers sexuels et les faux dévots et autres parents démissionnaires, serait donc un crime que voudrait perpétrer l’Occident dégénéré ?
Le plus ridicule et qui montre le caractère opportuniste de nos dirigeants, leur nature « girouettiste » (d’accord le terme est suspect, mais on se comprend non ?) c’est quand, comme le rappelle mon confrère Madiambal dans son édito de ce lundi, les autorités de l’éducation, « oublient » que le ministre Serigne Mbaye Thiam, lui-même, a présidé le 18 janvier 2013, un atelier sur l’intégration de l’éducation sexuelle dans nos enseignements. C’était sous l’égide du très réactionnaire et pro-occidentale UNESCO !! Comme ils ont oublié les études faites sur la question comme celle du professeur Mamadou Lamine Coulibaly (cf; Madiambal…) avec un échantillon de 2 707 collégiens et lycéens qui fait ressortir que 9,6% des élèves déclarent avoir été victimes de ces pratiques peu …éducatives !
Et puis, non de Dieu, une seule fille violée par son maître, engrossée, exclue de l’école, mariée de force par des parents englués dans les pratiques d’un autre temps, C’EST DÉJÀ TROP !! C’est haïssable et punissable. Et puis c’est quoi nos traditions dont on se réclame ? Celle des mariages forcés et des mutilations génitales ? Celles des mariages arrangés pour du fric ou pour « réparer » l’abus de position dominante ?
Ils disent : « l’ éducation des filles par leurs mamans, leurs pères, frères et sœurs ». Mais il n’y a plus ou si peu de cette sorte d’éducation ! Les parents sont « mangés » par les pressions quotidiennes ; les enfants et toute la société du reste, soumis (ou sommés de se soumettre) à la très libérale mondialisation économique avec ses avatars informatiques. Continuer à déblatérer sur des supposées valeurs d’hier, ça a une fonction : se donner bonne conscience pour se défiler de ses responsabilités d’aujourd’hui !
Alors, de grâce, enseignants, faites ce pourquoi vous vous êtes destinés et payés : enseigner, éduquer, former les élites de demain en combattant les brebis galeuses qui infestent votre corps. Qu’il en existe dans tous les corps n’excuse personne, mais montre seulement la nécessité et l’urgence de les combattre. Et non d’en sous-estimer le nombre ou soupçonner des complots contre nos sociétés ourdis par de méchants blancs…
À monsieur le ministre de l’éducation nationale, on devrait rappeler ce pourquoi on le paie grassement : veiller à ce que le pays construise son avenir avec une école, une éducation et une formation de qualité. Des citoyens éveillés et en phase avec leur époque. Pour cela, commencez par respecter les engagements que vous prenez, les accords que vous signez pour ne pas altérer, dévaluer davantage notre système éducatif. Non seulement vous construirez durablement une paix sociale dans l’espace de l’éducation sans petites combines de bas étages, mais vous aurez aussi contribué à la formation de la citoyenne et du citoyen de demain. Si c’est trop vous demander, laissez-nous notre école. Pour ne pas l’abîmer davantage…
Mais voilà, dans ce pays-là, qui s’appelle Sénégal, le nombrilisme est une caractéristique revendiquée ; le patriotisme convoqué à toutes les sauces (comme contre Auchan, j’y reviendrais un jour) pour masquer sa fonction alimentaire ; l’étranger, un repoussoir commode et une piqure de rappel qui sert à exhaler des puanteurs xénophobes, racistes, et humainement inacceptables.
Mais voilà, dans ce pays-là, un président en exercice (pour quelques petits 4 mois encore), candidat à sa succession, obnubilé par un deuxième mandat ; peut aller en villégiature dans les régions les plus mal loties en termes d’infrastructures, mais très paradoxalement riches en ressources, leur réchauffer les promesses d’il y a sept ans, se glorifier de chantiers inachevés ou arrêtés, leur promettre le bonheur (si si, c’est vrai cette fois-ci) demain, quand j’aurais un deuxième mandat, et que je vous aurai arnaqué une deuxième fois !
Mais pourquoi ce carnaval de repus arrogants et autres caravanes (mortelles des fois) pour ce qui n’est que du très normal : à savoir, un président est payé pour travailler pour ses populations ou…ne plus présider le pays. Et éventuellement, rendre des comptes. Mais qu’il se rassure : personne ne tuera personne. Outre que la peine de mort est abolie dans ce pays-là, et que les agités de la guillotine ou du sabre peuvent se cloîtrer dans leurs trous et rêver de mort, on n’y reviendra pas.
Mais nak, des comptes seront demandés ! Sur l’usage que vous avez fait des ressources du pays ; sur des contrats léonins et très peu transparents ; sur ces très nombreux nouveaux riches qui peuplent la galaxie présidentielle. Ça, ce n’est pas une menace du somnifère nommé Sonko qui vous empêche de dormir. C’est comme vous et beaucoup de sénégalais disaient hier : une exigence sociale, de transparence en République…
Dans ce pays-là, il est une légende urbaine tenace, qui a la vie dure qui dit que pour être président, il faut courir les foyers religieux, tendre les mains au guide, généreux (il en donne à tout le monde) en bénédictions, aux innombrables petits fils de ….Aussi, le dernier candidat à la candidature (espérons que ce sera le dernier) Me Madické Niang a aussi pris le chemin de Tivaouane. Le Khalife lui a mis beaucoup de baume sur son cœur actuellement en surcharge virale, émotionnelle et de stress, depuis son divorce brutal d’avec le pape de son ancienne … chapelle politique, Me Wade. Il en aura besoin de prières, de baume, de calmants pour la mission herculéenne qu’il s’est fixée : sauver le PDS, l’héritage du parrain, réhabiliter les victimes expiatoires du prétendant au deuxième mandat, à savoir Khalifa Sall et Karim Wade. Dans tout ça, ou sont les urgences sociales et les préoccupations des populations ? Il m’étonnerait que ce soit celles du candidat Madické Niang !
Oui, comme on s’est évertué à essayer de vous en convaincre depuis la première ligne de cet article, dans ce pays-là, les Dieux n’ont qu’à rester dans leurs cieux et laisser ce Sénégal-là entre les mains de ses faiseurs de paradis sur terre ! Pour vivre dans leurs prairies paradisiaques, pas besoin de croire en quoi que ce soit, même pas à cette utopie nommée « bonne foi ». Non, il suffit juste de les parrainer d’abord et ensuite, glisser votre carte d’électeur (si vous l’avez retiré bien sûr comme vous l’exhorte les « Y en a marristes) dans l’urne pour eux. Allez dormir sur vos espoirs, ils se chargent de les trahir demain. C’est dans ce pays-là que nous vivons. Et nulle part ailleurs…
Par Demba Ndiaye
La rédaction