Nous pouvons décompter 302 cas de décès depuis que le gouvernement du Sénégal a annoncé le couvre-feu dans les deux régions que sont Dakar et Thiès. En même temps, de cette période à nos jours, le nombre de cas de contamination a augmenté de 10.220 nouveaux cas. C’est le lieu de se poser la question de savoir, si véritablement, le couvre-feu a montré son efficacité quant à la diminution des cas de covid-19?
Dr Fallou Samb, ordre des médecins du Sénégal : « Le couvre-feu est une bonne méthode, mais… »
Interrogé sur la question, le docteur Falilou Samb n’a pas manqué de donner son appréciation globale face à certaines mesures prises et qui seraient contestées par certains citoyens sénégalais. S’adressant à Dakaractu, il estime que nous ne pouvons pas spécifiquement essayer de circonscrire le virus à certaines heures alors que dans la journée, les gens circulent sans prendre les précautions qu’il faut. « Je pense qu’il faut bien insister sur les autres méthodes, notamment le lavage des mains, l’utilisation du gel, le respect de la distanciation physique entre autres. » C’est donc, pour le Dr Fallou Samb, « un ensemble de mesures car, certains même pensent qu’en se vaccinant, tout est fait alors que le respect de ces mesures prises dès le début de la pandémie doivent etre maintenues », rappelle t-il.
Autre chose que le Dr Samb a souligné, c’est la communication qui doit être mieux renforcée face à l’avènement des vaccins. » Nous pouvons utiliser tout type de vaccin, mais il faudra que la population essaie de se l’approprier en s’ôtant de la tête toute suspicion et en acceptant de se faire vacciner ». La vaccination est l’une des principales armes pour faire face au virus, donc, un type de comportement exemplaire doit caractériser les sénégalais pour que le maximum soit vacciné.
Par ailleurs, la stratégie doit être revue, selon le Dr Samb. « Nous avons besoin, avec la montée fulgurante de la pandémie, de nouvelles stratégies communicationnelles. Je pense que les autorités ont très mal apprécié la maladie dès le début. Surtout au niveau de la gestion de la crise, le pays a besoin d’un nouveau souffle car, ceux que nous voyions au début ont totalement disparu. Donc, il faut qu’ils refassent surface et tiennent le type de communication appropriée aux populations ».
Le transport : un vecteur à plusieurs risques…
En interrogeant certains citoyens sénégalais, nous sommes en mesure de dire que le secteur du transport est aujourd’hui, sous un laisser-aller sans précédent. Des bus TATA plein à craquer…, des transports en commun également sans contrôle et où la distanciation physique n’est pas observée, parfois même sur le marchepied, des clients s’accrochent pour effectuer leur déplacement dans leur lieu de travail. Une situation que Gora Khouma, joint par téléphone par Dakaractu, a tenté de nous expliquer avec une désolation totale. « Les mesures que le ministère des transports avait prises doivent etre revues car, aucun contrôle n’est de mise. L’histoire m’a donné raison parce que dès le début, je suis monté au créneau pour fustiger ces méthodes prises à la va-vite et qui ne peuvent être exécutées dans ce secteur à multiples problèmes. »
C’est impossible, en dehors des catégories AFTU et DAKAR DEM DIKK, on ne peut pas permettre le ‘transport debout’ car le code de la route ne le permet pas », rappelle Gora Khouma, le président des transporteurs routiers du Sénégal. Il précise alors qu’il faut le respect strict des places assises car, toute autre initiative ne fera qu’empirer la situation de la pandémie déjà critique.
Il ajoute qu’à ce niveau, la police et la gendarmerie doivent encore veiller à ces détails parce que rien n’est respecté dans ce secteur.
En outre, Mr Khouma considère qu’il est incohérent de parler de couvre-feu ou encore de certaines mesures alors que dans les gares routières les gens se bousculent et ne respectent aucune règle établie.
L’école sénégalaise, plus que jamais exposée…
Il est évident que l’école sénégalaise ne peut être ignorée car, étant une société en miniature. Ce qui est clair est que les dirigeants doivent se donner à fond pour éviter à l’école d’être une source de propagation. L’un des acteurs très connu du système éducatif, Cheikh Mbow, aura à rappeler toute l’importance de corser les mesures au niveau des établissements scolaires. « Je pense qu’il est temps que d’autres moyens de lutte soient adoptés surtout dans le milieu scolaire. On peut ainsi, faire de l’école un cadre de conscientisation sur le respect des gestes barrières. Inciter les enfants à participer activement à la lutte contre le coronavirus à l’école comme à la maison, je pense que c’est une bonne idée », propose le directeur exécutif de la Cosydep.
Pour y parvenir, Cheikh Mbow estime que le premier des sénégalais en fasse personnellement son affaire et qu’il montre un intérêt particulier à la dimension de l’école.
En effet, le relâchement n’est plus à démontrer, car il est visible à tous les niveaux, donc au-delà de l’école sénégalaise. « Il faut même se rappeler qu’ au début de la pandémie, toutes les autorités sont sorties pour manifester leur engagement à lutter contre le virus. Mais aujourd’hui, le rendement est global et pour des raisons multiples que l’on pourrait expliquer », ajoute le directeur exécutif de la Cosydep.
Ainsi, au niveau de l’école, il faudra revoir le dispositif sanitaire mais également pédagogique. D’ailleurs, il faut savoir que la pandémie est un prétexte pour mettre en œuvre ce qui a toujours été débattu, notamment le problème de la promiscuité et la décentralisation de l’éducation.
Ces acteurs faisant différentes propositions, sont convaincus que le couvre-feu est certes une idée non réfutable, mais le contexte demande d’autres stratégies de lutte. Que pourraient nous proposer les autorités après avoir épuisé ces jours de couvre-feu tant critiqués? Avec la présence d’un nouveau variant, n’avons nous pas l’obligation de poser des actes plus restrictifs avec ce relâchement et l’entêtement des sénégalais? Ce sont tant de questions qui pourraient trouver leur réponse avec d’éventuelles nouvelles mesures que pourront prendre l’autorité…