Nombreux sont ceux qui ont le sentiment qu’un cycle se termine. Depuis quelques mois, le monde est bouleversé par une pandémie à coronavirus qui fait que nous sommes mis à rudes épreuve.
Pour l’Europe, la pandémie a fini par montrer la vulnérabilité des systèmes sanitaires mêmes les plus sophistiqués dans la lutte contre les épidémies, la prévention et la gestion des urgences de santé publique. Cela a menacé même les fondamentaux de la charte de l’Union Européenne car des pays fortement frappés n’ont pas été soutenus par les autres pays, le cas de l’Italie qui a dénoncé le manque de solidarité de certains pays est illustratif.
Pour les États-Unis, ils sont devenus l’épicentre de la pandémie au point qu’ils semblent être dépassés par le flux de nouveaux cas, par manque de cohérence et d’une politique rigoureuse dès le départ pour prendre à bras le corps cette pandémie. Cette crise montre aussi les limites du système sanitaire américain marqué surtout par une faible dimension sociale pour accompagner tous les citoyens à l’accès aux soins (les systèmes de gouvernance sont interpellés).
Pour la Chine (considérer « l’usine » du monde avec 30% des exportations en produits finis), la maitrise de la situation sanitaire du pays lui a permis de relancer son économie dans un contexte mondial où elle devient ou consolide sa position de fournisseur mondial en termes de masques, de gants, et autres besoins pour faire face à l’épidémie, une aubaine pour rattraper très vite les pertes économiques.
Pour l’Afrique, des efforts considérables sont en train d’être déployés pour lutter contre le COVID-19 et les leçons tirées de la réponse à la maladie du virus Ebola aident certains pays à mieux faire face à l’actuelle pandémie.
Mais pour certains oiseaux de mauvais augure ou spécialistes de médecine (essais de vaccins en Afrique), il faudra s’attendre à des millions de morts sur le continent avec le coronavirus, car simplement, l’Europe et les États-Unis sont en difficulté pour prendre en charge cette crise sanitaire qui a fini par plomber tous les secteurs.
Vient de se fermer une époque, où l’Afrique était le continent le plus vulnérable face aux chocs, où elle était considérée comme un laboratoire d’essais de vaccins ou de sérums.
C’est aussi la fin des croyances telles que « l’émotion est Nègre, comme la raison est Hellène » car « à chance égale, la vérité triomphe ». Nos chercheurs excellent partout dans le monde, ils n’ont besoin que de cadres adéquats pour aider notre continent à s’émanciper.
De profonds et rapides changements sont à l’œuvre, et déjà les mêmes acteurs s’engagent dans une accélération qui nous emporte avec un programme économique et sanitaire pour l’Afrique (une proposition faite lors de la dernière réunion du G20).
L’Afrique peut élaborer et mettre en œuvre son propre programme. Et si on commençait par annuler sa dette publique et réaménager sa dette privée car l’impact de la crise est mondial et les économies les plus faibles seront plus affectées.
Abdoulaye Faye
Environnementaliste/écrivain