Le Sénégal est en train d’exécuter la nouvelle commission rogatoire transmise par la justice française dans le cadre de l’affaire tentaculaire de corruption à l’Iaaf. Selon Libération reçu dans nos locaux, l’exécution de cette commission rogatoire a été confiée au doyen des juges d’instruction Samba Sall qui a saisi la Division des investigations criminelles (Dic) afin qu’elle identifie les biens et comptes de Massata Diatta. ce, en attendant la mise en examen du patron de Pamodzi.
Les autorités judiciaires sénégalaise avaient reçu, fin avril, une commission rogatoire française du juge Renaud Rumbeke qui demandait l’interrogatoire,
sur la base d’un questionnaire qu’il a transmis, de Papa Massata Diack, sa mise en examen mais aussi une enquête détaillée sur ses comptes bancaires et biens au Sénégal. Nous ajoutions que si en 2016, les autorités sénégalaises s’étaient opposées à pareille demande, cette fois-ci tout indiquait que la commission rogatoire sera exécutée puis que le juge français est revenu à la charge après les assurances faites par Macky Sall à Thomas Bach. Selon les informations de Libération, cette nouvelle commission rogatoire est en cours d’exécution. A preuve, le dossier a été confié au juge du premier cabinet, Samba Sall, qui vient d’ailleurs de poser un acte fort. Des sources autorisées renseignent que le magistrat a de- mandé à la Division des investigations criminelles (Dic) de faire une enquête sur le patrimoine présumé de Massata Diack. En clair,les policiers ont été chargés d’identifier les comptes du patron de Pamodzi, les mouvements mais aussi de faire l’état sur son patrimoine immobilier et foncier. En vue d’une saisie conservatoire comme le de- mande la commission rogatoire.
Parallèlement à cette activation de la Dic, le doyen des juges devrait convoquer prochainement Massata Diack en vue de sa mis en examen et de son audition sur la base du questionnaire de la commission rogatoire. D’ail- leurs on apprend que cette convocation a été lancée puis annulée pour des problèmes de calendrier.
Pour rappel, il a fallu attendre au moins trois ans pour que la démarche de la justice française aboutisse. En effet, le 20 mai 2016, les juges Renaud Van
Ruyembeke, Stéphanie Tacheau et Charlotte Bilger chargés de cerner l’affaire de corruption présumée à l’Iaaf et ses tentacules saisissaient les autorités judiciaires sénégalaises pour identifier les comptes et biens de Papa Massata Diack mais, surtout, procéder à sa mise en examen. L’ancien Garde des Sceaux, Sidiki Kaba, leur avait opposé un refus par courrier en date du 25 juillet 2016. Les juges français sont revenus à la charge mais, le ministère sénégalais de la Justice convoquait la procédure pendante devant le premier cabinet d’instruction de Dakar dans la- quelle Papa Massata Diack a été
inculpé et placé sous contrôle judiciaire pour encore refuser la demande des magistrats. Entre temps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.
A Buenos Aires, lors de l’attribution au Sénégal par la Cio de l’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse de 2022, son président Thomas Bach rencontre Macky Sall et lui fait part des difficultés des magistrats français à exécuter une commission rogatoire au Sénégal. Le Président sénégalais lui assurait que tous les écueils seront levés et Bach lui adressera même quelques jours après une lettre, comme un rappel : «L’engagement de votre
gouvernement serait particulièrement apprécié », écrit-il.
A signaler que l’affaire de corruption présumée à l’Iaaf comporte plusieurs volets. Et dans tous les dossiers, Massata Diack qui continue de nier les faits, apparaît comme une pièce centrale.
Dans le volet relatif au dopage russe, le parquet financier a requis le renvoi devant le tribunal de l’ancien président de l’Iaaf. En mars dernier, Lamine Diack a été mis en examen pour corruption active en même temps que le patron de BeIn sport, Nasser Al Khelaïfi. D’après l’accusation, en vue d’influencer le vote pour l’organisation des mondiaux d’athlétisme par le Qatar, Oryx Qatar Sports Investment, contrôlés par Nasser Al-Khelaïfi et son frère Khalid a versé 5,5 millions de dollars à Pamodzi, la société de Papa Massata Diack. Auparavant, Tsunekazu Takeda, le président du comité olympique japonais avait été inculpé dans le volet relatif aux jeux de Tokyo tout comme, avant lui, son homologue brésilien Carlos Nuzman.