Dakarmidi- Le Sénégal, son pays, qui, jadis chanté et auréolé tel un leitmotiv, est aujourd’hui jeté à la pâture. Pourquoi cela? Qu’est-ce qui justifie ce triste maquillage aux allures d’une étoile filante? Comment en est-on descendu si bas du piédestal ?
Le mal est depuis longtemps dans les racines. Nous, le peuple souverain, sommes complices de l’état de déliquescence des valeurs séculairement cardinales. Le peuple, adhérant, acquiesçant et même se complaisant, avalise aveuglément les actions veules, hypocrites et sournoises des gouvernants. Leur mainmise et leur pouvoir machiavélique sur la volonté du peuple me dissuadent aujourd’hui de croire que ce dernier est souverain.
La complicité de la coterie des chefs religieux, du conglomérat des acteurs de la société civile et de l’agrégat des organisations sociales donne libre cours aux actes velléitaires des hommes politiques qui festoient au faîte de la pyramide régalienne.
Les autorités du pouvoir spirituel sont tellement consentantes et conspiratrices avec l’État que celui-ci s’arroge impunément tous les droits d’assujettir ses citoyens au point de compromettre toutes leurs chances d’être des hommes au plein sens du terme. Aujourd’hui, plus que jamais les chances de chaque sénégalais de vivre pleinement son bonheur sont renvoyées aux calendes grecques. On pourrait même dire, si on ne risque pas de recevoir la furie des fanatiques, que le mal du Sénégal n’est ni plus ni moins que les porteurs de la voix religieuse.
Jules Ferry, pour ne pas le nommer, disait : » ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons ». Dans quel sens? Dans le sens où l’éducation inculquée aux enfants permet à ceux-ci de devenir homme. C’est-à-dire que si ces enfants grandiront et que les semences naturelles dont ils sont enceints se seront écloses et arriveront à leur entéléchie, ils deviendront hommes et capables de distinguer la propriété privée des deniers publics.
Mais pour cette fin si noble et si honorifique, il faut une politique éducative franche accompagnée d’une volonté politique juste et exempte de tout intérêt mensonger. Ainsi, faut-il que la société civile, les organisations de défense des droits de l’homme et le pouvoir spirituel accompagnent les associations syndicales dans le bras de fer qui les oppose à l’État afin de restaurer l’image de l’école sénégalaise et lui donner les chances d’atteindre sa vocation originelle qui est d’aider l’élève à Apprendre à Progresser et à Réussir, (A.P.R.). Au demeurant, il ne faudrait surtout pas les affubler de critiques et de quolibets du genre » chasseurs de primes », » revendications à caractère lucratif uniquement « …
Oui, réussir avec les autres, car la réussite n’a de valeur ni de sens que si ses œuvres et ses fruits sont partagés avec ceux sans lesquels nous ne sommes rien. Autrement dit, la réussite doit nécessairement poursuivre une fin socialement valorisée. De ce fait, le rôle de l’école ne pourrait jamais déroger à sa mission sacerdotale qui est de donner à l’humain le sens de l’altruisme et l’amour du prochain : un vrai philanthrope alors, on ne troquera plus les milliards des sénégalais sans la complicité, la duperie et la culpabilité desquels on n’aurait jamais une réputation nationalement et internationalement aussi lamentable que piteuse, fût-il frère, ami ou acolyte du président qui, du reste, n’est rien sans le peuple qui l’a porté au pinacle.
Il est donc un devoir d’une impérieuse urgence de soutenir des hommes qui, avant de s’immiscer dans la vie publique pour parler et agir au nom du peuple, qu’on ait des valeurs hautement humaines telles que la suffisance, la sobriété, la frugalité, la sagesse, la sincérité, le patriotisme, l’humanisme et le désintéressement…
Sénégalais et sénégalaises, prenons notre destin en main et refusons de faiblir et de suivre les autres nous torpiller comme bon leur semble. Ne nous laissons pas gouvernés par procuration sinon nous en répondrons d’ici et d’ailleurs.
Le Sénégal de tous et de chacun j’y crois, à condition de participer activement à la manière dont il est géré pour avoir un Plan Sénégal Épanoui et non un Plan Sénégal Endetté.
Mamadou Ciré Sy, Professeur de Philosophie au Lycée CALD de Mbour, ancien Normalien.