Dakarmidi – Lors de la dernière fête de Korité, le ministre de l’intérieur assurait pour la énième fois que « les cartes d’identité (biométriques) seront produites à suffisance et distribuées à temps à leurs propriétaires ». Sur l’esplanade de la Grande Mosquée de Dakar, le président de la république, lui-même, réitérait les mêmes promesses au sortir de la prière de la korité. A une semaine du scrutin, les membres de la CENA (Commission électorale nationale autonome) rencontrent le ministre de l’Intérieur et affichent, à leur sortie d’audience, leurs préoccupations par rapport aux aveux « sincères » et naïfs du ministre en charge des élections, aveux, selon lesquels : « l’ensemble des inscrits n’auront pas finalement leurs cartes d’identité (biométriques) d’ici le 30 juillet 2017!».
Le lundi 24 juillet 2917, le Président de la république écrit au Conseil constitutionnel, pour avoir le cœur net sur la possibilité (juridique) de faire voter les Sénégalais, n’ayant pas reçu leurs cartes d’identité (biométriques) de la Cedeao, sur la base de la présentation d’un des documents suivants :
1- l’ancienne carte d’identité numérisée ou l’ancienne carte d’électeur numérisée
2-le récépissé de la carte biométrique, pour les primo-inscrits, ne disposant pas encore des pièces requises.
3- le passeport
4- le permis de conduire.( pour ironiser sur l’idée qui leur paraît saugrenue, les Sénégalais, dans les réseaux sociaux, y ajouteraient toutes sortes de cartes…).
Cette démarche bizarre et d’allure antidémocratique, nous amène à nous poser un certain nombre d’interrogations:
– Qu’est-ce qui empêchait le Président Macky Sall de reconduire les anciennes cartes d’électeurs numérisées, au lieu de s’engouffrer dans l’aventure de la fabrication de cartes (biométriques) de la Cedeao, ce qui aurait permis d’économiser plusieurs milliards de francs CFA au trésor public et du temps, aux pauvres sénégalais que nous sommes?
– Pourquoi le chef de l’État, n’a-t-il pas daigné consulter les acteurs politiques sur les cafouillages impardonnables de son ministre en charge des élections, M. Abdoulaye Daouda Diallo, notamment lorsque ce dernier a compris qu’il ne pourrait plus tenir sa promesse vis-à-vis du peuple sénégalais, qui a pourtant consenti un sacrifice pécuniaire, de plus de 50 milliards de francs CFA, afin d’obtenir des cartes biométriques intégrées ?
-Le Conseil constitutionnel est-il vraiment compétent pour indiquer, même subtilement, la manière de contourner, les exigences de la loi électorale, à savoir, voter avec la carte d’électeur?
Tout laisse croire que le chef de l’État ne maîtrisait pas du tout la situation de la production et la distribution des cartes biométriques, si l’on sait que la première date qu’il avait retenue pour le déroulement des élections législatives, correspondait, dans un premier temps, au 02 juillet 2017!
En s’entêtant de vouloir trouver en solo, des solutions au processus électoral, sans l’implication des acteurs politiques, le président de la république n’est-il pas en train de créer les conditions objectives d’un contentieux électoral sans précédent au Sénégal ?
Les multiples anomalies qui ont émaillé le processus de fabrication et de distribution des cartes d’identité (biométriques), montrent assez clairement que le pouvoir ne semble pas outillé pour organiser, des élections législatives libres, démocratiques et transparentes le 3à juillet 2017.
Les autorités en charge de la distribution des cartes d’identité (biométriques) auraient dû recourir, depuis quelques semaines, au recrutement des jeunes vacataires, équipés de mobylettes pou être chargés, avec l’aide des chefs de quartier et de Baddianou Gokh,de distribuer les cartes à leurs destinataires.
Au vu de tout ce désastre, provoqué par la non obtention de la carte Cedeao à date due, on pourrait légitimement se demander : Est-ce qu’il y avait bien une volonté politique sincère, derrière la confection des cartes biométriques ?
Mamadou Bamba Ndiaye