Libérés de prison jeudi soir à la suite de la promulgation de la loi d’amnistie, Bassirou Diomaye Faye candidat à la Présidentielle et son leader Ousmane Sonko n’ont pas perdu du temps pour prendre la parole. Ils ont donné une conférence de presse ce vendredi à Dakar.
Après avoir parlé de son séjour carcéral, le candidat de la coalition ‘’Diomaye Président’’, Bassirou Diomaye Faye a rappelé, la place qu’il compte accorder à la restauration de la « dignité de la justice », ajoutant que le poste de vice-président qu’il propose sera élu en tandem et s’inscrit dans une perspective de « rééquilibrage » des pouvoirs afin que président de la République n’écrase pas de tout son poids les autres pouvoir notamment le législatif et le judiciaire.
Toujours dans le chapitre des reformes, il estime que le foncier est une « ressource extrêmement précieuse » et que les conclusions de la commission nationale de réforme foncière ne sont pas appliquées par manque de « courage politique ». En cela, il a rappelé qu’a l’état actuel des textes, « On ne peut pas bâtir son programme économique sur l’agriculture avec la loi qui dit que les terres n’appartiennent à personne et on ne peut pas les valoriser auprès d’aucune banque ».
« Les reformes foncières que nous voulons mener pour soutenir l’agriculture et la financer convenablement, c’est d’octroyer des titres fonciers à des coopérative d’exploitation. Sans cela, il n’y aura pas de souveraineté alimentaire dans ce pays », s’est engagé le candidat de la coalition ”Diomaye Président”.
Il a aussi proposé de revoir la gestion de L’hydraulique rurale, arguant que « les factures sont plus élevées en zone rurale qu’en milieu urbain», alors qu’il y a plus de ressources en ville.
Bassirou Diomaye Faye a réaffirmé la position de sa coalition sur la question du Franc CFA, notant que 63 ans après les indépendances, « on ne doit pas avoir peur d’aborder des questions aussi importantes que la souveraineté monétaire », qui interpelle très souvent les élites. « Il n’y a pas de souveraineté comme nous le voulons, s’il y a pas de souveraineté monétaire », rappelant que sa coalition se bat et réclame « un Sénégal souverain et prospère dans une Afrique de progrès ».
Par ailleurs, Bassirou Diomaye Faye, prenant en témoin son leader Ousmane Sonko, a fait savoir qu’il a, en 2023, « pris la responsabilité de contacter Amadou Sall pour lui dire qu’à partir du moment où son papa a décidé de ne plus aller à l’élection, qu’il est la seule personne à pouvoir l’aider à sortir par ce qui reste de la grande porte. « Et que tout ceux qui veulent être candidat vont l’encourager à continuer la répression. Il s’en est rendu compte trop tard pour essayer de rétropédaler et appeler à l’apaisement mais le mal était déjà fait », a-t-il expliqué.
S’agissant d’Ousmane Sonko, il confirmé avoir été démarché lors de son séjour carcéral par des émissaires mandatés par le pouvoir pour des discussions allant dans le sens d’une décrispation de la vie politique au Sénégal.
Selon l’opposant, ces discussions ont tourné autour de trois points, à savoir le report de l’élection présidentielle, le vote d’une loi d’amnistie et la tenue d’un dialogue national. Mais il affirme avoir rejeté “toutes ces propositions”, arguant qu’il ne négocie pas “avec un pistolet sur la tempe”.
«J’ai fait tout mon possible pour que les élections ne soient pas reportées. J’ai même demandé à mes avocats de ne pas déposer un rabat d’arrêt dans l’affaire Mame Mbaye Niang pour éviter qu’il prenne cela comme prétexte. J’ai appelé Habib Sy pour qu’il demande à ses anciens amis du PDS de ne pas se laisser manipuler par le président Sall pour reporter les élections», révèle-t-il jurant qu’il « n’y a pas eu de troc » et « aucune contrepartie n’a été donnée à qui que ce soit », a révélé le leader de Pastef.
“S’il y a quelqu’un qui devait contester ces décisions du Conseil constitutionnel, cela devait être moi”, a-t-il martelé, en faisant allusion à ses déboires avec la justice qui ont contrarié son ambition de porter candidat.
“L’essentiel était que « le projet » arrive à placer des candidats. Et cela, on l’a réussi. Ce projet dépasse nos petites personnes”, a-t-il poursuivi.
Il a assuré que si son candidat remporte les élections, il ne compte pas s’inscrire dans “une dynamique de vengeance, mais dans une démarche de rétablissement de la justice”.
Ousmane Sonko n’a pas manqué de tirer sur Macky Sall mais surtout sur Amadou Ba, candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar, qu’il juge plus dangereux que son mentor.
« Nous demandons au président Macky, étant donné qu’il ne veut plus de son candidat, quelqu’un qui, à travers des mallettes, a pu tenir l’État entre ses mains, de faire tout son possible pour que l’élection se passe normalement. », martèle le leader des « Patriotes ».
Pour lui, donner le pays à Amadou Ba reviendrait à le donner aux étrangers. « Les Sénégalais doivent se demander d’où viennent les milliards d’Amadou Ba. Moi, lui et Diomaye exerçons le même travail. Donc, d’où viennent ses milliards ? », s’est-il demandé. Et c’est pour dire que le « plus grand danger qui guette le Sénégal aujourd’hui, c’est Amadou Ba et il ne compte que sur l’argent ».
À ses partisans, le maire de Ziguinchor a fait savoir que dorénavant, « le seul adversaire face à eux, c’est Amadou Ba ».
Parlant de la nécessité d’adapter sa stratégie en fonction de l’évolution de la situation, il a fait référence à une tradition coranique relative à un pacte signé le prophète Mouhamed (PSL) avec les notables de la société mecquoise de l’époque.
En dépit de l’incompréhension et des critiques de ses plus proches collaborateurs, ce pacte avait permis à la religion naissante de gagner dix ans d’accalmie pour se préparer à ce qui est relaté dans la sourate “la grande victoire” ou l’ouverture de La Mecque.
Avec APS