L’arrestation de Sean Combs, dit Diddy ou Puff Daddy, et les révélations qui s’accumulent, ébranlent autant le show-business américain que la classe politique. Son cas est comparé à celui du milliardaire Jeffrey Epstein.
Une star planétaire du rap est sur le banc des accusés et c’est toute une industrie qui tremble. Depuis le 16 septembre, le producteur de musique Sean Combs, dit Diddy ou Puff Daddy, est poursuivi par la justice fédérale de New York pour des faits de trafic sexuel. Dans l’attente de son procès, le musicien, producteur, entrepreneur et philanthrope multimillionnaire est placé sous surveillance antisuicide en prison.
Le magnat du rap est accusé de trafic sexuel et extorsion, selon l’acte d’inculpation du parquet fédéral de Manhattan. « Pendant des décennies, [il] a abusé, menacé et contraint des femmes à satisfaire ses désirs sexuels, protéger sa réputation et cacher ses actes », est-il écrit dans ce document.
Une dizaine de plaintes pour des faits de violences sexuelles, séquestration sexuelle ou encore proxénétisme s’étaient accumulées ces derniers mois contre le chanteur. Le dossier s’annonce tentaculaire : les faits allégués remontent pour certains au début des années 1990.
Au 26 septembre, dix plaintes pour des faits de violence sexuelle avaient été enregistrées.
Ces plaintes s’inscrivent dans le cadre de récents dispositifs judiciaires de lutte contre les violences sexuelles adoptés par l’Etat de New York, en particulier l’Adult Survivor Act (« loi sur les adultes survivants »). Entré en vigueur le 24 novembre 2022, il a permis à des victimes de porter plainte pour viol ou agression sexuelle, même pour des faits prescrits, pendant un an.
C’est dans ce cadre que les trois premières plaintes visant Sean Combs ont été déposées. Cette loi est aussi à l’origine d’actions judiciaires visant d’autres célébrités, comme l’acteur Bill Cosby, l’ancien maire de New York Rudy Giuliani ou encore l’ancien président Donald Trump, dans des affaires distinctes.
Un autre dispositif, le Victims of Gender Motivated Violence Protection Law (« loi de protection des victimes de violences de genre »), adopté le 1er mars 2023, a ouvert une fenêtre de deux ans pour porter à la connaissance de la justice des faits éventuellement prescrits. Plusieurs plaintes contre le rappeur ont été déposées dans ce cadre.
Plusieurs proches de Diddy sont directement incriminés dans les plaintes et accusés, d’une manière ou d’une autre, d’avoir participé à des viols collectifs. Parmi eux, son fils Justin Dior Combs, des employés du rappeur, l’acteur Cuba Gooding Jr. et plusieurs dirigeants de l’industrie musicale, comme le président de Bad Boys Records, Harve Pierre, le directeur exécutif d’Universal Music, Lucian Grainge, l’ancien dirigeant de Motown Records, Ethiopia Habtemariam… L’assistante de Sean Combs, Kristina Khorram, est comparée dans une plainte à Ghislaine Maxwell, la femme condamnée pour avoir recruté les jeunes femmes abusées sexuellement par le milliardaire Jeffrey Epstein.
Harve Pierre conteste des « allégations dégoûtantes », tandis que le garde du corps de la star, Joseph Sherman, « nie catégoriquement, un milliard de fois ».
D’autres noms de stars internationales ont été cités pour avoir participé aux gigantesques soirées mondaines organisées par Sean Combs dans les années 1990 et 2000, les white parties (« fêtes blanches », en référence à la tenue vestimentaire exigée). C’est le cas de Leonardo DiCaprio, que des photos d’archive montrent verre de champagne à la main auprès du rappeur, ou du milliardaire Donald Trump, qui ne s’était pas encore lancé en politique.
Le prince William est également cité dans une plainte comme un exemple de célébrité qui aurait apporté à Diddy son prestige et sa légitimité. Ils ne sont pas suspectés d’avoir participé ni d’avoir eu connaissance des viols supposés.
Lemonde