Dakarmidi – « Mon cher Thierno, je vais me permettre de te tutoyer parce que tu as été, dans un passé récent, un camarade à l’APR. Toi, coordonnateur de la convergence des cadres républicains(CCR), Moi président du comité scientifique. Aujourd’hui tu es parti, moi je suis resté. Mais je voudrais te rappeler que le 12 décembre 2009, quand tes camarades de la CCR entérinaient la proposition du Président de l’Alliance Pour la République de faire de toi leur coordonnateur, ils ne se doutaient point qu’un jour tu allais partir sans les remercier pour le soutien qu’ils t’ont apporté. C’est vrai que ton bilan en tant que coordonnateur de la structure n’est pas fameux mais à titre individuel tu t’es bonifié grâce à un encadrement dévoué de tes camarades en particulier ceux du comité scientifique. Il est instructif donc de te rappeler que tu as toujours sollicité ce comité pour trouver les solutions idoines à tes préoccupations.
Hier la CCR t’a servi de tremplin pour ton ascension, aujourd’hui tu nous défie. C’est la marque de l’ingratitude. Et puisque tu te présentes comme un « homme de valeurs », mon propos sera de te trouver dans ce domaine que tu affectionne avec beaucoup d’hypocrisie, pour m’interroger sur tes valeurs. D’abord, qu’est-ce que la valeur mon cher Thierno? C’est, selon le dictionnaire Larousse, ce qui est posé comme vrai, beau, bien, d’un point de vue personnel ou selon les critères d’une société et qui est donné comme un idéal à atteindre, comme quelque chose à défendre. Sous ce rapport, peux-tu vraiment enseigner aux jeunes la reconnaissance à l’endroit d’un bienfaiteur au moment où tu es le prototype de l’ingratitude ? Dans la pyramide des valeurs figure, d’abord en bonne place, la reconnaissance qui est la réponse appropriée à l’endroit d’un bienfaiteur.
D’ailleurs, les psychologues disent que l’expression de la gratitude est un gage de bonne santé mentale, physique et relationnelle. Dire « Merci » après avoir reçu le service d’un bienfaiteur aide à prendre conscience que nous avons besoin des autres pour exister. Faut-il le rappeler, tu es devenu subitement inconscient, amnésique et inconséquent avec toi-même. J’attends ton «Merci » à l’endroit de la CCR, à l’égard du Président Macky Sall qui t’a sorti du désert de l’anonymat pour te propulser vers les hautes cimes de l’APR et de l’Etat. Illustre inconnu, tu as gravi successivement des échelons politiques et étatiques par la volonté d’un homme de bien, le Président Macky Sall qui t’a accordé sa confiance. Il a fait de toi le coordonnateur de la CCR, il t’a nommé membre du directoire de l’APR, coordonnateur de l’APR dans la commune de Thiès, membre du Secrétariat Exécutif National, Directeur Général de l’ARTP, Ministre des infrastructures et du désenclavement, Ministre de l’énergie et du développement des énergies renouvelables. Cette ascension fulgurante n’est pas le fruit de ta compétence ni de ta valeur sociale. Alors mon cher « Thierno », pour bien répondre de ton nom qui signifie « le maitre » en poular, il faut que tu aies l’humilité de dire « merci » à tes camarades de la CCR et au Président Macky Sall. Nit defay goré, kollÖré ginaaw lay fété.
La gratitude fait du bien pour celui qui l’exprime. Malheureusement, te connaissant, tu n’es pas capable de dire « merci » à un vivant car tu es un indécrottable prétentieux, un homme trop imbu de sa personne, un homme qui se croit sorti de la cuisse de Jupiter. Tu es incapable d’adopter une attitude et une posture de noblesse. Tu penses que c’est à toi de faire la société car tu te suffis à toi-même. Tu es l’exemple achevé de cette suffisance longtemps dénoncée par Aristote : « celui qui se suffit à lui-même, ne fait pas partie de la cité et par conséquent est une brute ».
Dans la pyramide des valeurs figure, ensuite, en bonne place, la loyauté qui cultive, chez l’homme d’état, la finesse et le sens particulier de l’exercice de la responsabilité, le respect des institutions et l’acceptation de l’autorité. Par définition, la loyauté est la fidélité et le dévouement envers une cause ou une personne, la mise en pratique des lois de l’honneur et de la probité, le désir de vivre de manière vraie et pure, sincère et honnête. C’est une qualité morale, une attitude d’esprit, une vertu, une force de caractère, qui exclut la tromperie et le mensonge. Le sens de la loyauté consiste alors à rester fidèle à un engagement. Accepter de servir sous une autorité, est d’abord un engagement moral avant d’être un engagement tout court. C’est pourquoi je me sens scandalisé quand je t’entends dire, avec véhémence, que tu as démissionné tu n’as pas été limogé du gouvernement et que ta lettre de démission était déjà disponible au niveau de ton cabinet. Du grand n’importe quoi !
Ce qui est authentique et vérifiable, c’est le décret n° 2017-696 du 02 mai 2017 mettant fin à tes fonctions de Ministre de l’Energie et du Développement des Energies renouvelables. Tout le reste c’est comme le dit le proverbe : à beau mentir qui vient de loin. Ecrire ta lettre de démission sans en informer l’autorité du Premier Ministre, c’est poignarder la hiérarchie gouvernementale. Je te rappelle que c’est le Président de la République qui nomme, par décret, le gouvernement, sur proposition du Premier Ministre. Par élégance républicaine, tu aurais dû t’en ouvrir à ton supérieur hiérarchique d’abord. Le cas échéant, le Premier Ministre que je connais, saurait te faire remarquer ton impertinence et ton immaturité. Ecrire ta lettre de démission sans demander d’abord l’avis du Président de la République, est un crime intentionnel contre la confiance de l’autorité suprême qui t’as choisi, parmi quatorze millions de sénégalais et parmi les cadres de l’APR, pour assumer des responsabilités stratégiques au plus haut sommet de l’Etat. Ta félonie n’a pas d’égal!
Dans la pyramide des valeurs figure, enfin, en bonne place, la décence. Cette exigence qui caractérise les grands hommes manque chez toi. Je me sens peiné de t’entendre critiquer aujourd’hui ce que tu as défendu bec et ongle hier. Je n’ai jamais vu quelqu’un faire preuve d’une telle mauvaise foi. Finalement à quel thierno se fier ? Le thierno qui, après sa nomination, le 23 juin 2015, comme ministre de l’énergie, disait, dans la presse ce qui suit: « je voudrais réaffirmer mon engagement total à servir, sous l’autorité du Président Macky Sall, le Sénégal. Des avancées significatives ont été notées et c’est pour cela qu’on ne doit nier le travail important qui a été fait. Je suis habité par le sens des responsabilités qui m’attendent et par l’obligation de ne pas faillir. C’est une mission de combat» Ou bien le thierno qui dit le 03 janvier 2018 ceci « le Sénégal régresse pendant que l’opacité, la loi du plus fort et le déni du droit font des progrès fulgurant ». Qu’est-ce qui a changé, en si peu de temps, entre la date de ton limogeage et le 03 janvier 2018 ? En 08 mois, le Sénégal peut-il dégringoler aussi rapidement vers le tableau sombre que tu peins ? La réponse est évidemment non. Je te croyais plus sérieux que cela ! Il est choquant de te voir critiquer avec des arguments tirés par les cheveux ce que tu as défendu naguère. La meilleure manière de te crédibiliser est d’assumer ton passage dans le gouvernement et montrer que tu es comptable de ce que tu critique aujourd’hui. Tout ce que tu racontes en ce moment sur l’AIBD, le contrat pétrolier de Total et que sais-je encore… est contraire à la réalité. J’y reviendrai prochainement avec de plus amples informations.
Mon cher Thierno, on peut mentir et tromper les autres mais comme le disait Abraham Lincoln : « vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps. »
Je voudrais conclure mon propos en empruntant la formule de Sören Kierkegaard: « il y a deux façons de se tromper : l’une est de croire ce qui n’est pas, l’autre de refuser de croire ce qui est ». Tu te trompes parce que tu crois que tu es au-dessus de tous. Tu te trompes parce que tu refuses de croire que ton impertinence amuse la galerie. C’est pourquoi, il est bon pour toi de comprendre que ce ne sont pas tes mouvements de menton à travers la presse qui vont nous perturber. Ce ne sont pas, non plus, tes critiques relevant plus de la suffisance et de la démagogie qui vont retenir notre attention. Ce ne sont pas, hélas, tes plastronnades, tes rodomontades et tes fanfaronnades dans les studios de radios et télévisions qui feront de toi un leader politique crédible. L’exigence pour un leader politique qui veut faire carrière, comme tu le prétends, c’est d’être cohérent avec son passé, bien dans son « aujourd’hui » et logique avec son avenir ».
Diamé DIOUF
Président du comité scientifique de la CCR
Conseiller municipal à Thiomby