Dakarmidi – J’aurais pu titrer mon article par une simple provocation : khadim mbaye fait la leçon à Mame Mbaye Niang. Pourquoi ne l’ai-je pas fait ? Par ce que ce serait une attaque personnelle, inutile, un tapotage qui diluerait certainement le sens de ma pensée. Pour dire vrai, je n’ai rien contre la personne de notre ministre du tourisme. D’ailleurs, d’après ce qu’on m’a dit de lui, il se trouve être un ami de la première de la dame, Marieme Faye Sall, et un sympathique bras droit du président de la République.
Qu’est ce qu’il en à faire du bavardage d’un journaliste débutant? Seulement, je tenais quand même à lui faire parvenir une requête formulée par un touriste français que j’ai rencontré en ce début du mois de mai à El Jadida, plus précisément au Pullman mazagan royal golf & spa.
J’aimerais visiter le Sénégal mais…
Un véritable paradis niché au fond de la superbe baie de la ville côtière du Maroc, situé à 96 km de Casablanca. Ne me demandez surtout pas qu’est ce que je faisais dans cet endroit si paradisiaque, moi fils de paysan. Tout ce que je sais c’est que j’y étais, à trois reprises d’ailleurs pour ceux qui oseraient en douter. Alors, qu’est ce que ce visiteur français m’a dit sur Mame Mbaye Niang? En réalité, il n’a rien dit sur le militant de l’APR. Il s’est adressé plutôt à notre ministère du tourisme. Qu’est qu’il a dit à ce propos ? Rien de grave, il a juste fait une simple requête. Laquelle ? Il m’a dit ceci alors qu’on était dans une pleine discussion sur le tourisme en Afrique de manière générale, « j’aimerais bien visiter le Sénégal ». « J’aimerais ? », (j’aime les relances, c’est un reflexe chez moi). Il me répond « oui, j’aimerais visiter votre pays, ce qui veux dire que je l’ai pas encore fait. Et pourquoi donc (relance légitime non) ?
« …vous avez un très mauvais ministre du tourisme »
Je dois vous avouer que j’ai failli passer à côté de sa réponse, complètement pris dans le piège. En patriote blessé, je me lance dans d’un interminable discours pour laver immédiatement l’affront que cet idiot de touriste vient de me faire subir, en ayant osé comparer le Sénégal avec les autres pays du continent en guerre, ravagés par la famine et le choléra…Et là, il m’assène un coup sec pour me calmer: « inutile de me dire tout cela car je sais que le Sénégal est un pays sûr, une nation démocratique, un exemple unique en Afrique. Mais moi ce n’est pas ce à quoi je m’attends quand je décide de partir en vacances. Pensez-vous que le Sénégal est plus sûr que la France ? »
Sommé de répondre, je tente de formuler une réponse: non mais… « Il n’y a pas de non mais…(il me coupe encore la parole) le problème chez vous, c’est que vous avez du feu et des œufs mais vous ne savez pas faire des omelettes ». Ah oui ? Il poursuit tout confiant et tout sourire, « Moi quand je pars en vacances, je suis toujours accompagné par ma famille, et une fois, on voulait partir au Sénégal mais on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de terrain de golf chez vous alors que ma petite fille, elle, aime les parcours et les vues superbes, choses qui n’existent pas au Sénégal. Vous en êtes sûr ? Oui à 100% !
Je pense que vous vous êtes trompés de pays, car nous avons quatre golfs, je crois, dont le golf de Saly, un parcours très « Out of Africa » et son jardin d’Eden de 18 trous, ai-je tenté de me défendre. Et là, il me sort une autre salve, « dans ce cas, vous avez un très mauvais ministre du tourisme ». Pourquoi il ne fait pas la promotion de tout cela ? De plus, ajoute–t-il, il n’y pas que ça. Dis-moi tout alors ? Il me raconte une histoire que quelqu’un d’autre lui a racontée. Un ami m’a dit que pour aller en Casamance, précisément à Kédougou, raconte-t-il, les touristes sont obligés de s’encastrer dans des cercueils volants, de vieux aéronefs !
Dakar-Kédougou à bord d’un cercueil volant
A ce stade de la discussion, j’ai pris la décision de mettre mon patriotisme en Berne. Non pas pour dénigrer mon pays face à ce blanc qui se moque carrément de notre ministre, mais pour avouer enfin une vérité que j’avais du mal, jusqu’ici, à masquer. Effectivement, l’histoire est vraie. Je me rappelle de mon premier voyage de presse au sud du pays à bord d’un avion affrété par un riche proche du président de la République. Il y avait en réalité deux petits avions. Un pour le big boss et un autre pour les journalistes qui devaient l’accompagner. Alors qu’est ce qui s’est passé ?
C’est que les deux avions ont pratiquement les mêmes références mais ils ont fait le même parcours en deux temps. L’un a fait seulement 45 mn pour manger le trajet Dakar-Kédougou alors que pour la même distance, il a fallu, à notre vieil appareil, plus d’une heure et demi dans les airs avant d’atterrir. Ce voyage a été la plus longue aventure de ma vie. D’ailleurs à un certain moment du vol, je n’avais plus peur par ce que je savais pertinemment que j’aillais mourir ce jour là. Et malgré tout.
Par Khadim MBAYE