Dakarmidi – Jadis une des plus belles Baies du monde à côté de celle de Rio de Janeiro, au Brésil, et peut-être de la Baie des Anges, en France, la Baie de Hann est morte écologiquement, en raison du rejet direct d’effluents industriels et domestiques. Les travaux, tant attendus, du projet de sa dépollution ont été lancés ce vendredi, 25 septembre. La cérémonie de lancement a été présidée par Serigne Mbaye Thiam, le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, sur le quai de pêche de Hann, en présence de Lansana Gagny Sakho, le Directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS).
Le projet en chiffres
Sur le document de presse, il est mentionné que le montant du projet est estimé à plus de 69 milliards F CFA. Mais, a rectifié la tutelle, « le coût global toutes taxes comprises est de 93 milliards F CFA, à la différence des 70 milliards 300 millions avancés, qui est le coût hors taxes, dont 26 milliards 600 millions F CFA sur le budget de l’État du Sénégal, y compris 22 milliards 700 millions de taxes. 34 milliards 800 millions de prêts de l’Agence française de développement (AFD) dont les 15 milliards sont en cours d’instruction. 13 milliards 100 millions de subvention non remboursables des Pays-Bas, 9 milliards 100 millions de subvention non remboursables de l’Union européenne, et 9 milliards 400 millions de prêts en négociation presque bouclées auprès de la China Development Bank. »
Et, a-t-il promis : « l’espoir des populations aussi bien résidentes que celles qui s’activent dans les secteurs économiques au niveau de la Baie va ainsi être concrétisé après près de deux décennies d’attente. Dans trois ans, la Baie sera dépolluée avec un système d’assainissement complet, adéquat. Ce projet engendrera une amélioration notable des conditions de vie des populations riveraines de la Baie de Hann, et réduira les incidences des maladies hydriques. Il permettra d’améliorer significativement la qualité des eaux de la Baie. Ce qui favorisera le renouvellement de l’écosystème, et le développement de l’investissement portuaire. »
Par ailleurs, a-t-il souligné : « le projet de la dépollution de la Baie de Hann, c’est aussi l’assainissement du Port de Dakar. En effet, les eaux usées en provenance du Port sont prises en compte dans le dimensionnement des infrastructures de transfert. Au-delà, le projet est un levier pour faire avancer la réforme en cours dans le secteur par l’introduction du principe pollueur-payeur, à travers l’application de la redevance d’assainissement industriel et la mise en place de mécanismes de prétraitement des eaux par les industriels. »
En charge de la réalisation de l’intercepteur principal de 14 975 ml, l’ONAS et les autres co-contractants sont invités « à ne ménager aucun effort » pour la réalisation du projet, « avec la qualité et les délais requis. »
« 500 000 habitants vont bénéficier d’un cadre de vie assaini »
En plus « de permettre de restaurer l’intégrité environnementale de la Baie de Hann, à terme, le projet devra permettre à 500 000 habitants de bénéficier d’un cadre de vie assaini », a relevé pour s’en féliciter l’Ambassadrice des Pays-Bas. D’autant plus qu’a-t-elle souligné « cela fait cinq ans que les ODD (Objectifs de développement durable) ont été adoptés par les Nations-Unis. Et il nous reste dix ans pour les remplir. Au nombre de ces ODD, le 6e fait justement référence à la garantie de l’accès de tous à l’eau, l’assainissement et l’assurance d’une gestion durable des ressources en eau. »
Irène Mingasson, Ambassadrice de l’Union européenne (UE), de renchérir : « la crise de la Covid-19 a mis en évidence plus que jamais nos liens indissociables entre un environnement sain et la santé de chacun. Et dépolluer cette Baie de Hann contribuera de manière substantielle à renforcer ce lien positif. »
Pour la feuille de route, Philippe Lalliot, Ambassade de France au Sénégal, a insisté sur « la pérennité des ouvrages, et des moyens qui sont nécessaires pour assurer la maintenance et la protection de ces équipements. » Dans ce sens, a-t-il dit : « l’effort qui se prolonge ici est un effort qui devra se poursuivre dans la durée, et qui demandera toujours la même détermination, la même constance et la même rigueur, de la part de tous ceux qui devront y participer. »
Les attentes des impactés
120 industriels environ seront raccordés au réseau d’assainissement.
La Baie de Hann, qui s’étend sur près de 20 km, couvre les zones de Hann – Bel Air, Dalifort, Thiaroye-Sur-Mer, Mbao, Guinaw rail sud, Tivaouane Diacksao, Diamaguene Sicap Mbao, Thiaroye Gare, et le Port autonome de Dakar (PAD).
« A Thiaroye-Sur-Mer, la population demande à être intégrée dans le projet de restructuration et de régularisation foncière, de maximiser le branchement domiciliaire, et d’utiliser la main-d’œuvre locale dans les travaux mais aussi dans la communication sociale », a plaidé Abdoulaye Pouye, le représentant des maires impactés.
Hôte de la cérémonie, Mamadou Mbengue, édile de Hann-Bel Air, a insisté sur la Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE).
Dans le cadre du projet, le canal 6 où « la quasi-totalité des entreprises polluantes sont connectées, sera totalement asséché, et retrouvera sa vocation initiale ».