Le Bac est un facteur d’égalité – c’est pourquoi nous devons améliorer la performance de la pensée critique.
Le diplôme du Bac constitue un marqueur social pour les classes populaires et supérieures – et à des degrés divers. Les élèves accordent au diplôme une valeur et un sens symbolique capital. Indépendamment des enseignements dispensés au cours de la formation, le diplôme est envisagé comme un facteur d’égalité et un instrument d’ascension sociale. Davantage que les résultats obtenus, ou le savoir-faire, c’est donc la « diplomation » qui compte. Certains y voient même un affranchissement des conditionnements sociaux ou encore une belle opportunité de carrière.
Avoir le Bac est synonyme de réussite sociale, de prouesse personnelle mais aussi de compétences dans certains domaines de connaissances.
Selon Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS, « d’un point de vue politique général, le diplôme est encore considéré comme un facteur d’égalité, qui renvoie aux dispositions intellectuelles de tout un chacun. La théorie républicaine perdure, fondée sur l’idée que la capacité rationnelle à développer des raisonnements (ce que traduit l’obtention du diplôme) permet de s’extraire des conditionnements sociaux ».
Tout est dit. Le Bac est l’expression d’un certain rationalisme politique légitimant l’égalité devant les murailles de la honte et du mépris social. Toujours est-il que les formations techniques sont différemment considérées selon les catégories sociales – les catégories supérieures et les catégories populaires n’ayant pas forcément les mêmes préoccupations à ce niveau.
Cependant, nos élèves sont-ils capables de réfléchir de manière critique ? Nos méthodes pédagogiques nous donnent-elles cette possibilité de développer des performances critiques chez les élèves ? Croit-on en la performance de la pensée critique au sein des écoles et dans les systèmes d’opération pédagogique ?
Le consensus d’experts du panel Delphi décrit la pensée critique comme un « processus de jugement d’autorégulation délibéré qui conduit à la résolution de problèmes et à la prise de décision ». Cette définition implique que la pensée critique est un processus intentionnel et autorégulé qui fournit un mécanisme pour résoudre des problèmes et prendre des décisions basées sur le raisonnement et la logique, ce qui est particulièrement utile lorsqu’il s’agit de questions d’importance nationale et mondiale.
En termes de pensée critique, il est important de comprendre ce qui fait sens dans la question. L’écriture est certes une méthode pédagogique permettant le développement de compétences en capacités cognitives ou réflexives, mais elle n’est pas bien enseignée au sein des écoles. Alors que l’écriture est un moyen d’améliorer la pensée critique chez les élèves et les étudiants, nous préférons accorder plus de temps à dicter des leçons aux élèves et à encourager le bachotage lors de révisions. Par exemple, j’enseigne à mes étudiants la communication écrite et critique selon les méthodes d’apprentissage productives que sont le résumé, l’analyse et l’activité de paraphrase de discours, de documents ou d’articles de presse, etc.
Par ailleurs, nous savons maintenant que les compétences de pensée critique offrent aux élèves et aux étudiants des avantages académiques, personnels et professionnels. Aujourd’hui, plus précisément, les chefs d’entreprise demandent des diplômés qui possèdent des compétences avancées en analyse et en communication, des méthodes d’enseignement qui améliorent l’apprentissage tout au long de la vie et, finalement, un système éducatif qui construit une nation de penseurs innovants et efficaces.
En effet, la conceptualisation Delphi de la pensée critique englobe plusieurs compétences cognitives qui comprennent :
1) L’analyse (la capacité de décomposer un concept ou une idée en éléments constitutifs afin de comprendre sa structure et ses relations inhérentes) ;
2) l’inférence (les compétences utilisées pour arriver à une conclusion en réconciliant ce qui est connu avec ce qui est inconnu) et ;
3) l’évaluation (la capacité de peser et d’examiner les preuves et de porter des jugements raisonnés dans un contexte donné).
Le concept de pensée critique inclut les tendances ou dispositions comportementales ainsi que les compétences cognitives ; celles-ci incluent la tendance à rechercher la vérité, à être ouvert d’esprit, à être analytique, à être ordonné et systématique et à être curieux. Nos étudiants sont-ils bien outillés à ce niveau ? La réponse demeure latente.
El Hadji Thiam est le rédacteur fondateur du magazine School +.