Après sa démission du parti Pastef, Abdoulaye Faye dit Pythagore, ex coordonnateur du Pastef en Suisse, a décidé de rejoindre la mouvance présidentielle et accompagner le président Macky Sall. Il l’a fait savoir ce dimanche 16 avril 2023, à l’occasion du lancement de son mouvement Paix – Démocratie – État De Droit (PDE/And Ligeey Sénégal).
Voici sa déclaration :
C’est avec un plaisir non feint, que je me présente devant vous, aujourd’hui. Comme disent les wolof: «Khar Day vessous Mboteh». Enfant du Baol, vivant en Suisse, ayant grandi à Dakar et côtoyé des personnalités de premier plan, parmi lesquelles le président Wade, Thierno Alassane Sall, Boubacar Camara, Abdoul Mbaye, la politique est devenue, au fil du temps, ma passion première. J’ai compris que la politique, au sens grec du terme (politicare), gérer les affaires de la cité, était l’endroit où on pouvait changer le cours de l’histoire et qu’il fallait intégrer les outils légaux de conquête du pouvoir que sont les partis politiques.
C’est dans ce contexte que j’ai rejoint le Pastef et participé, de manière non négligeable à son ascension dans la Diaspora européenne, plus particulièrement en Suisse où je fus membre fondateur et premier coordonnateur. La dynamique des débuts fut bonne. Nous étions tous dans l’euphorie de pouvoir changer fondamentalement la façon de faire de la politique au Sénégal. C’est ainsi que les slogans le don de soi pour la patrie, la politique autrement, devinrent nos slogans fétiches. Nous avions des séances de coordination, jusque tard dans la nuit avec le management basé au Sénégal. Nous avions de l’espérance pour le projet Pastef et le management du parti avait toutes les cartes en mains pour mener le projet d’émancipation africaine à bon port pour les raisons suivantes:
-Des textes à conception participative ;
-Une grande capacité de mobilisation financière des militants ;
-Une figure politique avec un bon parcours ;
-Un bon projet.
Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, voir même de l’Afrique, un parti est financé par ses adhérents et pouvait échapper à la malédiction de la structure personnelle dirigé par un entrepreneur politique autocratique qui décide de tout sans que les militants puissent s’y opposer. Malheureusement, son management s’est embourgeoisé, pensant que la victoire était acquise d’office. Grisés pour les bons résultats des élections locales et législatives, le Pastef s’écarte de plus en plus de ce qui faisait, jadis son succès. Toute tentative de démocratisation interne est étouffée dans l’œuf.
C’est dans ce contexte que la circulaire 17/08/PROS/22 donnant le calendrier de renouvellement des instances, voulu par le président Ousmane Sonko, a fini dans les tiroirs. La nature ayant horreur du vide, les réseaux de connivence à la tête desquels vous avez le secrétaire national (Diomaye Faye), ont pris en otage le parti et changé son fonctionnement en véritable mafia organisée non pour l’intérêt général du parti et du Sénégal mais pour la défense d’intérêts propres d’une clique de prétentieux. Ironie de l’histoire, le système tant décrié par Pastef se retrouve en son sein avec plus de prégnance. Le seul droit qui semble rester au militant de base de Pastef est le droit de payer et de se taire. Aucun bilan financier n’est fait aux militants après deux grandes récoltes de fonds. Les militants ne savent pas non plus où va l’argent de la vente des cartes qui est devenue une véritable nébuleuse.
Ayant le Sénégal chevillé au corps, il m’est impossible de me taire face à un amateurisme qui risque d’annihiler une bonne bonne fois pour toute, toute possibilité de développement du Sénégal pour les trente prochaines années si toutefois Pastef accédait au pouvoir. Ce parti n’est pas prêt pour la gestion du pays, surtout dans le contexte de soubresauts sous-régionaux. La stabilité du Sénégal prime sur toute autre considération. Dans le but de passer le délicat cap de la phase initiale d’exploitation de nos ressources gazières et pétrolières, il me semble essentiel de retrouver cette stabilité qui fut jadis la carte de visite du Sénégal. Ce moment charnière de notre économie a besoin d’expérience et de stabilité. En toute responsabilité, nous allons œuvrer, à notre modeste niveau, en alertant factuellement sur les risques de l’amateurisme au pouvoir et du saut vers l’inconnu qui sera fatal pour notre pays.
Mon mouvement va désormais œuvrer pour que le parti Pastef ne puisse pas accéder au pouvoir, en l’état actuel de son organisation. Un parti sans pilote, où le copinage et le jeux des réseaux d’influence font office de management, ne pourra gouverner le Sénégal sans risque réel de reproduction de cette même méthode de gouvernance à la tête du pays.
Dans cette perspective, j’ai décidé de lancer un mouvement politique dénommé PDE (PAIX – DÉMOCRATIE – ETAT DE DROIT/And Defar Sénégal) dont le mode de management sera l’anti-Sonkisme, parce que nous pensons fondamentalement que le Sonkisme est un amateurisme basé sur l’affectif et l’émotionnel, dans sa gestion de Pastef.
Fort de l’expérience Pastef, je reste convaincu que le respect de la démocratie interne est le seul moyen de maintenir une promesse dans un parti politique pour ensuite pouvoir la tenir en cas d’accession au pouvoir. Fort de l’expérience Pastef, PDE sera le lieu d’échanges fructueux au nom de l’intérêt général. Fort de l’expérience Pastef, PDE ne laissera pas prospérer des réseaux en son sein, capables de le dévier de ses objectifs initiaux. Fort de l’expérience Pastef, le management de PDE sera détaché des affects et promouvra le professionnalisme avant toutes autres considérations amicales, parentales, etc.
Notre mouvement pense que sans un assainissement des partis politiques, tout projet pour le développement économique est voué à l’échec. Nous devons avoir une grande exigence démocratique vis-à-vis de ces appareils de conquête du pouvoir. Le projet auquel nous croyons et pour lequel nous nous battons, repose sur la souveraineté, c’est-à-dire la reprise en main des bijoux de famille. La réappropriation de nos ressources gazières, pétrolières, halieutiques, le fer, le zircon, devrait nous permettre de jeter les bases d’une véritable industrialisation génératrice d’emplois et de croissance endogène. La gestion rigoureuse des revenus tirés de l’exploitation de nos ressources, nous permettra de financer l’enseignement, l’agriculture, la santé…
Nous devons absolument soutenir notre secteur informel qui a démontré qu’il pouvait être le foyer d’émergence de véritables PME/PMI dans des domaines divers et variés. Le Sénégal est notre bien commun. Nous devons le protéger, protéger son développement et surtout sa stabilité politique sans laquelle pas de réussite économique possible. «Balah ngah naan naam néhfah», dise les wolof.
En toute responsabilité et dans le contexte sécuritaire actuel, j’ai décidé de travailler avec son excellence, le président Macky Sall, qui est le seul, de par son expérience, sa connaissance des dossiers sensibles du moment, son leadership tant au niveau africain qu’international, à même de mener les destinées du pays en préservant l’essentiel: la paix et la stabilité.
Il est essentiel que cette séquence de soubresauts internationaux puisse encore épargner le Sénégal. Nous avons accès à des informations qui nous ont fait faire le choix de la stabilité face à l’amateurisme. Le Sénégal est à la croisée des chemins, dans un monde où les grandes puissances se livrent une guerre sans merci en Afrique pour garder ou conquérir des zones d’influence géostratégiques. Dans ce contexte, nous devons être vigilants et y aller avec intelligence afin de sortir notre épingle du jeu.
Vive le Sénégal, vive le peuple sénégalais, vive l’Afrique.
Abdoulaye faye dit Pithagore, président PDE