Ce qu’il faut retenir, c’est qu’avant de débarquer au Sénégal, avec 170 euros en poche, Mamadou Diaou était déjà en contact avec des locaux qui l’auraient convaincu de faire son « hégire » . Ce qu’il a contesté à la barre, tentant d’expliquer son séjour au Sénégal par des raisons touristiques. Sans convaincre.
Selon le parquet, si tel était le cas, l’accusé alors âgé de 18 ans n’aurait pas coupé tout lien avec ses parents, vidé son compte en banque avant de prendre un vol pour le Sénégal.
Dans nos murs, il devait en effet retrouver le nommé Ibrahima Ndiaye sur Facebook, ce qu’il a reconnu d’ailleurs à la barre. Le parquet soutient que le jeune français d’origine malienne a été appâté par ce sénégalais qui lui avait vendu le rêve de se rendre en Syrie, en Irak ou encore en Libye. Une fois au Sénégal, Diaou devait être pris en charge par un autre individu qui est jusque-là présenté sous le nom d’Ali. Il revenait à ce dernier de lui faciliter le voyage en zone syro-irakienne ou en Libye où des jihadistes affiliés à l’Etat islamique s’étaient établis et avaient jusqu’à récemment sous leur contrôle de grandes villes.
Les noms d’Ibrahima Ndiaye et d’Ali sont revenus dans les débats d’audience sans qu’on sache où ils sont et ce qu’ils sont devenus. Le premier que l’accusé a connu via Facebook par l’entremise de Moustapha Ndiaye, habiterait aux Parcelles Assainies et serait sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Quant au second, aucune information n’a fuité sur lui. Interpellé sur ses supposés contacts avec Ali, Mamadou Diaou dit tout ignorer de cet individu pour ne pas dire qu’il ne le connait pas. L’enquête n’a pas jusque-là permis de lever le voile sur ces sénégalais qui ont failli sacrifier le jeune breton, comme l’a fait savoir le substitut du procureur.
Si ces pistes méritent d’être creusées, il ne souffre cependant d’aucune contestation, le désir de M. Diaou de fouler le sol syrien, irakien ou libyen via le Sénégal. Pour l’étayer, le procureur s’est appuyé sur le contenu du téléphone de l’accusé passé en revue par les enquêteurs. Il a été trouvé au moins 66 vidéos à caractère jihadiste. L’accusé a justifié l’intérêt pour ces vidéos par une simple curiosité, même s’il reconnaît avoir été membre d’un groupe sur Telegram qui diffusait ce genre de contenu à longueur de journée. En plus de cette « preuve de radicalisation », le représentant du ministère public a évoqué une lettre que Mamadou Diaou avait déjà préparé pour ses parents au cas où il réussirait d’atteindre les « zones de combat ». S’il n’a pas nié l’existence de cette lettre retrouvée dans le téléphone de son client, l’avocat de la défense a trouvé salutaire le fait que le rubicond ne soit franchi. Pour lui, il n’y a pas eu d’envoi. Donc pas de fait matériel justifiant la condamnation de Mamadou Diaou pour apologie du terrorisme. Le juge appréciera…