René Thom (Prix Nobel,1958),dans sa théorie des catastrophes, démontre que tous les phénomènes (comme le COVID-19) qui entraînent le chaos, provoquent un choc psychologique qui pousse la population à bien suivre les consignes des leaders politiques. Ainsi, en pareilles périodes, beaucoup de réformes qui n’auraient pas été possibles en temps normal peuvent passer facilement.
Le Président de la République, très averti de la vulnérabilité de notre pays, suite à la propagation rapide du COVID-19, sait qu’on fait face à un choc pandémique qui, selon les attitudes de tous les acteurs en jeu, pourrait « répandre la peur » et même « semer le chaos ». Le Président de la République l’a dit, « les chiffres parlent d’eux-mêmes. A la date d’aujourd’hui, le COVID-19 a envahi plus de 140 pays, dont le Sénégal. Le nombre de personnes infectées s’élève à plus de 340 000.A ce jour, le COVID-19 a tué plus de 15 000 personnes, plongeant des familles entières dans le deuil et le désarroi ».
« Au Sénégal, nous en sommes aujourd’hui à 71 malades sous traitement et 1561 personnes en contact avec la maladie qui sont actuellement suivies et seront désormais confinées dans des réceptifs hôteliers ».
Le Président de la république, dans un ton grave et une solennitéà la hauteur de la situation à laquelle la vitesse de propagation du COVID-19 évolue, s’est adressé avec beaucoup de responsabilité et de sagesse au peuple sénégalais. Nous avons noté un Président de la république très engagé qui prend très au sérieux la pandémie du COVID-19. Nous sommes très heureux de constater qu’aprèsnos sortiesnotammentdu 18 mars dans l’émission « 90 minutes ensemble » de la 2STV animée par le talentueux journaliste Cheikh DIABY que la plupart de nos recommandations ont été prises en compte. C’est le lieu de féliciter le Président de la République pour le courage et le sens de la responsabilité dans la prise des mesures à la fois sanitaires et économiques.
Nous notons dans l’adressedu Président de la République sept (07)points très évocateurs dusens de l’engagement et de la responsabilité de l’Etat:
En renforçant les pouvoirs de l’autorité administrative, le Président de la République sonne l’alerte et montre ainsi la voie d’une conduite exceptionnelle à tenir face à la pandémie du COVID-19. C’est dire que le Président de la République a mesuré tout le sens de la gravité de cette grande trouble qu’est le Coronavirus. C’est en ce sens que l’État d’urgence en tant que régime exceptionnel et régime intermédiaire entre l’état de siège et la situation normale, vient à point nommé dans la croisade contre ce fléau auquel doit se trouve en premier rang l’État.
Cette seconde mesure prise dans l’adresse à la nation du président de la république est pertinente dans un double sens. D’abord, ces 1500 cas en contacts, si confinés permettent de couper l’herbe au pied de toute possibilité de contamination. Ensuite, l’utilisation des réceptifshôteliers en pareil situation est très appropriée dans le sens où toutes les possibilités de contacts en ces lieux de confinement sont éteintes et au-delà ce serait une opportunité pour ces réceptifs d’amoindrir le manque à gagner.
Le couvre-feu de 20h à 6h du matin est juste,sauf qu’il faut veiller à ce que de 6h à 20htoutes les mesures sanitaires soient respectées lors des déplacements des concitoyens.
S’il est vrai qu’il est tout à fait judicieux d’interdire tous transports régionauxdans la situation actuelle, il n’en demeure pas moyen qu’il serait plus approprié de penser à un confinement total ou partiel des 4 arrondissements de Dakar (Mbao, Yeumbeul, Guédiawaye, Rufisque) mais également les villes deTouba, Mbour, Thiès, Popenguine, Saint-Louis et Ziguinchor.
C’est le lieu de faire remarquer que la diaspora, grande pourvoyeur de ressources dans le pays (Plus de 1000 milliards), aujourd’hui première victime de ce virus car confinée, doit être soutenue à juste titre. C’est le lieu de les encourager et de les accompagner ; d’où la pertinence de cette cinquième mesure.
Cette mesure que nous nommons « transferts sociaux » est très capitale au regard de la composition et de la structuration socio-économique de la population sénégalaise. L’aspect social et la nécessité de venir en aide aux couches sociales les plus démunies qui seront touchées par cette crise devra être sans commune mesure les enjeux les plus essentiels à surmonter au regard du poids des couches vulnérables.
Au titre des mesures générales, il sera accordé 200 milliards pour les entreprises et les particuliers. Cette mesure est une réponse adaptée et appropriée au recul de la demande de la part des ménages et des entreprises. Un excellent levier, devrait-on dire, dans le programme de sauvetage que nous avions estimé pour le secteur réel plus particulièrementpour les entreprises en détresse et touchées par cette crise. En plus, penser au trop perçud’impôt engagé ex-anté par les entreprises au profit de l’État. Il serait possible de le transférer, ce trop perçu, en faveur des entreprises dans les secteurs les plus touchés. Également, penser à la réduction des charges patronales dans les secteurs les plus touchés par la crise du COVID-19 de n% au cours de cette année selon le degré d’impact identifié.
En définitive, nous suggérons au Président de la République, un grand programme de sauvetage de l’économie, parallèlement aux mesures de court terme, mettant en branle une batterie de mesures de coordination de politiques monétaires et de politiques budgétaires pour le long terme.
- Au niveau des politiques budgétaires, nous suggérons un programme de relance budgétaire comme le conseille le FMI particulièrement dans les grands travaux liés au secteur de la santé et lui assurer des investissements publics importants afin de le restructurer et de le mettre à niveau pour affronter les éventuels défis épidémiologiques ;
- Au niveau des politiques monétaires, nous suggérons la réduction des taux directeurs, saluons en ce sens les mesures de la Banque Centrale prises déjà prises dans un communiqué de ce 21 mars 2020 qui viennent en appui aux entreprises en difficulté dans leurs transactions avec les banques mais également la mise en circulation de certains montants en faveur du financement des entreprises.
En perspectives, nous devons dire que nous sommesoptimistes pour le futur avec ces sept (7) bonnes mesures prises par le Président de la République dans une cohésion sociale salutaire (avec aujourd’huicette union sacrée de toute la classe politique matérialisée par la visite des Présidents Idrissa SECK, Khalifa SALL, Ousmane SONKO entre autres au palais de la république). En plus de l’implication des tous les chefs religieux de tout bord Également, nous sommes très rassurés de la compétence des femmes et des hommes de notre personnel de santé engagé et dévoué depuis l’apparition de ce virus.Tout ceci fonde ma « conviction » quant à la fin prochaine de l’épidémie.
Dr Thierno THIOUNE
Maître de Conférences Titiulaire
Directeur des Etudes du CREFDES