Ce 30 septembre 2018, par un discours de 2 tours d’horloge, Abdoul Mbaye a décliné les lignes directrices de sa vision en soutien à sa volonté de briguer les suffrages des Sénégalais en février 2019. Contre Macky Sall dont il fut le Premier ministre du 3 avril 2012 au 1er septembre 2013.
Le scénario est invraisemblable. Abdoul Mbaye avait plus d’une fois martelé, la main sur le coeur, que, « Premier ministre ou pas », il n’allait pas s’opposer à celui qui l’a porté à la tête du gouvernement et qu’il allait, tout au contraire, « l’aider à obtenir un second mandat ».
Le scénario est dramatique. L’ex-banquier de génie nommé à la primature avait plus à construire à l’intérieur du pouvoir qu’à critiquer au sein de l’opposition. Car, selon les témoignages unanimes de moult cadres de l’administration, Abdoul Mbaye fut l’un des chefs du gouvernements les plus compétents de l’histoire du Sénégal. Son efficacité dans la gestion des dossiers a laissé des empreintes indélébiles, y compris au niveau des ministres qui composaient son équipe. Sa célérité, en application de la méthode « zéro papier en attente sur le bureau jusqu’au lendemain », a fait avancer nombre de dossiers qui dormaient dans les tiroirs d’une administration sclérosée.
Par un de ces complots dont ils ont le secret, les apparatchiks du palais ont réussi à faire exploser le couple exécutif. Le président de la République s’est débarrassée de son principal collaborateur pour nommer à sa place Aminata Touré, « un Premier ministre politique » dont la brièveté du séjour au poste rend compte des résultats !
La vision de Macky Sall et sa mise en oeuvre par Abdoul Mbaye ont redressé l’Etat laissé en banqueroute par le régime d’Abdoulaye Wade. La suite de l’idylle est une tragédie grecque faite de trahisons et de coups bas. Abdoul Mbaye a tenu des propos et publié des écrits regrettables sur la gestion du pays, notamment du pétrole, par le pouvoir auquel il a appartenu. Il a tiré à boulets rouges sur Macky Sall dont il a moult fois loué les qualités…
Le pouvoir a infligé à celui qui sortait de la primature un traitement intolérable allant du vol de ses affaires personnelles par les services secrets à une vendetta judiciaire par son ex-épouse interposée. La politique est violente. Les enjeux de pouvoir sont brutaux.
Au bout de tous ces règlements de comptes, Abdoul Mbaye, qui aurait pu et dû rester avec Macky Sall en dépit des aléas du pouvoir, est aujourd’hui candidat contre celui qui lui mit le pied à l’étrier. Quel gâchis !
Cheikh Yérim Seck
La rédaction