Dakarmidi- En ce 05 Septembre 2018, j’ai écrit ce poème pour rendre hommage au libérateur de la race noire, qui a bravé toute sorte de tempête pour tirer le bien des mains du mal, le pardon des goulots de la haine, et le salut des affres de la vengeance. – Shasty –
Le temps fixe les lianes en losange à Saint-Louis, dans le bureau du colon, ce dernier n’a ni père, ni mère, ni repère, assommé par le désir de mater, obnubilé par sa haine et versé dans la toute passion à servir son pays. Revers d’un temps, silhouette du passé, mon pays en a souffert et continue d’en pâtir
Rappel d’une aube ténue, nul n’ignore le vacarme de ces colons en tenue, devant l’acuité en mille feuillages où le pouvoir en double tissage se fend comme à l’abreuvage, la République est dénuée de tout fondement, le peuple affable lance un cri noble car le silence est devenu intenable.
Le message de ce merveilleux homme de Ndiarème, adressé au colon, parle de race, de couleur, de vie, de dimension, de nature, d’engagement et de savoir. Il parle aussi de métaphysique
Seul à partir, seul à penser, seul à agir, il avait séduit de par son degré d’endurance tout ce monde qui avait pour mission de l’effacer de la carte de l’univers, à tout prix
Oui! Aimer c’est vaincre,
Haïr c’est périr, échouer et perdre.
Et l’amour guida les pas de Cheikhoul Khadim, à l’aller comme au retour. La fluidité de son sang fut convoquée par son incroyable degré à pardonner,
La lumière dégagée par les cavités de son cœur a fait de lui, un homme remarquable, qui excella dans la sagesse et la fine intelligence. Béni soit cet appel, en ce jour, où la muse eût décidé de prendre son envol sous l’œil haineux du colon. L’homme du Hedjaz avait estampillé cet illustre phénomène dans des moments où les dures épreuves avaient décidé d’envahir les espaces de son temps.
Rappel en ondes bénies, le silence des vagues, à genoux au coucher du soleil, il opta de quitter Ndar, sans retourner à Ndiarème, il choisit le plus difficile, qui fut d’ailleurs son chemin, et par la mer, il allait l’accomplir sans jamais le trahir, avec patience, intelligence, sérénité et humilité
Il prit alors son arme [la plume] pour déterminer sa feuille de route dans un poème précis [Assirou], il parla au colon, à l’homme noir, au temps qu’il fera dans cet exil. Un voyage si crucial dédié à l’humanité. Ses nobles compagnons étaient ceux pour qui il servait dignement, le Prophète (psl), le paraclet, le livre qui a été révélé à ce dernier, le Saint Coran et les compagnons de cette noble créature, qu’il appela plus tard, en des vocables purs, la Fine Fleur. Cette sublime rose qu’il a rencontrée dans la rue d’Hanne Marie Javouet, en quittant le bureau de Ndar.
Silence de Marmiyal, fenêtres entrouvertes, l’homme à l’écharpe blanche passa, ses yeux brillaient comme des éclats de météorites connectés aux rayons du soleil. Cette écharpe que le colon n’a pas pu lui ôter; était scellée à sa face par les ondes de la lumière du Saint Illustre (psl). Il n’était pas seul dans cette entreprise si sacrée, les combattants de Badr n’étaient pas loin, non plus. Il était heureux d’aller en mer, le colon, était excité de l’y conduire, même si les deux objectifs n’étaient guère les mêmes. Et le Seigneur avait convié la clé de voûte de l’humanité (psl) à présider cette marche vers la félicité.
Assirou, en lettres codifiées, une dimension aux étendus mystères, qui annonce le choix par la mélodie d’un chant. Le rythme au premier vers rappelle la cheminée du bateau, il y était serein, le second vers et le troisième montrent le contact de l’hélice avec l’eau de mer. Cheikhoul Khadim avait reçu l’ordre divin d’aller à la conquête de ses mystères par l’Océan, et le colon, enragé, était condamné à le suivre, sans schéma précis, à l’autre bout de l’Afrique.
La dignité de l’homme qui fascine les consciences, une grâce nocturne sous les feux d’une ère de révolution. Le colon n’avait pas varié dans ses sentiments de vouloir tout nous prendre, Cheikhoul Khadim avait interpellé la cognition à travers une tablette de connaissance rarissime.
Il a proclamé l’indépendance des peuples noirs, il parle d’empreintes digitales, il a aussi averti le colon de l’existence et de l’efficacité de l’arme qu’il détenait, sa plume, par la pure poésie, dédiée à son maître, né dans le Hedjaz, 570 ans après Jésus, dont le savoir dépasse de loin toute masse de connaissances compilées des plus grands penseurs et savants.
Cheikhoul Khadim était exalté de définir les règles de son exil, il n’avait jamais demandé au colon la date de son retour sur les terres de ses aïeux, devenus tous, finalement, disciples et sympathisants. Le colon était loin de maîtriser cette heure, et lui, en était le seul informé, détenant le code d’accès du périmètre sacré, situé au-delà du Lotus des Confins. Il fut conduit dans cet espace divin par la Fine Fleur qu’il aimait tant arroser de vers colorés, rimés à un temps et à une action.
La race noire qui t’a tendu l’oreille a compris finalement comment définir son histoire, comment structurer son passé et comment préparer son avenir
Le colon ne fut pas dans les dispositions de répondre à tes questions sur l’existence de l’homme noir, sur son histoire, car elles furent posées dans la langue de la foi, hors, leur connaissance se limitait au jargon de l’agnosticisme.
Tu parlais de pôles mystiques et le colon reniflait en permanence le gain terrestre, alors, comment ces deux hommes qui n’avaient rien en commun pouvaient-ils dialoguer?
Le colon s’activait à l’élimination physique de Cheikhoul Khadim et ce dernier s’affairait, lui, à rentrer dans les grâces du Seigneur, l’Exalté et de son ultime envoyé, le meilleur des hommes. Il était immunisé. La vocation de tout envoyé de Dieu est d’être un martyr, quel que soit le lieu où il se trouve.
Devons-nous retourner sur les pas de l’histoire pour décrypter le legs de Cheikhoul Khadim?
Un message universel qui semble être étouffé par les héritiers du colon, et qui résiste malgré tout au temps et à toute forme d’attaque intellectuelle, car il est tiré de Dieu, et a suinté du guide des peuples (psl)
Avons-nous besoin de pousser plus loin notre réflexion pour comprendre que le chemin qui mène à l’intégrité du peuple noir n’est point dans cette voie tracée par le colon, Cheikhoul Khadim le définit autrement.
Avons-nous besoin d’attendre qu’il soit trop tard pour dire, et pourtant la solution n’était pas si loin que ça!
Le temps de Dieu n’est pas celui de l’humain, la vérité se glisse alors entre ces deux horloges. Oui! Cheikhoul Khadim était bien logé dans le temps divin.
L’univers ne lui avait fixé aucune limite, avec un accès au-delà des normes, son existence sur terre était une exigence immaculée, son retour vers Dieu était aussi la garantie de l’immortalité de son œuvre si colossale.
Nous avons le devoir moral de redessiner une autre République, celle dont faisait allusion Cheikhoul Khadim, avec des hommes qui empruntent ses nobles caractères, qui savent dire non, quand il le faut, qui savent prendre de la hauteur, qui intègrent dans leurs plans, la foi, par excellence la loi en ses équilibres, qui façonnent l’être noir dans ses nobles rectitudes, qui pardonnent et qui s’ordonnent à servir les autres à chaque moment de leur présence sur terre. Et c’est ce à quoi l’être noir est exposé et interpellé. La voie est ainsi tracée au rythme d’Assirou.
Sheikh Alassane Sène « Taree Yallah »