Le Sénégal notre pays compte de très grands champions de lutte qui ont écrit de belles pages d’histoire de ce sport. Ces champions qui sont du Cap-Vert, du Cayor, du Sine, du Saloum, du Fouta et de la Casamance, ont semé sur les terres de leur vie, des souvenirs indélébiles que l’on remémore de génération en génération. Parmi ces champions de renom, figure indiscutablement, Souleymane Diaw de Thiago, ce fier descendant de Madiaw Khoor et de Laty Diaw Madiaw Khoor qui ont régné sur le Walo des années durant. Bâti comme un roc, souple comme les lianes de sa contrée, doté d’un courage de granit, il a laissé partout où il a lutté des souvenirs que les amateurs de lutte égrènent sous les arbres à palabres et lors des veillées arrosées par les nuits de pleine lune.
Technicien hors pair, frappeur incomparable, il a, à son actif plus d’une centaine de combats dans toutes les arènes sénégalaises. Il a remporté haut la main, la plupart de ces combats, pour ne pas dire tous devant des adversaires fougueux, pleins d’allant, de vivacité et de mordant. Son combat le plus difficile qui a failli divisé saint Louis et tout le Walo, est sans doute celui qui l’a opposé à Ousmane Ngom, champion téméraire et pratiquement imbattable. Plus jeune et moins expérimenté, Souleymane s’était heurté au refus de ses marabouts et supporters de croiser le fer avec Ousmane Ngom. Mais dans l’ivresse du « diom » sénégalais et le sang chaud du Walo-walo, il ne pouvait renoncer.
Le combat se déroula à Saint-Louis, devant une foule jamais vue dans une arène. Dès que le coup de sifflet de l’arbitre a retenti, les deux protagonistes, sans observer le round d’observation, se livrèrent à des échanges de coups que le sang ne manqua pas de couler. Le dernier accrochage fut fatal à Ousmane Ngom dont ce fut la première défaite. Souleymane entra de plain-pied dans la cour des grands et imposa sa loi à « Boy Pambal », Ibou Senghor, Landing Diamé, Papa Kane, Mame Gorgui, Mbaye Guèye et tant d’autres champions au palmarès élogieux.
À l’époque, quand Souleymane revenait d’une expédition victorieuse, les cantatrices du Walo, à la tête desquelles se trouvait Hadja Mbana Diop, lui réservaient le meilleur des accueils. Leur chanson telle une farandole, lui faisait chaud au cœur et aiguisait son envie d’emporter d’autres victoires plus éclatantes, plus rayonnantes, pour l’honneur et la gloire de tout un peuple.
Il était craint par tous les lutteurs du fait de ses frappes dévastatrices, de sa science éprouvée de la lutte, de ses moyens physiques et du soutien maraboutique Walo-walo dont il bénéficiait sans réserve. Pendant plus de deux décennies, il parcourut tout le Sénégal de long en large pour livrer des combats car, pour lui, la lutte est intimement mêlée à son sang quand bien même, il est issu d’une grande famille régnante au Walo.
Majib Sène