Cela fait maintenant quatre années que le monde de la communication, la grande famille du journalisme sénégalais, Ndiassane, la Oummah Islamique, le Sénégal regrette la perte d’un homme qui aura marqué son temps.
Ahmed Bachir a tracé de par sa voix, une voie pour chaque sénégalais. Sa posture de grand républicain s’illustrait parfaitement à travers ses mots exceptionnels, ses interprétations légendaires de discours de Chefs d’Etats, ainsi que ses interventions à l’occasion de grands événements.
Quelle serait la réaction de Seydi Mouhidine en ces temps où le Sénégal est secoué par une crise des discours ? Quels mots en ces temps où le sénégalais semble avoir perdu ses valeurs de « suturë », « wormà », « joom » ?
En ces jours où la jeunesse sénégalaise semble avoir perdu ses repères détournée par de nouveaux outils, la voix de Papa Ahmed serait une « lumière » à l’image de Mame Abdoul Aziz SY.
« Dans un pays où la liberté d’expression mène vers l’anarchie « lou nex way def, lou nex way wakh ». On ne respecte plus personne, ni le chef religieux, ni le président de la République, encore moins les forces de l’ordre, on ne fait que parler. Quand des gens parlent dans le sens négatif, il faudrait aussi que d’autres parlent dans l’autre sens. La corruption fait partie aujourd’hui des faits qui détruisent la société sénégalaise. Et, c’est une chose que nous interdit la religion, mais qui est aussi tout simplement immorale. Pour préserver un pays, il faut avec la richesse et la paix, la lutte contre la corruption qui détruit aujourd’hui la société et toutes ses valeurs ».
Il y’a 7 ans, Ahmed Bachir KOUNTA tenait ces mots lors d’une rencontre organisée à Dakar par l’Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC). Une intervention d’un homme aux discours profondément encrés dans les valeurs de la société sénégalaise, de l’islam mais surtout, de la khadrya et la voie tracée par Cheikh Bou Mouhamed KOUNTA Borom Ndiassane.
Ce discours colle parfaitement à la situation actuelle du Sénégal marquée par une société malade dans laquelle, ceux qui sont chargés de prendre garde sur elle font état de plusieurs manquements. En effet, la crise des valeurs a atteint des sommets jamais inégalés.
La corruption, l’indiscipline et l’irresponsabilité sont devenues une conséquence directe de la perte des valeurs. La démission des parents, la dévalorisation de l’autorité étatique et les médias qui désorientent plus qu’ils éduquent sont devenus les maux profonds de la société. Papa Ahmed semblait déjà nous avertir par rapport à cette situation il y’a quelques années. En témoigne ses mots à son ami, le défunt El Hadji Golbert DIAGNE à Saint Louis.
« Je te lègue la gestion de la radio mais souviens-toi toujours, qu’en 30 secondes, tu peux détruire une nation et en 15 minutes tu peux faire un peuple. Sois humble, sois généreux, avant de passer quelque chose à la radio, il faudra veiller à sa véracité. Avant de faire ton papier, donnes-le à tes collègues pour correction. Accepte l’autorité et partage tout ce que tu auras. Le métier de journaliste et de communicant mène à tout. Nous sommes appelés et formés pour faire le peuple ».
« Faire le Peuple », voilà à quoi s’attelait Ahmed Bachir KOUNTA durant sa longue et riche carrière de journaliste. Ses passages à la RTS ou mots d’après édition méritent une exposition quotidienne.
Le guide dont on se rappelle ce 17 janvier 2023 était un grand intellectuel. Quelqu’un qui était à cheval entre une culture occidentale affirmée et un encrage profond dans la culture islamique. Il vivait cela, en grand acteur pour la cohésion nationale.
« Avec le décès d’Ahmed Bachir KOUNTA, c’est la République qui a perdu parce qu’il a occupé des postes importants. Il a été Sénateur et fut aussi un Conseiller du Président de la République. Ce n’est pas seulement la RTS qui a bénéficié de sa connaissance. Le président Macky Sall demandait personnellement qu’il fasse la traduction de son discours même quand il était Premier ministre et j’en suis témoin ».
Ces mots de l’ancien Premier Ministre du Sénégal, M. Mahammad Boun Abdallah DIONNE confirme le titre de cet hommage au petit-fils de Cheikh Bou KOUNTA.
En ce jour du 17 janvier, le Sénégal tout entier se rappelle de Mouhidine Ahmed Bachir et prie pour le repos de son âme.
Ndiaga KONE, Ndiassane