Dakarmidi – « Un vendredi pas comme les autres », me lance mon ami Medoune Thiam, fidèle disciple de Serigne Abdou. Son message est laconique car il ne sait comment m’annoncer une telle nouvelle après avoir reçu mon traditionnel vœu de « Joummah Moubarak ». Je venais juste d’atterrir à l’aéroport de Lisbonne. Quelques minutes après c’est un autre ami, Serigne Makhtar Thiane, qui m’informe de façon plus explicite : « Al Amine s’en est allé ! »
C’est la consternation totale et le trouble profond qui m’envahissent et me paralysent pendant un long moment. Me viennent alors à l’esprit la paralysie d’Ali et le mutisme d’Ousmane Boun Haffann à l’annonce du décès du prophète Mouhamed (PSL) comme le rapporte Seydi Hadj Malick dans « Khilassou Zab ». Cet état de semi-conscient m’habita pendant plusieurs heures ne sachant pas si je devais retourner sur mes pas ou accomplir le devoir qui m’avait amené en Europe.
Finalement c’est Al Amine qui m’a éclairé. Sa vie défila devant moi comme un film et je vis l’homme de devoir et l’homme de missions qu’il fût en toutes circonstances, jusqu’à son dernier souffle. Il a porté sa charge jusqu’au bout !
Cette charge n’était pas seulement le « Khalifat » qui lui est tombé dessus sur le tard mais plutôt d’avoir été, depuis l’époque de son père Serigne Babacar Sy, le régulateur, le trait d’union et l’ultime recours de tous les assoiffés de justice.
Qu’ils soient Tidjiane ou d’une autre confrérie, qu’ils soient même d’une autre obédience religieuse. Il était AL AMINE pour tout le monde et AL AMINE de tout le monde. Le AL AMINE de tous les croyants ; Al Aminoul Mouminina.
Homme d’une dimension exceptionnelle, il avait profondément assimilé cette maxime du Prophète (PSL) : « Il faut vivre sur terre comme si tu ne la quittais jamais et travailler pour l’au-delà comme si tu devais y aller demain ».
Homme de Dieu qui vivait pleinement sa foi sans jamais écraser personne grâce à sa tolérance et sa générosité légendaires.
Regardez la lumière et le bonheur qui transparaissent de son visage et de son âme lorsqu’il reçoit cet exemplaire du Saint CORAN plus précieux pour lui que tout l’or du monde (voir photo) « Ahloul Khourhaan Ahloul LAHI » (Les serviteurs du CORAN sont les gens de Dieu).
Homme de courage hors-pair, il s’est érigé en bouclier et en preux chevalier de toutes les causes justes ou patriotiques. Fût-il au péril de sa vie.
Qu’il s’agisse de ses champs de Boulal ou autres, de la protection, de l’assistance et du réconfort des démunis ou désespérés, de la gestion au quotidien de de tous les segments de la Tarikha et de toute la Communauté Nationale, l’infatigable Abdoul Aziz Al Amine n’a jamais rechigné à la tâche.
Il assumait sa mission, toutes ses missions avec une dignité et une élégance rares. Il nous aura quittés comme il a vécu en homme de Dieu et en homme de son temps, en portant en bandoulière ces valeurs cardinales.
Il restera à jamais pour moi un recours et un repère car son enseignement lumineux qu’il m’aura délivré lors de nos multiples rencontres demeurera indélébile.
Puissent sa vie et son exemple continuer à inspirer notre cher Sénégal et toute la Communauté des croyants.
Repose en PAIX au PARADIS CELESTE cher Al Amine.
Lisbonne, le 24/09/2017
Maître Ousmane Ngom,
en mission en Europe