Dakarmidi – Une centaine de responsables d’entreprise de robotique ou de nouvelles technologies ont mis en garde lundi les Nations Unies contre la construction et l’évolution des « robots tueurs », de type Terminator. « Aujourd’hui, la technologie est mature », assure à L’Express l’un de ces signataires le PDG d’Enova Robotics, Anis Sahbani.
Les robots autonomes présentent-ils un risque pour l’Humanité ? L’émergence prévisible de robots dotés d’une intelligence artificielle inquiète de plus en plus de scientifiques et d’experts à travers le monde. Derniers en date : une centaine de grands patrons d’entreprises de nouvelles technologies. « Les armes offensives autonomes permettront des conflits armés à une échelle jamais vue auparavant et à des vitesses difficiles à concevoir pour les humains », préviennent-ils dans une lettre ouverte envoyée le lundi 21 août aux Nations Unies.
Parmi les signataires, figurent Elon Musk, patron du constructeur de voitures électriques et partiellement autonomes Tesla, ou encore de l’entreprise spatiale SpaceX, ou encore Mustafa Suleyman, de la société britannique DeepMind, détenue par Google et spécialisée dans l’intelligence artificielle. « En tant qu’entreprises mettant au point les technologiques d’intelligence artificielle et de robotique qui pourraient être détournées pour développer des armes autonomes, nous nous sentons particulièrement responsables pour tirer le signal d’alarme », écrivent-ils.
« LES DEMANDES DES ÉTATS ET DES ARMÉES SONT DE PLUS EN PLUS PRESSANTES »
« Elles peuvent être des armes terrifiantes, des armes que des dictateurs et des terroristes utilisent contre des populations innocentes, et des armes piratées à des fins funestes », poursuivent-ils. Qu’attendent-ils ? « De faire réfléchir à la mise en place de barrières, au même titre que pour le clonage », explique à L’Express, Anis Sahbani. « Comme nous l’écrivons, si on ouvre la boite de Pandore, où cela va s’arrêter ? Si l’Homme travaille sur l’intelligence artificielle, c’est pour qu’elle nous serve, pas qu’elle nous détruise ».
« Ce qui est particulièrement alarmant aujourd’hui, c’est que cette technologie est mature », poursuit-il. « Pour l’instant, on a encore des drones pilotés par des humains, qui doivent décider de tuer ou pas. Mais le gap pour permettre à une machine de prendre elle-même cette décision est minime. Or, on sent bien que les demandes des États et des armées sont de plus en plus pressantes. Un jour, une entreprise va finir par craquer ».
« POUR LES VOITURES, LES DRONES ET LES CHARS LE GAP EST MINIME »
« Pour se faire une idée, il suffit de regarder les progrès dans le domaine civil et d’imaginer qu’on équipe ces robots avec des armes », ajoute Anis Sahbani. « Quand on parle de robots au grand public, nombreux sont ceux à penser aux robots humanoïdes, or les voitures ou les drones sont aussi des robots. Sur l’aspect humanoïde, il y a encore du travail, à cause des problèmes de stabilité notamment, et le fait que les armes exercent des poussées. Pour les voitures, les drones et les chars, le gap est minime. Il suffit de mettre une arme dessus et de leur donner la capacité de décider de tirer ou pas pour qu’ils soient capables de tuer. Ce sont ces robots que l’on développera en premier ».
Les avions automatisés et autres systèmes autonomes commencent à pénétrer lentement l’arsenal militaire américain, mais les robots tueurs infligeant la mort sans contrôle humain ne sont pas encore d’actualité, avait expliqué en 2016 le Pentagone. En juillet 2015, plusieurs milliers de chercheurs et personnalités, dont le célèbre astrophysicien britannique Stephen Hawking, avaient lancé un appel pour l’interdiction des « robots tueurs », alertant sur le danger d’erreurs de cible et d’usages terroristes.Comment cette machine, aussi intelligente qu’elle puisse être, fera-t-elle la différence entre un civil et un soldat, entre un soldat et un rebelle, qui se bat pour une « bonne, ou mauvaise cause » ? Comment évitera-telle de tirer sur un pilote qui vient de s’éjecter d’un avion et descend en parachute, et qui cesse donc d’être un combattant ? Comment ces machines se comporteront-elles dans des zones non conventionnelles, qui n’auraient pas été imaginées par leur concepteur ? Autant de questions qui inquiètent et qui restent en suspens.
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