Dakarmidi – Au lendemain de l’élection des Hauts conseillers des collectivités territoriales, le Président de l’Alliance pour la République a prononcé devant le Secrétariat Exécutif National un discours de haute portée sur l’Unité, la Discipline et la Mobilisation dans les rangs du Parti. A l’approche des élections législatives, ce texte conserve toute son actualité. Il a donc paru nécessaire de le publier.
« Dans la poursuite de la grande marche de notre parti, dont l’élection au suffrage indirect des hauts conseillers des collectivités territoriales a constitué une étape importante, nous devons relever deux grands défis: obtenir une majorité confortable aux élections législatives de juin 2017 et gagner, au premier tour, la présidentielle de 2019. C’est la seule voie pour accentuer les changements en cours dans notre pays et accélérer la réalisation de notre projet d’émergence.
L’état actuel de notre parti, l’Alliance pour la République, nos expériences récentes, la solidité de nos alliances, leur perpétuation et notre bilan dans tous les domaines indiquent que ces deux défis sont à notre portée. Nous pouvons et devons les relever si chaque militante, chaque militant fait siennes les trois directives suivantes: Raffermir notre unité, renforcer la discipline notre de parti et rester mobilisés. Nous avons donc toutes les raisons de raffermir notre unité, de la solidifier davantage, de conforter la discipline de parti et de rester mobilisés pour les batailles à venir et de nouvelles victoires.
Raffermir notre unité
Que signifie l’unité pour un parti? Association d’hommes et de femmes de divers profils, de diverses cultures, de différentes religions et obédiences confessionnelles, de multiples expériences sociales et professionnelles, le parti politique est d’abord l’expression d’une diversité extrême dont l’enjeu principal est de conquérir ou de conserver le Pouvoir. La conquête acquise, il reste à pérenniser son unité, renforcer sa capacité à gérer cette diversité en mettant en avant le projet collectif et l’intérêt général.
L’Apr n’échappe pas à la règle. N’oublions jamais notre souci premier de regrouper le maximum d’acteurs qui acceptent de taire leurs différences et leurs divergences pour défendre la République et ses Institutions, la Démocratie et ses Principes pour mieux œuvrer pour le bien-être des populations.
L’unité, pour nous, c’est notre adhésion commune aux orientations du parti, aux statuts du parti, aux valeurs cardinales du parti, en somme à l’objectif que nous avons accepté de partager. L’unité est une mise en valeur du projet collectif que nous devons apprendre à assumer en toute circonstance.
L’unité est importante, car elle nous permet de marcher d’un même pas, soudés comme un seul homme, se tenant la main dans la main, fermement et résolument. L’unité nous renforce dans un espace de compétition qui laisse peu de place à la concession, la compromission et les polémiques stériles. Nos adversaires veulent nous affaiblir et nous, nous voulons nous renforcer. Nos divisions nous affaiblissent, donc elles renforcent nos adversaires. De la même manière, notre unité nous renforce, donc elle les affaiblit nos adversaires.
Il nous arrive d’être témoins de tiraillements entre responsables au niveau central comme au niveau local. Ces guéguerres nous desservent. Certes, cette réalité n’est pas spécifique à notre parti. C’est très souvent le lot des partis au pouvoir mais aussi des partis en dehors du pouvoir. Il est vrai que la compétition, si elle est saine, est une source d’émulation.
Hélas, nous assistons plutôt à d’inutiles batailles de positionnement souvent sans enjeu pour le projet collectif. Il y a des moments pour organiser ces compétitions. Tant que nous n’y sommes pas, nous devons travailler la main dans la main, dans un même élan soutenu par la fraternité et la camaraderie, mais aussi par notre commune volonté de soulever les montagnes qui empêchent notre pays et notre peuple de vivre plus heureux. Pour cela, il faut la foi et la détermination.
Si ces compétitions arrivent, nous devons les considérer comme des moments passagers et retrouver, immédiatement après, notre unité de combat pour le bonheur de notre peuple. C’est comme cela que nous pourrons gagner les batailles les plus âpres. La division et la diversion sont mères de toutes les défaites. La force de l’Apr, c’est donc son unité. Elle nous a permis de faire face efficacement aux agressions, de résister au nom des valeurs de la République et de marcher ensemble victorieusement vers la conquête du pouvoir. Elle nous a permis de gagner toutes les batailles électorales depuis 2012.
L’unité n’est donc pas un pas un luxe. Elle est le socle de granite des organisations soucieuses de réaliser leurs objectifs. Elle est une exigence. S’unir, c’est d’abord regarder dans la même direction, soutenir le même élan et agir ensemble avec le même enthousiasme et la même passion. L’unité n’est cependant jamais acquise définitivement, elle est un combat. Elle est, pour les organisations en général, les partis politiques en particulier, une création au quotidien. Il faut toujours veiller à la sauvegarde de l’unité en évitant les écueils et les pièges de nos intérêts individuels. Cela est encore plus valable pour un parti au pouvoir.
Chaque militant doit avoir la claire conscience que la construction et la sauvegarde de l’unité du parti lui incombent au premier chef. Dans les mouvements et réseaux de jeunes, d’élèves et étudiants, de femmes, de cadres, de sages, d’enseignants, d’élus républicains, d’arabophones, d’intellectuels, de la diaspora, partout nous devons faire de l’unité une préoccupation quotidienne et première.
J’exporte tous les responsables et militants à s’atteler sans délai à raffermir l’unité, à la rebâtir là où elle a été mise à mal et la consolider là où elle existe. Dans certaines localités, nous savons maintenant le coût de la division et le gain de l’unité. La leçon des dernières élections locales et celle des récentes élections territoriales sont de bons indicateurs. Nous avons gagné partout où l’unité a prévalu. Je sais que les moments d’élection sont toujours propices aux tiraillements. On dira, pour être conforme à la vérité politique, que c’est normal. Il est légitime de se battre pour l’honneur de représenter sa localité et de travailler pour son pays.
Cependant, dès que le choix est fait, il faut retrouver l’unité et œuvrer ensemble pour la victoire du parti. L’unité impose ainsi que l’on s’oublie toujours pour son pays, pour sa communauté, pour son parti. C’est dans l’unité que nous pouvons bâtir le meilleur pour notre peuple. C’est dans l’unité que nous pouvons faire efficacement face à l’adversité.
L’unité, disais-je, est un chantier permanent. Et pour s’unir, il faut trois préalables. Premièrement, il faut un désir d’unité. En d’autres termes, il est important que chaque responsable et chaque militant soient convaincus que l’unité est indispensable. Ils doivent, ensuite, être dans la disposition de travailler pour que l’unité soit une réalité dans le parti.
Deuxièmement, il faut définir, de manière consensuelle, des règles du jeu indépendantes des intérêts particuliers pour garantir l’unité qui porte l’intérêt général. Ainsi, lorsque le consensus n’est pas trouvé, l’application des règles du jeu, tel le fait majoritaire, engage toutes les parties en compétition.
Enfin, et c’est le troisième préalable, il faut développer l’esprit de solidarité qui doit guider notre action collective lorsque le consensus est trouvé ou lorsque la règle du jeu est appliquée.
Renforçons la discipline
La discipline cimente le parti et lui donne la force et la cohérence qu’il faut pour entreprendre des actions collectives. La discipline, c’est le respect de la ligne du parti, c’est le respect des choix du parti et de ses décisions. Elle sécurise, plus que toute autre mesure, le parti et ses ressources.
Certains comportements de nos responsables sont à déplorer. Au lieu de gérer les divergences à l’interne, certains sont prompts à se répandre dans la presse tandis que d’autres se livrent à des chantages inadmissibles dans le parti, alors que nous poursuivons les mêmes objectifs. On assiste également à des pratiques qui n’honorent personne, encore moins leurs auteurs. Comment comprendre que des militants de haut niveau prennent sur eux la responsabilité de divulguer les délibérations du parti à usage strictement interne? Et que d’autres étalent sur la place publique les minutes de réunions d’instance?
Il en est de même des périodes électorales lorsque des responsables brandissent des menaces de sanction contre le parti, sous le prétexte qu’ils n’ont pas été choisis. Cet argument insidieux mène à la perte. Nous avons connu des exemples de ce genre de comportement qui ont fait perdre au parti des collectivités locales alors qu’il était largement majoritaire avec les alliés.
L’indiscipline est le cancer des organisations. Rien de sérieux ne peut se faire lorsque chacun se livre à des actes qui défient les directives du parti, son autorité, ses choix et ses décisions.
L’indiscipline est, en réalité, un manque de respect manifeste au parti et aux militants. Elle désagrège les liens de solidarité et met à rude épreuve la cohésion du parti. Il n’y a jamais de succès sans discipline. Il suffit de regarder les pays, les entreprises et les partis où règne la discipline. Le respect du bien commun, l’appropriation des objectifs de l’organisation, l’acceptation du fait majoritaire et la défense du parti et de la patrie en toute circonstance sont des valeurs qui doivent être portées par tout militant.
Il faut rappeler fortement que toutes nos victoires ont été possibles parce que nous nous sommes imposé une discipline à toute épreuve. Nos victoires l’attestent amplement. De la présidentielle de 2012 aux territoriales de 2016, en passant par les législatives, les locales et le référendum, le lien de confiance avec les populations a été intact. Il a bien fallu, de notre part, une discipline de fer. C’est le lieu, d’ailleurs, de saluer l’énorme travail des militantes et militants républicains qui, en rangs serrés, disciplinés et déterminés, souvent dans l’anonymat, ont toujours accompli des tâches sans rechigner.
La discipline n’est donc pas un luxe. Aux antipodes de la duperie et de l’arrogance, elle est synonyme de transparence, de loyauté et de générosité. La discipline est, en effet, pour chacun, la renonciation à une parcelle de son «moi» pour le bénéfice de tous. Elle est rigueur. Elle est la conscience de l’intérêt général pour ceux qui sont engagés dans la réalisation d’une ambition nationale.
Restons mobilisés
Nos victoires ne sont pas le fruit du hasard. Il a fallu mobiliser à chaque fois toutes les composantes du parti : les femmes et les jeunes, les structures affiliées et les mouvements de soutien, la diaspora, mais aussi nos électeurs. Il faut maintenir cette grande tradition de dynamisme, du sens de l’initiative et de la solidarité. Les jeunes et les femmes sont particulièrement interpelés. Ils sont le fer de lance du parti. Ils sont sa force et sa puissance. Son avenir aussi.
Parti au pouvoir avec une grande coalition, l’Apr a l’obligation de se tenir au plus près des populations qui nous ont fait confiance. Il faut être sur le terrain. Être sur le terrain pour expliquer nos options. Être sur le terrain pour défendre notre bilan. Être sur le terrain pour faire face aux entreprises de désinformation et d’intoxication. Être sur le terrain pour expliquer ce que nous faisons et le sens global de nos politiques.
Donc, être sur le terrain pour gagner. La mobilisation est à la fois le levain et le levier de toutes les grandes victoires. Surtout lorsque nous avons accompli, en quelques années d’exercice du pouvoir, des choses importantes pour notre pays et notre peuple.
Dans le domaine du social, nous prenons des initiatives difficilement contestables. En effet, nous considérons la politique avant tout comme l’art de construire des solutions aux attentes des populations. La lutte contre les inégalités et les injustices sociales sont au cœur de notre projet de société. Elle correspond à une forte et sérieuse demande de notre peuple.
Il est utile de rappeler les différentes mesures que nous avons prises depuis 2012 : baisse substantielle des prix des denrées de première nécessité, revalorisation des pensions de retraite, baisse de l’impôt sur les salaires, bourses de sécurité familiale, offre conséquente en matière de logements, renforcement
du transport public urbain, couverture maladie universelle, gratuité des soins de santé pour les enfants de 0 à 5 ans ainsi que pour les femmes qui doivent subir la césarienne ou encore les insuffisants pénaux, carte d’égalité des chances, initiatives hardies pour apporter l’eau potable et l’électricité aux populations rurales, représentation des Sénégalais de l’extérieur à l’Assemblée nationale, entre autres mesures en faveur de la diaspora.
Dans le domaine économique, notre pays présente une signature crédible sur tous les marchés financiers. Nos agrégats économiques sont sains. Nous maitrisons notre dette extérieure comme intérieure. Nous faisons des investissements structurants. Nous pouvons être fiers, en matière d’infrastructures, de nos réalisations en quatre ans et des perspectives à court et moyen termes, sur la base d’une mobilisation exceptionnelle de ressources internes. Le désenclavement est en marche pour réduire les disparités entre les localités et faciliter davantage la circulation des hommes et des produits.
Une véritable révolution s’opère en faveur des paysans avec la mécanisation de l’agriculture, la maîtrise de l’eau, la valorisation du prix au producteur, l’incorporation des résultats de la recherche dans les pratiques culturales, une meilleure maitrise de la diversification des filières, la forte augmentation de la production pour toutes les variétés. Notre objectif d’autosuffisance alimentaire, en riz en particulier, est à portée de main. Les pêcheurs et les éleveurs ont également bénéficié de nombreuses mesures d’accompagnement de même que les artisans.
Diamniadio, la nouvelle ville, est en train d’émerger. Ce n’est pas un projet, encore moins une utopie. C’est une réalité. Ce nouveau pôle urbain fait respirer Dakar et offre aux Sénégalais un espace de vie et d’activités avec ses unités résidentielles, son parc industriel, sa cité du savoir, ses centres commerciaux, son circuit touristique et ses infrastructures sportives.
Enfin, plusieurs programmes d’urgence sont mis en œuvre pour améliorer les conditions et le cadre de vie des populations. Il s’agit du Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc), du Programme d’urgence de modernisation des axes frontaliers (Puma) et de Promovilles (Promotion des Villes). Toute cette dynamique de « yokkute », en quatre ans, s’effectue dans le cadre global de notre stratégie d’émergence à l’horizon 2035, dont le Plan Sénégal Emergent est la boussole.
Le parti doit donc rester mobilisé pour défendre et valoriser tous ces acquis. La Cojer, le Mouvement des femmes, la Convergence des cadres, les enseignants, les universitaires, les arabophones, la diaspora, la Chambre des élus, toutes les structures doivent se mettre en branle pour donner à nos acquis plus d’intensité et de visibilité.
Contre le nihilisme, cette maladie infantile de ceux qui, aveuglés par leur esprit revanchard et en proie à leur aigreur, nous devons porter haut l’étendard de la démocratie, du patriotisme et de la République. Car les nihilistes et les mauvais perdants ont conscience de nos performances mais ils seront toujours dans les postures de la terre brûlée, incapables de faire preuve de lucidité. En réalité, le peuple et son vécu quotidien ne les préoccupent guère. Ils sont prisonniers de leurs intérêts personnels.
De la base au sommet, le parti doit faire face. Dans cette perspective, chaque structure, en harmonie avec les autres, doit concevoir des plans d’animation, de formation et d’information des populations.
Du sommet à la base, mobilisons nos talents, nos expertises et nos forces. Travaillons activement avec nos alliés de Benno Bokk Yaakaar et des autres entités pour donner encore plus d’éclat à nos actions sur le terrain.
Pour conclure
Le Secrétariat exécutif national (SEN) doit être à la disposition des responsables et militants pour appuyer cette dynamique unitaire, de discipline et de mobilisation pour relever les défis majeurs qui nous interpellent en tant que parti au pouvoir.
Nous avons un grand parti, même s’il est jeune. Nous avons un parti qui a une expérience pertinente. Nous avons un parti qui sait faire preuve de sursaut à chaque fois que les enjeux l’exigent. Alors, concentrons-nous sur l’essentiel pour gagner encore les grandes batailles.
Soyons toujours solidaires et ouverts, car c’est par la solidarité et l’ouverture que notre parti se massifie et peut rester ce grand parti de la victoire et du yokkute pour le bien-être de notre peuple. Acceptons les mains tendues par tous les Sénégalais qui désirent s’impliquer activement dans cette dynamique car notre idée de la politique et de la démocratie comportent l’inclusion contre l’exclusion.
Donnons au débat politique et médiatique ses lettres de noblesse, loin des élucubrations et de la démagogie, loin des entreprises d’intoxication et de désinformation. Au nom de notre peuple et pour l’honneur de notre pays, au nom des intérêts vitaux de notre nation, restons toujours debout pour faire face à tous ceux qui, ayant perdu, tentent de remettre en cause l’expérience démocratique en cours. Ils veulent défier l’autorité de l’État et des institutions de la République. Nous avons l’obligation d’être les sentinelles de l’État de droit, des Institutions de la République et les Principes de la Démocratie.
C’est, une fois de plus, l’occasion de magnifier le leadership de notre Parti. Dans un contexte difficile, il a émergé pour défendre la République et résister aux tentatives de remise en cause de notre démocratie et de l’État de droit. Avec méthode, détermination et humilité, il a conduit l’opposition que nous étions alors au pouvoir.
C’est également avec méthode et efficacité qu’il a soutenu la conception de notre stratégie de développement admirablement mise en perspective dans le PSE tout en faisant face aux urgences et en assumant, au nom de la continuité de l’État, le lourd héritage qu’il a trouvé.
C’est avec la même rigueur et le même esprit d’engagement pour le Sénégal qu’il appuie toutes les initiatives pour le repositionnement stratégique note pays sur la scène internationale et notre présence partout où se décident les destinées du monde.
En raffermissant notre unité, en renforçant notre discipline et en restant mobilisés, nous exaltons davantage le leadership du parti. Nous accomplissons aussi des actes courageux de générosité.
A toutes les militantes et militants, j’adresse mes salutations fidèles et fraternelles’’.
MACKY SALL, PRESIDENT DE L’ALLIANCE POUR LA REPUBLIQUE