Dakarmidi – A l’issu du premier tour de l’élection présidentielle, je crains que la France n’est pas encore sortie de l’auberge du clivage droite/gauche.
Ce clivage est bien en train de s’installer.
Ce qui, par contre, a été sanctionné, c’est la typologie artificielle créée et entretenue dans les grands médias Français de la scène politique Française, en extrême Droite, Droite républicaine, Gauche (sous entendant le Parti Socialiste ), extrême Gauche, (sous entendant le Parti de Gauche et le Parti Communiste, et divers Trotskystes).
Mais pour les Français, il y a bien une Droite souverainiste, incarnée par le FN, Une Droite républicaine, incarnée par les Républicains, dont une aile, sous la bannière de Sakozy, s’inclinait vers la Droite souverainiste, une Gauche, incarnée par le Parti Communiste, le Parti de Gauche et le Parti Socialiste, dont une aile représentée par Hollande, Walls et Macron, s’inclinait vers la Droite Républicaine.
Au résultat des Elections, le Parti Socialiste a payé pour sa dérive droitière, les Républicains, par leur dérive vers la Droite souverainiste, et la Gauche à cause de sa division en deux camps, celui incarné par Méllenchon et celle incarnée par Hamon.
C’est ainsi que les deux finalistes incarnent en fait la polarisation de la France entre,
– d’une part, une Droite recomposée autour de Macron soutenu par Walls , Hollande, et les Républicains, toutes tendances confondues, pour défendre la mondialisation libérale avec ses traités de libre échange, et sa nature impérialiste belliciste, l’Union Européenne libérale et ses directives, le démantèlement des acquis des salariés dans le Code du Travail, et,
– d’autre part, la Droite souverainiste anti mondialiste libérale, anti Union Européenne libérale, contre les guerres impérialistes, contre les délocalisations, contre le démantèlement des acquis des salariés dans le Code du Travail.
Ces deux positions antagoniques sont en fait l’expression, aujourd’hui, des contradictions entre la Droite et la Gauche, l’une pour défendre le capital financier qui régente le monde, tandis que l’autre incarne la défense des salariés, des couches sociales et des peuples, victimes de la mondialisation libérale.
C’est ce virage historique que vit, aujourd’hui, le peuple Français, que les grands médias tentent d’occulter en faisant croire à la fin du clivage gauche/droite dans ce pays.
Ce combat de la Droite souverainiste, longtemps estampillée extrême Droite pour l’éloigner du camp des progressistes, a rejoint, aujourd’hui, celui que la Gauche a toujours incarnée.
Par contre, ce qui oppose cette Droite souverainiste à la Gauche, ce sont les questions sociétales, dont l’immigration, alors que ces questions rapprochent la Droite souverainiste et la Droite recomposée autour de Macron, avec l’apport des Sarkozystes.
Dans cette situation, B. Hamon a privilégié les questions sociétales pour se démarquer de la Droite souverainiste, pour s’aligner derrière la Droite recomposée sous l’égide de Macron, en renonçant ainsi à la légitimité que la gauche socialiste lui avait conférée en faisant de lui son Candidat à la place de Walls, pour ses dérives libérales.
Méllenchon, par contre, a décidé de consulter ceux qui ont soutenu sa candidature pour trancher entre les questions sociétales sur lesquelles il s’oppose à la Droite souverainiste, et les questions économiques, sociales et politiques que la mondialisation libérale pose au peuple Français, et qui les rapprochent de la Droite souverainiste.
C’est à ce même dilemme auquel faisait face Sireza, devant les défis que la mondialisation libérale et l’Union Européenne posaient au peuple Grec, à la suite de la déconfiture du Parti socialiste et de la Droite à l’issu des Législatives de l’époque.
Comme quoi, le premier tour de l’élection présidentielle en France de ce 23 Avril 2017, n’est que la « répétition » des Législatives grecques qui ont mis le Parti Socialiste et la Droite hors de course dans l’échiquier politique, et qui ont fait basculer le peuple grec dans le camp de la Gauche alliée aux souverainistes.
Donc, ce qui est en train de se passer en France, n’est inédit ni en Europe, ni en Afrique, où au Sénégal, en Février 2012, au premier tour de l’élection présidentielle, la Gauche composée du Parti Socialiste, et de BSS, ont été disqualifié pour aller au second tour, comme le sont aujourd’hui, en France, Hamon et Mellenchon, pour les mêmes raisons de divisions.
De même, au second tour, le parti de Droite néolibérale, pro mondialiste libérale, le PDS, connaissait le même sort que le Parti les Républicains en France au premier tour.
Sireza a dû s’allier à la Droite souverainiste pour organiser la lutte du peuple Grec, de même qu’au Sénégal, la Gauche dût s’allier aux « Républicains nationalistes » pour résister à la mondialisation libérale.
La « France insoumise » succombera- t- elle, comme Hamon, aux préjugés historiquement collés au FN sans voir sa transformation en une Droite souverainiste sous M. Lepen, qui a valu à ce parti, le soutien des salariés et des couches populaires ?
La « France insoumise » se soumettra- t-elle au Capital financier international et à ses guerres impérialistes, au prétexte de se démarquer de l’extrême Droite, étiquette collée au FN d’aujourd’hui et entretenue par les grands médias ?
Les partisans de Mellenchon et les diverses forces qui se réclament de gauche anti libérale sont gravement interpelées !
Ibrahima SENE
PIT/SENEGAL
Dakar le 24 Avril 2017