Dakarmidi – Le Président Macky Sall a bien des chantiers sur lesquels le peuple sénégalais l’attend, après cinq ans. La question de l’extraversion de notre économie avec en conséquence une croissance jugée artificielle est à résoudre rapidement. Le Sénégal ne peut en effet se passer d’acteurs économiques nationaux et d’entrepreneurs capables de réaliser les projets et autres chantiers pour l’émergence. Les compétences techniques et le savoir-faire sont là.
Il ne reste plus qu’à promouvoir l’expertise locale, surtout que les banques d’affaires ont pignon sur rue, et la signature de notre pays est toujours crédible, s’il s’agit de mobiliser les ressources publiques pour le financement des chantiers à grande échelle lancés par le régime mackyen. Sans un secteur privé national fort, avec un tissu de PME dynamiques, il ne peut y avoir de croissance durable qui puisse générer de la richesse nationale. Au vu du montage financier des projets réalisés, il va sans dire que la disponibilité des ressources financières à des taux préférentiels induit un droit de privilège pour les entreprises des pays bailleurs, mais n’empêche, l’Etat a légitiment les moyens de négocier un partenariat gagnant-gagnant entre elles et nos acteurs, avec à la clef un transfert stratégique de technologie sans lequel la dépendance sera encore en cours pour longtemps ! Par ailleurs, au vu de la domination du secteur informel sur notre économie, il urge de privilégier la préférence nationale pour certains projets et de mobiliser les ressources nécessaires au relèvement technique des équipements de nos artisans dont le talent ne souffre d’aucune contestation.
Booster la production artisanale, c’est injecter des capitaux dans un secteur fortement pourvoyeur d’emplois, c’est tout de suite mobiliser des acteurs économiques dont les ressources financières sont entièrement dépensées au Sénégal. En conséquence, c’est produire de la croissance intrinsèque qui impactera directement sur le vécu des populations et entrainera alors par un effet papillon un relèvement du niveau de vie de cette classe moyenne frappée en plein fouet par la crise ambiante due à l’absence de commande publique. L’exploitation de nos richesses naturelles est une question à prendre sérieusement en charge. Il convient de rendre compte sur la traçabilité des ressources financières générées, à tout le moins.
Les populations doivent sentir l’Etat à leurs côtés pour que la responsabilité sociétale des entreprises qui s’en enrichissent soit une réalité tangible, et nos pouvoirs publics eux aussi doivent veiller à assurer une répartition équitable de ces retombées financières, afin que les populations impactées par la mise en valeur de leurs terres soient rétribuées à la hauteur du préjudice subi, en termes d’impacts négatifs pour l’environnement et autres nuisances. Au plan agricole, il est temps de finaliser la syndicalisation des paysans, et de les préparer d’ores et déjà à faire face aux mutations profondes induites par les décisions politiques prises par nos président africains au premier rang desquels le Président Macky Sall ; en effet, les accords ACP-UE ouvriront nos marchés à des produits hautement complétifs qui risqueront d’éliminer nos paysans de plusieurs filières à forte valeur ajoutée.
Quelle politique alors ? Renforcer leur autonomie en mettant directement à leur disposition et les subventions de l’Etat et des lignes de crédits préférentielles auprès des banques agricoles, organiser les filières porteuses et mettre en place grâce à un partenariat public-privé dynamique des véritables chaines de valeur de nature à dynamiser nos productions pour leur ouvrir de nouveaux marchés qu’ils pourront conquérir. La question de l’accès à l’eau est vitale : réaliser le Canal du Cayor à cet effet me semble bien plus pertinent que de construire une usine de dessalement d’eau de mer. il y a tellement de retombées bénéfiques liées à la réalisation de ce Canal : sauver Saint-Louis des eaux, reverdir le Ferlo et fixer les troupeaux pour une intensification de l’élevage grâce à un accès illimité à l’eau et à des pâturages à longueur d’année, une relance de l’agriculture qui cessera d’être saisonnière sur toute l’étendue du territoire national, réintroduire la culture rizicole jusque dans le Sine des années d’enfance de nos mères, quand elles accompagnaient nos grands-mères sur leurs rizières, réhabiliter le maraichage dans le Baol qui en retrouvera son lustre d’antan quand la capitale de la production maraichère était Diourbel d’où le nom de la place forte de ce commerce à Dakar, simplement baptisée « Marché Ndiarème » ! Et il ne sera plus besoin d’ailleurs d’aller jusqu’à Dakar pour écouler cette production retrouvée, car un formidable pôle de consommation est juste à côté : Touba !
Touba justement dont les besoins croissants en eau seront réglés par le Canal du Cayor. Sur les plans de l’Education et de la formation, les chantiers ouverts sont certes ambitieux, mais l’atteinte des objectifs dans ce secteur primordial pour notre pays est freinée par des contraintes objectives bien identifiées sur lesquelles l’Etat ferme pudiquement les yeux jusqu’à présent. Les conséquences de cet état de fait se font sentir, indubitablement. L’Education ne marche plus chez nous. Le public est en crise. Et le ministère de l’Education a opté pour la fuite en avant : construire des salles de classes ne suffit pas à assurer la qualité.
Il y a d’autres facteurs endogènes qui ont été effleurés durant la parodie d’assises de l’Education convoquée il y a quelques années, et dont les conclusions ont été depuis rangées aux oubliettes. La réforme hospitalière doit être réformée : elle a contribué à faire exploser la dette des hôpitaux dont les budgets sont aussi négativement impactés par le retard dans le remboursement des prestations dont l’Etat a décrété la gratuité. Globalement, c’est la carte sanitaire du Sénégal elle-même qui devra être réactualisée.
Les chantiers sont donc nombreux. Espérons que les deux ans à venir seront consacrés à leur finition, et au parachèvement des grandes réformes dont la plus importante est l’Acte III de la Décentralisation, qui est en dormance, en attendant son évaluation sérieuse et le lancement de sa phase II. Encore une fois et pour finir, le dialogue politique pour aller vers des compromis dynamiques de nature à garantir la pluralité démocratique dans la sérénité est nécessaire. La compétition politique doit pouvoir se faire dans un esprit de saine adversité en effet, sans animosité. Car le plus grand capital à préserver est certainement la paix, chez nous.
Cissé Kane NDAO Président A.DE.R