Dakarmidi – Les dernières réunions du Comité de Suivi de la Refonte du Fichier électoral semblent être perturbées par la présence d’un groupe de « partis » qui se nomment groupe des « Indépendants ». Il importe de préciser qu’il ne s’agit, ni plus ni moins, que des sécessionnistes de la coalition « Mankoo Wattu Sénégal » qui portaient dès lors, le sobriquet de « Garmi Wattu Sénégal ». Jouant à fond la carte de la division, les Autorités et leur majorité mécanique sont tombées dans leur propre piège, en voulant admettre ce groupe de partis qui se dit « Indépendant ».
Or, le référendum du 20 mars 2016 avait consacré la validité des candidats indépendants dans toutes les élections législatives, présidentielles et locales. Ce faisant, ceux qui sont susceptibles d’être candidats indépendants auraient dû être admis dans le Comité de Suivi de la Refonte du Fichier électoral(Csrfe), sous le vocable du Groupe des Indépendants, ce qui ôterait à tout autre groupe de partis de se présenter sous cette appellation.
Mon ami Ousmane Badiane, Chargé des élections de la LD a voulu nous faire croire que du fait de la non ouverture du registre des candidatures, on ne peut savoir qui est indépendant ? Que si, mon cher ami ! Un tel argument serait opposable aux partis politiques dont on ne sait pas à l’instant, qui sera candidat et qui ne le sera pas ?
Parmi les 230 partis politiques que compte le Sénégal, le tiers ne se présente jamais à aucune élection.
Donc, est candidat indépendant, tout Sénégalais éligible qui en exprime la volonté. Ce qui explique et justifie l’importance de leur présence dans le Comité de Suivi. La seule présence des partis politiques dans le Csrfe, me paraît, à la limite anticonstitutionnelle. Nul n’ignore que les partis politiques et les candidats indépendants ont des intérêts- à bien des égards- diamétralement opposés. Les partis estiment-à juste titre- que les candidats indépendants menacent leur cohésion voire leur existence.
A la suite de chaque investiture, plusieurs membres des partis politiques non investis développent des velléités d’indépendance et n’hésiteraient pas à se porter candidats indépendants face aux candidats de leurs partis. Ce qui pousse les partis à œuvrer au détriment des candidatures indépendantes. Je suis d’avis que le Président de la République n’est pas allé au bout de sa logique notamment sur deux points du référendum : les candidatures indépendantes dont on attend encore le décret d’application et le statut du chef de l’opposition, dont le mécanisme de mise en œuvre n’est même pas ébauché.
En soumettant ces deux points à la sanction populaire, le chef de l’Etat est tenu, sans chercher d’alibi quelconque, de faire appliquer ce qui est devenu, une disposition constitutionnelle. Inutile de rappeler que nos voisins de la Guinée Conakry et du Mali ont déjà codifié et attribué à qui de droit, le statut du chef de l’opposition. Il ne s’agit pas d’invoquer le refus de l’opposition de faire ceci ou cela, car le chef de l’Etat n’a pas suivi, ni écouté cette opposition pour ce qui concerne les autres points, votés lors du référendum du 20 mars 2016. En sa qualité de Président de la République, il est responsable de respecter et de faire respecter les dispositions constitutionnelles.
A moins de six mois des élections législatives, les candidatures indépendantes comme celles partisanes nagent dans un flou total, à cause des calculs politiciens qui entachent véritablement notre démocratie et l’empêche de grandir. C’est désolant de constater que durant la mandature du Président Macky Sall, les règles du jeu d’aucune élection n’ont été définies au moment opportun. Les tergiversations sur la date des législatives en disent long.
Pour revenir sur la présence du Pôle des « Indépendants »partisans, il faut dire que le ministère de l’Intérieur s’est laissé piéger par le jeu sémantique de ce groupe qui, en fait, aurait pu rallier celui des non-alignés (non coalisés, plus exactement) si tant est qu’ils voudraient mettre en exergue leur non-appartenance à aucun des deux groupes (majorité et opposition) ! Cette politique abjecte de « diviser pour régner », téléguidée par les différents pouvoirs qui nous ont gouvernés, est assurément à l’origine de la multiplication cancéreuse des partis politiques et des syndicats des travailleurs au Sénégal.
N’est-ce pas le pouvoir, qui encourage aujourd’hui la multiplication des coalitions dont l’objectif, au départ, était entre autres, de diminuer, en les regroupant, le nombre des interlocuteurs ? La politique de noyautage et de dribble que pratiquent les tenants du pouvoir finit toujours par leur retomber sur la tête, mais le fort des pouvoirs est de ne jamais retenir les leçons du passé… C’est pourquoi leurs chutes se suivent et se ressemblent !
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien Ministre des Affaires Religieuses