Cette modeste contribution se fonde sur deux principes fondamentaux dont l’un est assurément à la base de toute Nation. C’est le caractère sacré du principe de la défense des biens et des personnes vivant dans un État organisé.
Cette mission incombe à l’État et à ses instruments que sont les institutions.
À l’accomplissement de cette mission, chaque citoyen devrait contribuer dans la limite de ses moyens et des barrières infranchissables définies par l’Etat.
Le second principe est que la liberté de chacun s’arrête là où commence celle de l’autre. La liberté d’entreprendre, de construire, de fabriquer, de concevoir n’est pas au-dessus de celle de vivre en paix dans son pays.
Au nom de ces deux principes, je voudrais très humblement inviter mes compatriotes à contribuer à lutter contre l’émigration dite clandestine dont le bilan morbide dépasse, selon les médias, des dizaines de milliers de morts d’êtres humains.
Un grand penseur avait soutenu que l’humanité ne se pose que des questions qu’elle peut résoudre. Ce fléau qu’est l’émigration n’est pas un phénomène naturel pouvant être considéré comme un cas de force majeure. Il n’est ni imprévisible, ni insurmontable, ni inéluctable.
J’ai même l’intime conviction qu’il est prévisible, surmontable et que l’on peut l’empêcher. C’est dans cette direction indiquée par le savant précité que je voudrais, très modestement et humblement, proposer ce qui suit.
Première idée
Les milliers de personnes qui s’adonnent à cette pratique dramatique et lourde de conséquences empruntent des pirogues de grande capacité (pouvant transporter de 100 à 300 personnes).
Décidons donc, par une loi ou un décret, que la construction de toute embarcation pouvant transporter X personnes et les emmener en Europe et ou aux États-Unis sera soumise à autorisation préalable. L’autorisation sera délivrée par l’autorité administrative (à préciser dans l’acte juridique) avec l’avis conforme du comité de gestion du quai de pêche (à créer s’il n’existe pas sous cette forme ou une autre).
Le comité de gestion du quai de pêche sera mis en place dans chaque quai ou chantier naval du pays. Il aura une composition paritaire. Y siégeront notamment :
– des pêcheurs
– des charpentiers
– des femmes vivant dans la localité.
Composé d’un nombre limité de membres (4 à 6), le comité sera doté d’un petit budget permettant de verser une petite indemnité mensuelle à chaque membre et d’assurer son fonctionnement.
Seconde idée
L’acte juridique qui sera pris pour mettre en place cette organisation devra comporter des sanctions dissuasives dirigées contre :
1. les personnes qui financent les instruments de mort que sont ces embarcations géantes destinées à ce trafic illicite et criminel ; les pirogues traditionnelles ne sont évidemment pas concernées.
2. les charpentiers qui sont des complices si la commande n’est pas accompagnée de l’autorisation exigée.
3. les membres du comité de gestion si l’autorisation délivrée est une autorisation de complaisance.
Conclusion
Je crois très sincèrement qu’un tel système pourrait donner des résultats satisfaisants. Son coût financier serait insignifiant comparé aux énormes dépenses qu’engage l’État en cas de catastrophe dans la recherche et le sauvetage des survivants, et même dans le repêchage de corps sans vie et l’assistance apportée aux familles endeuillées.
Cette dépense doit même être considérée comme tout à fait légitime si l’on prend en considération l’énorme douleur que les pertes en vies humaines font subir aux parents des victimes et à toute la population sénégalaise.
Je souhaite vivement que cette contribution soit utile et puisse participer à préserver des vies humaines.
Saliou SARR
Administrateur Civil à la retraite
Grand-Croix de l’Ordre National du Lion
Dakar
PS : Que Dieu fasse que cette contribution n’ait pas le même sort que celle que j’avais faite dans le cadre de la recherche de solution à la baie de Saint Louis, c’est-à-dire l’oubli.