Dakarmidi – Selon Ousmane Tanor Dieng, « le PS n’est pas en crise. C’est juste une incompréhension. C’est du dehors qu’on pense que la maison va brûler ou que ça va sauter. Mais finalement, vous vous rendez compte qu’on retombe sur nos pieds ». Et l’homme du Congrès du 16 Mars 1996 de conclure que « ce n’est pas grave ».
La réplique est une pique inintelligente et encore maladroite, comme toujours. Ousmane Tanor Dieng semble oublier que le PS ne traverse pas une crise, mais vit une tragédie dont le responsable historique est Abdou Diouf qu’il louait et qu’il a rayé en faveur de Macky Sall et la source principale est son accès forcé et outré, lui Ousmane Tanor Dieng, à la tête de l’appareil socialiste. Les Sénégalais ne sont pas amnésiques.
Homme d’Etat chevronné, produit de l’ENA et de l’Ecole Supérieure des Travaux publics, l’ancien Premier Secrétaire du PS, parti qu’il n’aurait intégré timidement qu’en 1988, devenant Membre du Bureau politique et conservant ses fonctions de Directeur de Cabinet de Diouf, Ousmane Tanor Dieng ne connaissait que la Haute Administration pour avoir été Conseiller diplomatique de Senghor, puis de Diouf.
Disposant de la confiance de celui-ci et de moyens consistants, il connut dans l’UPS, devenu PS, un parcours fulgurants, passant de Secrétaire général de la Coordination départementale de Mbour, à Secrétaire général de l’Union des Coordination du même département, avant d’arriver à la tête de l’Union régionale de Thiès. Celui que Macky Sall a installé au sommet du Haut Conseil des Collectivités Territoriales, dont les Sénégalais cherchent le siège en s’interrogeant sur son utilité, reste encore à la tête du PS dont la défaite historique de 2000 porte amplement sa responsabilité.
Ingénieux homme d’Etat, sombre homme politique
Ousmane Tanor est un brillantissime homme d’Etat. Mais son manque de charisme, d’habilité, d’attirance dans le champ public et ses hiatus oratoires, font de lui un véniel homme politique incapable de porter au loin le PS, parti qui, sous sa direction, sanglote, sanglote et sanglote, aurait dit Senghor.
Le PS n’a jamais retrouvé son élan d’antan avec Ousmane Tanor Dieng. C’est un fait et on ne peut rien contre un fait. Ceux qui l’aiment, le soutiennent et se montrent même prêts à mourir pour lui et au nom de lui, savent bien, dans le secret de leur intimité, que cet homme peine à convaincre d’une éloquence irrésistible et d’un charisme qui galvanise et porte de l’avant. Il a énormément de limites pour rendre à Me Lamine Gueye, Senghor, Valdiodio Ndiaye, Dia Mamadou, Joseph Mbaye, Alioune Tall, leur œuvre historique et a des lacunes pour réaliser le rêve de ces nombreux jeunes qui ont accouru, après 2000, non vers lui, mais vers la Maison du Parti pour un Sénégal réuni autour de l’idéal socialiste et humaniste qui demeure au cœur de la civilisation nationale.
Mais la Maison brûle, s’éteint et reprend du feu avant de voir des camarades marcher sur des braises et des fournaises dans une jachère de renoncement et de reniement qui trahit le rêve de toute une écrasante majorité de jeunes socialistes qui refusent que leur rêve ne soit ni utopie, ni chimère, dans un Macky à quitter ou dans lequel se fondre et se confondre.
Une crise interne qui mène au péril externe
Le PS fut, pourtant, un parti d’une attirance exquise, d’un dynamisme inégalable, d’une performance électorale atavique, d’une mobilité incomparable et d’une dimension dialectique étonnamment magistrale. Elle fut simplement une rose. Mais la rose s’est fanée aux mains de Ousmane Tanor Dieng et de la tanorie, comme ce fut le cas de la miterrandie. Alain Peyrefitte ne le démentirait jamais !
Le PS vit une crise spectaculaire et il faut manquer de responsabilité et avoir peu d’imagination pour minimiser ou banaliser ce drame. Quand entre camarades d’un parti ayant une histoire unique et dont l’avenir est tristement hypothéqué, il y a incompréhension, comme le dit M. Dieng, SG du PS, c’est parce que les responsabilités qui sont partagées sont des torts qu’il faut assumer.
Ceux qui se sont accommodés de Ousmane Tanor Dieng en mars 1996, le défendant contre vents et marées, jusqu’à amener des technocrates à alimenter une dynamique publique en son nom comme ce fut le cas avec ce si tristement atrabilaire Mouvement OTD, ont cru avoir en face de lui un Traceur de Destin et un invincible gagnant de grandes batailles. Mais les revers politiques se sont succédé aux dégringolades électorales, alimentant désillusions, agacement et déconvenues, poussant le parti à se vider de l’essentiel de son contenant malgré un contenant vide.
Voilà ce qu’est le PS actuel, un PS que l’APR récemment née dépasse de loin et sert d’hospice de vie et de survie pour la tanorie jamais assouvie !
Le Piroguier (Rewmi)