Dakarmidi – Barack Obama a fait un bilan de la lutte anti-terroriste aux Etats-Unis sur la base de Tampa en Floride. Le président sortant a défendu son bilan et sa stratégie, mettant en garde ceux qui promettent d’anéantir le terrorisme en un rien de temps. Une allusion très claire aux propos de campagne de son successeur Donald Trump, à qui s’adressait manifestement ce discours d’adieux.
Barack Obama est fier du travail accompli. Il assume ses choix stratégiques : le retrait des troupes américaines d’Irak et d’Afghanistan, la diplomatie parfois plus efficace que la force, l’accord sur le nucléaire iranien, l’emploi des drones, la torture bannie des centres de détention, et le respect des lois de la guerre. Jamais le nom de Donald Trump n’a été prononcé, mais ce bilan avait des airs de mise en garde à son successeur.
Barack Obama a attaqué point par point les propos de campagne du président élu, ses promesses de ficher les musulmans, de fermer l’entrée des Etats-Unis aux réfugiés syriens, sa tentation de rétablir la torture et de museler la presse et ses déclarations sur le réchauffement climatique qui n’est qu’un canular. « Les terroristes ne parviendront jamais à détruire les Etats-Unis, a expliqué Barack Obama, mais nous pouvons parfaitement nous anéantir de l’intérieur si nous ne respectons pas nos valeurs. »
Et le président américain de poursuivre : « Dans cette guerre, nous devons protéger les libertés civiles qui nous caractérisent. Les terroristes veulent nous monter les uns contre les autres. Si nous nous lançons dans une guerre entre les Etats-Unis et l’islam, nous n’allons pas seulement perdre plus d’Américains, mais nous allons oublier les principes que nous avons juré de défendre. Je souhaite que mes adieux en tant que commandant en chef vous rappellent ce pour quoi nous combattons. L’Amérique n’est pas un pays qui impose des tests religieux comme chemin vers la liberté. L’Amérique n’est pas un pays où certains citoyens sont plus suspects que les autres, ont une carte d’identité spéciale, et doivent prouver qu’ils ne sont pas des ennemis de l’intérieur. Nous sommes une nation qui s’est battue contre ce genre de discriminations, et contre l’arbitraire. Le droit fondamental de dire ce que vous pensez, de vous exprimer contre l’autorité, de critiquer notre président, sans conséquence, c’est ce qui nous différencie des tyrans et des terroristes. »
Personne ne sait si Donald Trump était devant son écran de télévision.
La menace terroriste persiste
« Nous cassons les reins de l’État islamique, ils n’ont plus de refuge et nous avons accompli cela en dépensant 10 milliards sur 2 ans, a déclaré Barack Obama. C’est ce que nous dépensions en un mois au plus fort de la guerre en Irak. Mais dire que nous avons fait des progrès ne signifie pas que la mission est accomplie. La menace persiste. Et cette menace de mort va nous hanter pour les années à venir. Dans de trop nombreux pays, surtout au Proche-Orient, c’est l’anarchie, et cela couvait depuis des décennies. Et cela a libéré des forces que nous allons mettre une génération à anéantir. La corruption ronge trop d’Etats de l’intérieur, l’État de droit s’effondre, les conflits ethniques font rage, les changements climatiques exacerbent la lutte pour la survie. Ces terroristes ne pourront jamais vraiment détruire notre mode de vie, mais nous pouvons nous anéantir nous même, si nous perdons de vue ce que nous sommes, et les valeurs sur lesquelles nous avons fondé cette nation… »
Auteur: RFI.FR – RFI