Les diatribes incessantes, le règne des querelles scolastiques et byzantines et parfois les bagarres ternissant l’image de la précédente législature, nous avaient contraint d’écrire une chronique intitulée « Quelle assemblée avons-nous ? ». Celle que nous vivons aujourd’hui, la quatorzième du genre, s’embourbe dans la démesure, ternissant l’image d’un pays longtemps considéré exemple de sérénité, de bon sens et d’entente cordiale. Hélas, ce qui se passe à l’assemblée depuis son installation, nous oblige à déchanter et à nous couvrir de honte. Les injures, les quolibets, les insanités, les violences verbales et physiques ont installé au sein de l’hémicycle, la désolation et le ridicule qu’entretiennent quotidiennement les députés.
La culture de la haine et du mépris s’érige en règle à l’occasion des séances toujours houleuses et même improductives. Si les choses doivent continuer ainsi, il serait compréhensible de dissoudre l’assemblée et d’aller vers de nouvelles élections conformément aux dispositions constitutionnelles. Il est inadmissible de laisser perdurer une telle situation qui, si l’on n’y prend garde, risque d’entraîner le pays dans la dérive et la déchéance. Dans une assemblée où l’on arbore les brassards rouges, où personne ne se respecte et ne s’écoute, où le président est constamment mis à rudes épreuves qui le fragilisent, aucun travail positif ne peut s’y produire.
À l’heure actuelle, je ne connais pas de sénégalais qui se reconnaissent dans cette assemblée qui a revêtu les habits d’un agglomérat d’hommes et de femmes désunis, chacun plaidant pour sa chapelle et rien d’autre. Il est temps que les sénégalais se ressaisissent si nous ne voulons pas être condamnés par le tribunal de l’histoire. Je ne jette l’opprobre sur personne car, à mon humble avis, nous sommes collectivement responsables.
Majib Sène