Les sénégalais de ma génération se souviennent de la campagne contre le bruit qu’avait décrétée le Président de la République, Léopold Sédar Senghor. Une bande d’annonce préenregistrée avait été conçue par Radio Sénégal, avec une diffusion régulière toutes les deux heures, surtout à la tombée de la nuit : « Diminuez le volume sonore de votre poste radio, cela contribue au confort mental et psychologique », disait l’annonce. De la sorte, chaque Sénégalais prenait le soin de ne pas troubler le sommeil du voisin. Mais de nos jours, les nuisances sonores règnent sans partage dans presque tous les quartiers de la capitale, à longueur de journée et de nuit.
Tous les espaces sont pratiquement occupés par des étales et chaque étale se fait le plaisir de monter des hauts parleurs pour épater la clientèle. Il arrive également que presque dans chaque quartier, les routes soient barrées pour les besoins de baptême, de funérailles, de chants religieux ou simplement de tam-tam. Et dans chacun de ces événements, Les hauts parleurs rivalisent avec des sonorités stridentes. En plus de ces inconvénients, s’ajoutent le surnombre des véhicules avec leurs moteurs agonisants, les Jakarta polluant à tout bord, avec des klaxons intempestifs, déversant un cocktail de fumée qui pollue toute l’atmosphère.
La nuisance sonore n’est rien d’autre qu’un fléau qui abîme nos cerveaux, en plus de provoquer des troubles psychologiques, difficilement guérissables. C’est la raison pour laquelle, il urge de prendre des mesures énergiques pour endiguer un tel fléau. C’est un travail qui incombe aux responsables de l’environnement et du cadre de vie, dont les actions et initiatives combinées, seront de nature à provoquer le bien-être auquel nous aspirons.
Dakar est confronté à un problème récurrent de pollution de toutes sortes, sans compter l’immense tapis de poussière en provenance du désert mauritanien qui l’enveloppe pendant une bonne partie de l’année. S’y ajoute l’assainissement qui nécessite une politique plus hardie, dont le « Sét-sétal » mensuel encouragé par le Chef de l’État peut à long terme, constituer une solution intermédiaire.
On ne peut pas nier les efforts qui sont déployés à ces niveaux pour l’embellissement de Dakar, dont la croissance démographique s’accélère d’année en année. Les espaces verts font cruellement défaut, en plus des menaces d’occupation qui pèsent sur le site qu’on appelle le « Poumon Vert de Dakar ». Les écologistes qu’on entend de moins en moins, doivent sonner l’alerte et entreprendre des actions susceptibles de protéger durablement ce fameux site.
Il est indéniable que Dakar étouffe de plus en plus sous le poids de ses habitants dont la plupart ne respectent ni hygiène de vie, ni comportement civique, ce qui en réalité, ne présage rien de bon. Il suffit de se promener ça et là, pour s’en rendre compte, toujours le cœur meurtri.
Malgré les efforts déployés pour pérenniser la propreté, on constate dans la plupart des quartiers, pour ne pas dire tous, les tas d’immondices qui jonchent les rues, sans compter la divagation d’animaux domestiques au vu et au su de tous. C’est la raison pour laquelle la délocalisation de beaucoup de services administratifs à Diamniadio et d’autres infrastructures publiques et même privées est à saluer. Dans le cadre que voilà, Diamniadio et environs peuvent préfigurer la naissance d’une nouvelle capitale sénégalaise dans l’avenir.
Il revient à chacun d’entre nous, de se soucier de l’environnement et de faire de son mieux pour éviter sa dégradation. Une vie paisible repose principalement sur trois piliers fondamentaux à savoir, une bonne hygiène, un assainissement adéquat et moins de pollution sonore. Nous sommes encore loin de ces exigences pour réussir une vie adaptée à ces normes. Une campagne de sensibilisation est plus que jamais nécessaire, car il y va de notre bonheur individuel comme collectif.
Majib Sène