Malgré l’adoption de plusieurs conventions internationales relatives à l’amélioration de la
condition des femmes ainsi que la tenue de nombreux séminaires et autres ateliers de
renforcement de capacités des femmes leaders, le chemin est encore long au Mali. Beijing
+25 vient sonner comme une piqûre de rappel pour toutes les parties prenantes et ceci à
tous les niveaux afin d’identifier les blocages et œuvrer ensemble à la quête de solutions
pérennes.
Depuis la rencontre de Beijing en 1995, nous femmes du Mali, nous sommes engagées pour
l’atteinte de tous les objectifs en lien avec la Promotion de la Femme, de la résolution 1325
des NU en passant par les OMD et y attelés les Objectifs du Développement Durable (ODD).
Je m’y emploie en ne ménageant ni temps, ni moyens de tout genre afin de convaincre et
faire adhérer mes paires à devenir des ambassadrices pour l’atteinte de ces objectifs.
Notre engagement pour la promotion et la protection des droits des femmes et des filles
nous a permis d’organiser beaucoup de foras (formation, information et sensibilisation) pour
permettre aux femmes et aux filles de s’intéresser tant à la vie associative que politique.
Nous avons organisé au cours des années plusieurs ateliers pour renforcer les capacités des
femmes et des potentielles candidates pour qu’elles puissent mieux aborder les élections en
matière de code des collectivités territoriales, de processus électoral, de préparation à la
candidature, de technique de mobilisation des ressources (matérielles et financières), de
textes fondamentaux régissant les élections, de stratégies de communication, de messages
de campagne et enfin d’élaboration d’un programme de campagne. Nous avons également
mené des séries de plaidoyer voire de lobbying, de formation, d’information et de
sensibilisation dans ce sens
L’adoption et la promulgation de la loi N° 2015 – 052 du 18 décembre 2015 instituant des
mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives par
les autorités de la république et de son décret d’application n’a pas tout résolu. Le combat se
poursuit pour veiller strictement à son application par les autorités administratives et
politiques du pays.
En tant que femme politique, porte-parole des femmes des partis politiques, nous avons
contribué à l’émergence politique de la femme et de la fille comme électrice et candidate
éligible. Nous avons également fortement influencé les politiques/programmes au Mali sur
l’émancipation de la femme. J’ai personnellement mené plusieurs actions de
coaching/monitoring des femmes rurales et urbaines en vue de maintenir le flambeau
toujours allumé et transmettre avec facilité le témoin aux jeunes.La synergie d’actions des femmes enclenchées à Beijing pour la promotion du genre et qui
continue à travers un appel au soutien des autorités des différents états aux différentes
recommandations de Beijing doit nécessairement reposer sur une veille autour de l’agenda
de la femme contre les discriminations et la volonté politique.
Quid des stéréotypes et autres formes de discriminations qui sont des pratiques qui
demeurent encore dans nos sociétés ? Les filles et les femmes continuent de subir le poids
des préjugés et des pratiques qui violent leurs droits et portent atteintes à leur dignité et à
leur intégrité : les violences physiques, sexuelles, et psychologiques, les mariages forcés et
précoces, l’excision etc. Ils limitent clairement les possibilités d’emploi et d’évolution des
femmes. Ils constituent des obstacles sérieux à la promotion des droits des femmes. A titre
d’exemple dans nos familles, l’éducation du jeune garçon est différente de celle de la petite
fille. Le garçon aura toujours des avantages par rapport à la jeune fille. Et que dire de ce
cliché social consistant à toujours considérer la femme comme « soumise » ? L’éducation de
la fille prône la soumission, et celle du jeune garçon prône la suprématie. Les corps de
métiers doivent être ouverts aux deux sexes. Le patriarcat comme mode de vie dans
certaines sociétés constitue un véritable goulot d’étranglement pour la promotion des droits
des femmes. Cette discrimination s’est répercutée sur les fonctions nominatives et électives
et même jusqu’aux emplois générateurs de revenus.
La jeunesse doit jouer un rôle de catalyseur dans ce combat pour l’égalité des chances
La jeunesse doit occuper une place de choix dans le débat sur l’égalité hommes et femmes.
Elle doit être l’assurance pour tous pays émergent surtout lorsqu’elle se donne en devoir, la
prise de conscience face aux contingences de gouvernance. Le rôle qui lui est dévolu est
d’assurer l’arbitrage générationnel et sexiste en vue d’équilibres porteurs d’espoirs. Il est très
difficile d’atteindre une égalité à tout point de vue entre homme et femme. Notre culture ne
le permet pas car nos us et coutumes ont impacté négativement sur une possible
émancipation de la femme. Même dans le ménage la femme est censée être «une servante»,
c’est l’homme qui a tous les droits et la femme n’a que des devoirs.
Un réel changement d’approche dans le système de l’éducation familiale et en appliquant les
pratiques coutumières positives peuvent modifier certaines pratiques devenues au fil des
années des croyances sociales. Jadis, quand la maman n’avait pas de fille, c’était le garçon qui
faisait toutes les tâches ménagères. Maintenant, cette pratique a tendance à disparaître. Il
faut revoir et éviter aussi les stéréotypes véhiculés dans les médias, dans les publicités
montrant toujours les filles en train de faire des travaux ménagers et jamais dans un bureau.
Il faut aussi encourager le maintien des jeunes filles à l’école, c’est un combat permanent.
Enfin, il faut une prise de conscience dans le respect de l’application de tous les textes et de
toutes les lois que nos autorités ont adoptées sans réserve.Grâce à l’implication des Etats, de la société civile, de la jeunesse et du secteur privé à l’instar
l’engagement de ces acteurs lors du Forum Génération Égalité de Paris , je demeure
convaincue que les droits des femmes seront respectés progressivement, et que les violences
à l’égard des femmes vont diminuer. Les femmes seront nombreuses dans les instances de
prise de décisions, le taux de représentativité des femmes sera élevé et le statut de la femme
va changer. En un mot la femme aura acquis tous ses droits et elle sera un véritable acteur de
développement.
Madame MAÏGA Oumou Dembélé
Porte-Parole du Cadre de Concertation des Femmes des Partis Politiques du Mali
Vice-Présidente du Comité Stratégique National Genre et Élection de la CEDEAO au Mali
Présidente de la Coalition pour la Promotion et la Préservation des Droits des Femmes au Mali.
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