Dakarmidi – Le stade Assane Diouf niché en plein cœur du célèbre quartier dénommé Reubeus, à cause de sa proximité avec la prison centrale de Dakar, ne cesse de faire beaucoup de bruits. Depuis sa démolition il y a quelques années de cela, les jeunes dudit quartier, soutenus par tous les sportifs Dakarois, avaient déclenché un vent de fronde pour s’insurger véhémentement contre cette démolition qui à leurs yeux s’apparente à un crime.
Ce stade, qui fait partie des terrains qui ont abrité les jeux de l’amitié de 1963, est le seul endroit, excepté Iba Mar Diop, où les jeunes de la Médina et même de la Gueule Tapée pouvaient mener leurs activités physiques et sportives. Ce stade porte le nom de Assane Diouf qui fut l’un des plus grands boxeurs Sénégalais de tous les temps, avait abrité sous les tribunes, plusieurs sièges de fédérations sportives en particulier celui du comité provisoire chargé de gérer la boxe, dirigée à l’époque par l’inspecteur général d’Etat, Félix Jouanelle.
Les championnats de football avaient transféré une partie de leurs compétitions pour désengorger Demba Diop et Iba Diop, les seuls fonctionnels et existants dans cet espace géographique. Même des hommes politiques, parmi lesquels le président Lamine Diack, enfant de Reubeus, avaient mêlé leurs voix à celles des jeunes, pour la restitution de ce bien à leurs ayants droit.
La désolation avait atteint son paroxysme avec la propagation de la nouvelle, selon laquelle le stade avait été vendu pour édifier en lieu et place, un centre commercial ultra moderne. Mais en 2020, au cours d’un conseil des ministres, le Président Macky Sall avait fait une importante déclaration annonçant qu’un stade de 20 milliards serait construit à Assane Diouf pour répondre positivement aux revendications des jeunes et faire taire pour de bon leur rancœur.
Mais tout récemment le journaliste Pape Alé Niang, document en mains a révélé que tout ou partie du stade aurait été vendu depuis le 4 décembre 2020 à « African Compagne Of Construction And Investment SARL » pour la dérisoire Somme de 85 millions de francs CFA. Voilà une nouvelle qui, si elle se confirmait, soulèverait des vagues dans tous les milieux sportifs. Dès lors, il urge que les autorités en charge de ce dossier éclairent notre lanterne pour éviter tous commentaires tendancieux, voire désobligeants de la part de tous ceux qui ont porté en bandoulière ce délicat problème.
Le manque ou la mauvaise communication peut engendrer des incompréhensions de nature à créer des malaises qui ne disent pas leur nom. Devant un tel imbroglio, nous sommes en droit d’exiger des explications sur l’évolution d’un tel dossier qui intéresse une bonne partie de la jeunesse Dakaroise.
Sportif que nous sommes, nous avons toujours plaidé pour des infrastructures en qualité et en quantité, car le sport est, et demeure un puissant atout pour forger un nationalisme intelligent et responsable.
La grandeur d’un pays ne se mesure pas seulement sur ses performances économiques, mais également sur les performances de ses sportifs. C’est la raison pour laquelle, chaque fois qu’on détruit un stade, c’est comme si on assassinait toute une génération de jeunes. Avec l’inauguration prochaine du Stade Olympique de Diamniadio et d’autres qui s’en suivront, nos sportifs toutes disciplines confondues, pourront surgir de l’ombre pour briser l’étau, en vue d’écrire des pages de gloire en l’honneur de ce grand pays qu’est le Sénégal.
Depuis les temps immémoriaux, des femmes et des hommes de qualité, ont sacrifié une bonne partie de leur vie pour donner à ce pays une image qui fait qu’on l’aime et le respecte. En 1988, à l’occasion des Jeux Olympiques de Séoul, le Sénégal était à l’honneur grâce à la médaille d’argent, remportée de haute lutte par El hadj Amadou Diaba, devenant ainsi une grande fierté nationale. Avec cette médaille olympique, Diaba venait d’inscrire sur les tablettes de la fabuleuse histoire du monde, le nom du Sénégal. Voilà qui justifie, on ne peut mieux, la nécessité d’investir sur les sportifs qui mis dans de bonnes conditions, peuvent permettre de faire de très bonnes moissons de gloire.
Majib Sène