En ce lundi 10 mai, journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions et alors qu’Emmanuel Macron présidait le 20e anniversaire de la loi Taubira ayant reconnu l’esclavage comme crime contre l’humanité, l’ancienne députée de Guyane a été invitée sur franceinfo à réagir sur la teneur de cette cérémonie.
Alors que, le chef de l’État a opté pour une commémoration sans discours, Christiane Taubira s’est étonnée de cette sobriété de la part d’un président de la République pourtant sensible aux questions mémorielles. En 2019, il avait d’ailleurs fait un discours dans les Jardins du Luxembourg.
“Un silence peut être solennel. Ceci étant, il est quand même édifiant de constater que le président de la République n’a rien trouvé à dire sur plus de deux siècles de l’Histoire de la France, alors qu’il y a cinq jours il faisait des gammes sur Napoléon Bonaparte”, a taclé l’ancienne ministre de la Justice de François Hollande. Elle rappelle que la période est compatible avec le “culte des héros”, habituellement observé par Emmanuel Macron.
“C’est une époque qui ne manque pas de figures héroïques”, a remarqué Christiane Taubira citant, entre autres, Toussaint Louverture, le colonel Louis Delgrès ou encore Solitude. Des personnalités “qui se sont battues contre le rétablissement de l’esclavage, et qui y ont perdu leur vie”. Et Christiane Taubira de tailler en pièces le discours prononcé par Emmanuel Macron à l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon.
“Poésie à quatre sous”
“Cette histoire, ce n’est pas une histoire de poésie à quatre sous, avec des rimes sur l’empire et le pire, et l’empereur et le meilleur, c’est une histoire de vie et de mort (…), une histoire d’humanité”, a-t-elle insisté, avant de conclure, amère: “effectivement, on peut ne rien avoir à dire sur cette histoire”.
À noter que Christiane Taubira n’est pas la seule à être gênée par l’absence de prise de paroles de la part d’Emmanuel Macron. L’historienne Myriam Cottias, directrice du Centre International de Recherches sur les esclavages et post-esclavages (CIRESC), a regretté sur Public Sénat le “silence” du président, jugeant que “le parallèle était fâcheux, quelques jours après la commémoration de Napoléon”.