Situé à quelques kilomètres du centre-ville de Mbour, Darou Salam Matlaboul Fawzeyni Keur Sokhna Bambi, le luxueux palais de la « Cheikhette coquine », luit sous les rayons du soleil. Ses belles tuiles orange éblouissent à mille lieues.
Indésirable à Ngabou (Touba) où elle célébrait d’habitude le grand Magal, Sokhna Aïda avait installé ses quartiers à Médinatoul Salam. Mais, là aussi, un arrêté préfectoral pointant des risques réels de confrontation avec le camp de Saliou Thioune, lui interdit toute manifestation. La veuve de Béthio a finalement invité ses disciplines à un « Magal chez soi » financé par elle-même.
L’appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Médinatoul Salam est le point de convergence de centaines de Thiantacounes qui viennent récupérer bœufs et condiments (sacs d’oignon, pomme de terre, bidons d’huile, cartons d’ail). T-shirts, masques et pendentifs à l’effigie de la cheikhette autour du cou, les disciples font la queue au foirail de fortune, pour récupérer le généreux présent. La gendarmerie veille au grain pour parer à toute éventualité.
À l’intérieur du vaste domaine de Sokhna Aïda Diallo, le comité d’organisation s’active à démonter les tentes qui avaient été érigés pour le grand événement. Les ustensiles de cuisine aussi sont retournés aux fournisseurs. La mort dans l’âme, motus et bouche cousue, les Thiantacounes se résignent à respecter le « ndiguel » de la veuve de Béthio qui s’est elle-même barricadée.